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Le Métamorphe prenait à sa guise n’importe quelle apparence. Enfermé dans l’obscurité avec ses seuls frères de race pour modèles, il n’avait pas pu utiliser pleinement ses pouvoirs, qui ne lui servaient pratiquement à rien dans sa prison. Mais ici, les possibilités étaient infinies. Il pouvait prendre l’aspect de n’importe quel être vivant, humain ou animal, quelles que soient sa forme, sa taille, sa couleur ou ses pouvoirs. Même le Dagda Mor n’était pas sûr de connaître l’aspect véritable du Métamorphe. Il aimait tant imiter les autres formes de vie qu’il passait le plus clair de son temps à ne pas être lui-même

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Le Dagda Mor savait qu’il risquait de perdre à nouveau sa liberté. S’il laissait un des Élus apporter la graine de l’arbre jusqu’à la source de son pouvoir, l’Ellcrys renaîtrait et la Barrière se dresserait de nouveau. Cela ne lui échappait pas. C’était même la raison de sa présence. Sans être sûr de pouvoir traverser la Barrière, il avait joué un jeu dangereux en utilisant tant de puissance. S’il avait échoué, il en aurait été très affaibli. Et des créatures presque aussi fortes que lui auraient saisi l’occasion de le détruire. Mais le pari était gagné ! Les elfes n’avaient pas encore mesuré l’étendue du danger. Pour le moment, ils se croyaient en sécurité, certains qu’une créature coincée derrière la Barrière n’aurait pas assez de pouvoir pour s’évader

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- J'y pense depuis soixante ans, certain qu'un jour ou l'autre je saurai ce qui se cache là-dedans. Comme devant une mare profonde : on se demande toujours ce qu'il y a au fond. Un type saint d'esprit ne perdrait pas son temps à réfléchir à des choses pareilles, et j'étais saint d'esprit, dans ma jeunesse, même si ce n'était pas l'avis de tout le monde. Maintenant, j'en ai assez d'être raisonnable. Assez de penser à y aller au lieu d'y aller ! - Hebel à Wil.

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"Les démons ne moururent pas et ils se multiplièrent. Le mal se nourrit de lui-même et devint puissant au point de créer de nouvelles vies. Car le mal, quand on le laisse tranquille, ne périt pas : il prospère. L'emprisonner n'est pas le détruire. Il grandit, plein de colère et de haine, jusqu'à ce qu'il finisse par se libérer." - Allanon à Wil.

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Hésitant, Lauren fit signe à ses camarades de le rejoindre. Prêts à poser des questions, ils avancèrent, les yeux levés vers l’arbre. Des branches s’abaissèrent et se posèrent sur l’épaule de chaque Élu. Alors, la voix de l’Ellcrys résonna dans leurs esprits.

— Écoutez-moi. Souvenez-vous de ce que je vous dirai. Ne me décevez pas.

Les jeunes gens frissonnèrent. Un silence de mort tomba sur les Jardins, comme s’ils étaient soudain les seuls êtres encore vivants au monde. Des séries d’images défilèrent dans leurs esprits, toutes exprimant une horreur indicible. S’ils l’avaient pu, les Élus se seraient enfuis et cachés jusqu’à ce que ce cauchemar soit terminé et oublié. Mais l’arbre ne les lâcha pas. Les images continuèrent à surgir et l’horreur augmenta jusqu’à l’extrême.

Puis le flot se tarit. L’Ellcrys se tut. Ses branches quittèrent les épaules des Élus et s’offrirent au soleil matinal.

Lauren resta pétrifié, des larmes ruisselant sur ses joues. Anéantis, les six Élus se regardèrent, la vérité résonnant toujours dans leurs esprits.

La légende… n’en était pas une. Les forces du mal étaient réellement retenues par la Barrière que générait l’Ellcrys. Lui seul gardait les elfes en sécurité.

Et il agonisait.

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Ils reprirent leur voyage à l'aube. Les forêts étaient toujours détrempées à cause des pluies de la veille, Maud sous le ciel bleu et dégagé, le soleil les accompagna sur leur chemin vers le sud, le long de la lisière de l'Anar. La plaine aride de Rabb se transforma en des terres herbeuses et vallonnées où une douce brise matinale charriait l'odeur appétissante des arbres fruitiers.

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-Je ne partirai pas avec vous...

-Vous le devez!

-Non! Je ne retournerai jamais à Aborlon. Mon foyer est ici, et ces gens sont mon peuple. J'ai fait mon choix.

-Votre foyer est là où vous voulez qu'il soit, concéda le druide. Et votre peuple est celui que vous choisissez... Mais parfois les responsabilités changent tout. Vous êtes la dernière des Elus, l'ultime espoir des elfes. Vous ne pouvez pas tourner le dos à ces responsabilités.

Amberle se leva et fit quelques pas.

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Le Dagda Mor s’arrêta à quelques centaines de pas des montagnes, dissimulé par l’ombre portée des sommets. Il saisit à deux mains le Bâton de Pouvoir et planta une extrémité dans la terre sèche et craquelée. Il baissa la tête, ses doigts se fermant autour du Bâton. Il resta ainsi sans bouger un long moment. Ses deux compagnons l’observèrent de leurs yeux qui brillaient comme des éclairs de lumière jaune

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Le Faucheur n’avait peur de rien. Un monstre qui se souciait peu de la vie, y compris de la sienne ! Il ne tuait pas seulement par plaisir, même s’il aimait cela, mais parce que c’était un instinct. Pour lui, prendre des vies était nécessaire. Dans les ténèbres, derrière la Barrière, coupé de toute autre forme de vie à part sa propre espèce maléfique, il avait parfois été presque impossible à contrôler. Le Dagda Mor avait dû le laisser tuer des démons mineurs, le calmant avec une promesse : quand ils seraient libérés de la Barrière, et ce jour viendrait, le Faucheur aurait tout un monde peuplé de créatures dont il pourrait faire ses proies. Il serait autorisé à les chasser et à les massacrer, si tel était son désir

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Il fallut quelques instants de plus au Dagda Mor pour repérer le Faucheur. Il le vit enfin, à dix pieds de lui, parfaitement immobile, guère plus qu’une ombre à la pâle lueur de l’aube, tache de ténèbres se détachant à peine sur le gris uniforme des plaines. Vêtu de la tête aux pieds d’une tunique couleur de cendres mouillées, le Faucheur était presque invisible, le visage caché par les ombres de son grand capuchon. Personne ne voyait ses traits plus d’une fois, car il le permettait uniquement à ses victimes. Et elles ne survivaient jamais 

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