Commentaires de livres faits par Sherlocked_666
Extraits de livres par Sherlocked_666
Commentaires de livres appréciés par Sherlocked_666
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Aussi, bien que cette série aborde des questions de genre et discute de la position sociale de la femme à travers la vie d'une héroïne forte et indépendante, celle-ci finit par s'enfermer dans une situation somme toute très caricaturale pour son époque - elle épouse un homme plus âgé car être une femme indépendante, oui, mais on ne devient pas une femme sans un bon mari. Il ne faut donc pas oublier que, contrairement à ce que certains laissent entendre aujourd'hui, ni Colette ni son héroïne n'étaient féministes - du moins pas dans le sens moderne du terme. On se retrouve bien avec une Claudine suffisamment intrépide pour jouer des coudes dans une société qui voudrait la museler, mais qui est tout de même consciente de la place qu'elle est supposée occuper. Et c'est vraiment frustrant par moments.
Ceci étant dit, je continue d'apprécier la plume de Colette et sa manière de mettre en lumière certains sujets tout en observant une forme de retenue et de pudeur, époque oblige.
À travers ce récit inspiré de faits réels, l'autrice entend dénoncer la politique profondément raciste qui a conduit à la stérilisation de patientes non consentantes, pour la seule raison qu'elles étaient noires et précaires. Comment de tels actes ont-ils pu être commis au grand jour ? Impossible de rester de marbre face à un tel sujet, d'autant plus que le débat est loin d'être terminé dans un monde qui considère toujours que, d'une certaine façon, certaines personnes "indésirables" ne devraient pas avoir le droit de procréer ou d'avoir une descendance.
Je regrette néanmoins une plume assez convenue par moments, alors que d'autres (comme les passages adressés à Anne) sont plus agréables à lire. En ce qui me concerne, j'ai surtout eu du mal à cerner la constitution de l'alchimie entre Civil et Mace. En fait, de manière générale, j'ai été gêné par la façon dont la culpabilité éprouvée par Civil venait guider ses relations personnelles. Et particulièrement la manière dont elle se comportait avec Mace. Mais ceci mis à part, je peux affirmer sans hésitation avoir passé un bon moment de lecture malgré le caractère profondément révoltant du sujet. Si les récits documentaires sont sans doute davantage instructifs sur le sujet, un roman comme celui-ci permettra sans doute de toucher un public plus large.
Cela dit, l'intrigue reste fort classique mais l'écriture de Colette, vive et pleine de verve, à l'image de la jeune Claudine, crée un cadre scolaire des plus authentiques. J'étais particulièrement impatient de découvrir la manière dont Colette avait choisi d'aborder les amours saphiques. Toutefois (et pour des raisons évidentes), l'expression de l'homosexualité n'est pas des plus explicites, malgré des indices qui peuvent sembler évidents mais qui peuvent aussi être interprétés comme témoins d'une amitié et d'une affection intenses. Finalement, on se retrouve ici face aux dynamiques complexes et parfois cruelles de l'adolescence, défiées par une Claudine rebelle qui n'hésite pas à remettre les normes en question.
Je suis donc fort curieux de voir comment ce drôle de personnage évoluera dans les prochains volumes.
Le concept est simple : nous suivons le voyage d'un père et de son fils à travers un monde dévasté. Avant toute chose, il faut reconnaître que ce récit propose une vision poignante de la survie dans un monde post-apo', et soulève à cette occasion des problématiques sérieuses quant à la nature humaine face au désespoir et à l'adversité : survivre oui, mais pourquoi et à quel prix ?
Néanmoins, malgré la touchante relation entre ce père et son jeune fils, je suis vraiment resté sur ma faim. L'histoire m'a paru stagner dès lors qu'elle ne bénéficie d'aucune réelle progression et souffre de l'absence de rebondissements. Les événements sont souvent prévisibles et le manque de développement du contexte et des enjeux qui y sont liés ne parvient pas à susciter un véritable intérêt pour le destin des protagonistes.
De surcroît, j'ai trouvé la plume de McCarthy très plate et lassante. Son approche minimaliste, ses phrases courtes, répétitives et presque dépourvues de ponctuation permettent certes de jouer sur la mise en scène du désespoir et de l'épuisement ambiant... mais rendent également la lecture très laborieuse. Ce n'est vraiment pas le genre de plume que je recherche habituellement, d'où mon sentiment à son égard.
En somme, une lecture qui ne me marquera pas par son propos mais plutôt par sa forme.
Pour être honnête, je pense que les commentaires extrêmement positifs que j'ai pu lire un peu partout ont contribué à rendre ma déception d'autant plus frustrante. On m'a promis de l'émotion, une gorge nouée, des larmes à n'en plus finir. Et bien qu'étant fichtrement facile à émouvoir je n'ai rien ressenti de tout cela, si ce n'est un léger pincement au cœur en lisant les deux dernières pages.
Le style d'écriture du roman n'a pas su me convaincre et a sans doute été un frein à toute émotion. Trop simple, trop descriptif, trop expéditif, trop fade. Et trop de dialogues, aussi. Où sont passés le verbe épique et la plume poétique si propres au genre ? L'écriture de ce roman, si elle reste facile à lire, manque de profondeur et de complexité quand on connaît le monument littéraire auquel elle s'attaque. Et je dois dire qu'ayant lu ce livre en parallèle du "Silence des vaincues" de Pat Barker, la différence est flagrante (dans le sens où la réécriture de Barker est portée par une superbe plume).
J'avoue aussi avoir trouvé les personnages décevants. J'ai apprécié le choix de Patrocle en tant que narrateur car il mérite d'être mis en lumière. C'est un personnage que j'apprécie beaucoup et dont les failles et les sentiments peuvent largement porter une narration introspective riche en émotions. Alors bon sang, pourquoi ne pas avoir suivi cette voie ? Sans mauvais jeu de mots, Patrocle est incroyablement passif dans tout le récit. Ce n'est pas le Patrocle que je connais. Au final, le pauvre garçon est éclipsé dès qu'Achille entre en scène. Comme d'habitude. Le grand Achille, le bel Achille. Achille avec lequel il entretient une relation somme toute superficielle et très charnelle, en tout cas telle qu'elle est présentée ici. Une relation très tournée autour de l'éternelle dynamique du grand gaillard qui pique une colère pour un rien et du maigrichon tout fragile qui l'admire en silence. Alors même que tout l'intérêt de leur relation est qu'elle ne correspond originellement pas à cette dynamique. Purée, où est passé le Patrocle que l'on connaissait, qui était l'égal de son compagnon et que ses pairs respectaient ? Pourquoi a-t-il fallu en faire un archétype du twink passif, pourquoi l'avoir fait rentrer dans une vision hétéronormative des relations gays ? Pourquoi ?
Et puis j'espérais beaucoup plus de romantisme avec un récit à la première personne. Mais non. J'attendais avec impatience la scène durant laquelle Patrocle propose à Achille d'aller combattre à sa place et j'ai été extrêmement déçu par la manière dont une conversation de cette importance a été expédiée en quelques pages. Sans s'attarder sur les motivations, les réactions, les sentiments des protagonistes. Essentiellement des lignes de dialogue. Quel gâchis !
Gros bémol également en ce qui concerne les personnages féminins. Sérieusement, foncez lire le bouquin de Pat Barker, parce que l'écriture de Miller ne rend absolument pas justice à des personnages tels que Briséis. Je ne sais pas, en lisant "Le Chant d'Achille" j'ai eu l'impression que les femmes n'étaient que des poids morts ou des obstacles à la relation entre les deux protagonistes. Il me semble pourtant que l'Iliade rend bien compte des relations qu'Achille et Patrocle entretiennent avec des femmes. Et encore une fois, la réécriture de Pat Barker s'illustre dans sa manière de les mettre en scène sans qu'elles n'entachent l'amour profond et sincère que se portent les deux bougres.
Le dernier chapitre du livre, en revanche, est très bon. Je le reconnais sans aucun problème, et c'est bien la seule scène qui m'a ému. J'aurais sincèrement voulu être davantage touché par cette lecture. Vraiment. Écrire ma déception me peine mais la forme comme le fond ne m'ont pas convaincu.
Alors oui, le fait d'être diplômé en lettres classiques me rend très critique face à ce genre d'exercice littéraire. Mais ce n'est même pas sur ce terrain-là que se situent mes regrets. Je m'attendais à une épopée mettant en lumière la touchante relation de deux frères d'armes, unis par leur loyauté indéfectible dans la vie comme dans la mort. J'ai finalement eu l'impression de lire une énième romance m/m pour jeunes adultes qui fait rentrer ses protagonistes dans des cases hétéronormatives parce que c'est ce qui se vend.
Exercice difficile que de s'attaquer au mythe de l'Iliade. Il est tant apprécié, raconté, parfois simplifié, qu'en proposer une version différente peut être une prise de risque considérable. Et pourtant, Pat Barker réussit son tour avec brio en nous proposant l'histoire de Briséis, soumise par Achille qui a tué son époux et ses trois frères lors de la prise de leur cité. Celle-ci nous livre sa troublante expérience la guerre de Troie, révélant les sévices physiques et les séquelles psychologiques du traitement dont elle-même et ses semblables ont été victimes. Traitement presque anecdotique dans les versions classiques du mythe. L'esclavage, le viol, les féminicides... bagatelles. Briséis s'attaque à la banalisation de ces comportements en grattant le vernis héroïque qui les a longtemps maquillés. Et le récit est extrêmement poignant. Les scènes de violence, relatées avec cette conscience féministe des enjeux du conflit, ne sont que plus atroces qu'elles ne l'étaient déjà dans la version originale.
Malgré une progression que certains pourront trouver lente en raison de vastes passages descriptifs et introspectifs, il est difficile de ne pas s'investir émotionnellement dans le parcours de vie de Briséis qui se fait également l'écho des voix de ses camarades. Je regrette néanmoins que la narration se repose partiellement sur le point de vue d'Achille passée une certaine étape. J'aurais préféré un roman choral laissant s'exprimer d'autres femmes réduites au silence au lieu de chapitres nous présentant à nouveau Achille comme un personnage ambivalent, à la fois mélancolique et impitoyable. J'appréciais voir l'exposition de sa relation avec Patrocle à travers la subtilité du regard de Briséis et j'aurais aimé que les choses restent ainsi.
Quoi qu'il en soit, à travers cette brillante réécriture, Pat Barker met en lumière les sombres réalités de la guerre de Troie avec sensibilité et détermination, angles d'attaque nécessaires pour traiter le délicat sujet qu'est la place des femmes en période de conflit.
Malheureusement, plus j'avance dans cette série et moins j'accroche, la faute à une multitude de personnages aux personnalités changeantes et à des bonds dans le temps qui empêchent de comprendre leurs motivations. J'espère que le dernier tome permettra de rattraper le coup et d'achever la série en beauté.
La narration était bien trop confuse à mon goût. On se retrouve projeté dans un univers dont on ne connaît rien et que l'on découvre aux côtés du protagoniste tout aussi largué que nous. Lui, il est invisible et chargé de sauver le monde, comme c'est commode ! Alors l'aventure commence et, d'étage en étage, on le suit dans sa quête de justice. C'est un ressenti très personnel que je vais livrer là : il y a trop d'informations, trop d'éléments graphiques qui viennent briser la continuité entre les paragraphes, trop d'interjections et d'exclamations, trop de dialogues à base de trois mots par répliques... trop, trop, trop. J'ai eu l'impression d'être assailli de toutes parts, que les habitants de cette maison me hurlaient dans les oreilles, que des néons me gravaient leurs réclames dans les rétines. J'ai également été très perturbé par la relation entre le personnage principal et la princesse, en particulier par le paragraphe qui révèle qu'il aimerait bien profiter de son invisibilité pour tripoter son "corps endormi" : pardon ?
Tout ça pour, au final, tomber sur une conclusion parmi les plus agaçantes
Je salue néanmoins l'aspect visionnaire de l'intrigue, notamment en ce qui concerne la surveillance de masse.
Je regrette de ne pas avoir eu de réponses à certaines questions qui m'ont accompagné depuis le premier tome et qui rendent parfois la progression de l'histoire trop facile : quel est le mystère qui entoure la rivière et les créatures qu'elle héberge ? pourquoi les étranges morts survenues dans ce tome ne semblent pas perturber qui que ce soit ? pourquoi tout le monde fait une confiance aveugle à Elinor malgré ses prophéties bien étranges ? Tous ces aspects trop nébuleux m'ont relativement déçu.
Mais malgré cela, je suis un peu mélancolique à l'idée de quitter Perdido et le clan Caskey car j'ai pris un réel plaisir à plonger (sans mauvais jeu de mots !) dans cette saga familiale. Et cela faisait longtemps que je m'étais pas autant investi dans la lecture d'une série.
Bizarrement, j’ai eu l’impression que cette réécriture était davantage inspirée du film de Frankenheimer que du roman de Wells. Pourquoi ? Eh bien parce que la fameuse Loi que l’on retrouve dans le roman de Wells se transforme en religion dans le film, et on retrouve ici le même schéma. L’œuvre originale traite de vivisection et d’opérations chirurgicales atroces, là où le film et cette réécriture se concentrent sur les manipulations génétiques. Et alors le top du top, c’est Carlota qui est un copié/collé de la fille du Dr Moreau incarnée par Fairuza Balk (
En fait, je suis surtout déçu car je n’ai pas trouvé dans ces 375 pages les promesses qui m’ont été faites sur la quatrième de couverture.
De l’horreur ? Non, désolé, il n’y en avait pas. On peut parler de thriller, à la limite.
De l’histoire ? Un peu, il est vrai que le contexte du récit puisait dans un fait réel, mais je n’irais pas jusqu’à dire que le récit en lui-même était “historique”, ne serait-ce qu’un peu.
Un roman "féministe" ? Euh… ? Non ? Enfin, je ne vois pas ce qu’il y a de féministe quand on a une héroïne qui se donne volontiers à un fils à papa au caractère hautain qui ne pense qu’à la mettre dans son lit, puis qui fait des minauderies à un type de quinze ans son aîné qui l’a rencontrée quand elle avait 14 ans (rappelons que même si elle a 20 ans lorsqu’ils se dragouillent, elle est légalement mineure). On nous présente une Carlota qui se veut forte et indépendante mais qui se fourre d’une manière ou d’une autre dans les bras d’un bougre. Et à ce titre, la quatrième nous annonce “un soupçon de romance” ? Vraiment, juste un soupçon ? Personnellement, j’ai plutôt eu l’impression que les questionnements sentimentaux de Carlota et Monty occupaient la moitié des chapitres, si ce n’est plus. Et puis comme on a presque oublié que le livre était supposé être un thriller, pan-pan on nous ajoute des chapitres finaux avec des fusillades (comme dans le film de Frankenheimer, décidément…).
Alors oui, je suis déçu parce qu’après le succès de Mexican Gothic, je m’attendais à plonger dans une atmosphère angoissante – il n’en est rien ici. Décrire des coins de jungle luxuriante ne suffit pas à instaurer une ambiance étrange, au contraire, ça donne plutôt envie de séjourner dans l’hacienda du docteur !
Ensuite, l’alternance systématique entre les points de vue de Carlota et Montgomery m’a vraiment agacé dès lors que le début de la plupart des chapitres reprenait les événements qui s’étaient déjà déroulés dans le précédent. Ou comment ajouter des pages entières à un roman pour inclure des réactions qui tiennent sur deux pauvres lignes.
Et parlons à nouveau de Monty, tiens. Alors que j’ai généralement un faible pour les pauvres types torturés qui ne parviennent pas à faire le deuil de leur relation passée, j’ai trouvé ce Montgomery tout aussi imbuvable que celui incarné par le non moins agaçant Val Kilmer. Son obsession envers Carlota est insupportable. Du haut de ses trente-cinq ans, il se comporte comme un goujat malpoli qui veut défendre un territoire qu’il n’a même pas conquis. Tout ça parce qu’il est raide dingue d’une jeune fille qu’il fréquente au quotidien depuis qu’elle a 14 ans, sans compter qu’il est (à l’exception de Moreau lui-même) la seule figure masculine que la pauvre fille a eue avant l’arrivée des Lizalde. C’est très romantchic oui oui (non pas du tout c’est glauque). Et je ne parlerai même pas (si en fait) de la scène dans laquelle il se dit tiens tiens si c’était une prostituée je paierais cher pour coucher avec elle. Mais ça va pas la tête purée ?! En quoi ce roman est-il féministe, je ne comprends vraiment pas d’où sort ce qualificatif…
En bref, c'est une réécriture décevante qui ne sort vraiment pas de l'ordinaire, n'a rien d'horrifique et ne prend aucun risque.
Mais plus ça va et moins j'ai l'impression de comprendre les retournements de situation. La décision pour le moins surprenante du petit Djehouty arrive comme un cheveu sur la soupe. De même pour la scène finale. Alors oui, elle est vraiment "badass" comme dirait l'autre, et même plutôt satisfaisante. Mais j'ai sincèrement du mal à imaginer Chepsout dans une telle situation après toutes ses tergiversations au sujet de la paix et d'un gouvernement non violent. En fait, je crois que je bloque depuis le début sur son caractère qui oscille en permanence entre naïveté et assurance. J'espère que cette fois, le tournant est amorcé pour de bon et que sa soif de pouvoir l'a définitivement endurcie.
Le caractère de Chepsout est toujours assez difficile à cerner. À chaque fois qu'elle semble avoir appris de ses erreurs, elle finit par relâcher sa vigilance et retomber dans un piège grossier. Difficile de concilier sa soif de pouvoir, ses envies de bien gérer le royaume et de s'occuper de sa famille sans reproduire les erreurs du passé. Lorsqu'on voit le tournant pris par son fils et la manière dont sa fille est mise de côté (alors que Chepsout devrait être aux petits soins avec elle étant donné la manière dont elle a vécu sa propre enfance !), on comprend que notre pauvre reine ne parvient toujours pas à avancer ses pions correctement. Et c'est assez frustrant à lire.
J'espère que les tomes suivants permettront vraiment à ce personnage de révéler tout son potentiel, car je commence à être un peu lassé de ce déséquilibre quasi constant entre naïveté et manigances.
L'histoire est celle de la célèbre reine Hatchepsout qui aspire à devenir pharaon malgré les conventions de son temps qui cloîtrent les femmes dans des rôles secondaires. Après la mort prématurée de son père, elle se retrouve confrontée à bien des obstacles qui remettent sa légitimité en question.
On sent la volonté de l'autrice de mettre en lumière les enjeux politiques, religieux et sociaux de l'époque, ainsi que les rouages complexes de la vie à la cour. J'espère avoir là un récit fascinant mêlant histoire, politique et romance, et ne pas être déçu par la suite !
Mais comment peut-il en être autrement lorsque le narrateur, le jeune Momo âgé d'une dizaine d'années, grandit aux côtés de Madame Rosa, une ancienne prostituée juive qui a survécu aux camps de concentration et élève maintenant les enfants de ses anciennes collègues dans un contexte misérable ?
À travers cette histoire, Romain Gary parvient à donner vie à des personnages très attachants et bien plus complexes qu'il n'y paraît. Madame Rosa est à la fois fragile et forte, pleine de sagesse et de souffrance intériorisée. Momo, quant à lui, est un enfant doté d'une grande sensibilité et d'une intelligence certaine malgré le milieu difficile dans lequel il évolue. Alors lorsque Madame Rosa commence à dépérir et que les médecins refusent de mettre un terme à ses souffrances, apparaît une tendresse mutuelle et une compréhension profonde entre ces deux êtres écorchés par la vie.
Il y a quelque chose de profondément dramatique dans le destin de cette brave Madame Rosa, et l'innocence qui motive les efforts de Momo pour la sauver n'en est que plus bouleversante. Mais en plus de nous livrer une superbe histoire d'amour entre les deux personnages principaux, le roman donne également matière à réfléchir sur des thèmes plus vastes tels que l'identité, la marginalisation de certains individus ou communautés, et bien sûr la fin de vie.
J'ai pu voir qu'une partie des lecteurs ont été agacés par le style narratif choisi, se plaignant entre autres de fautes de langage récurrentes et d'une certaine vulgarité dans les propos. Mais à quoi s'attendre d'autre lorsque le narrateur est un jeune adolescent marginalisé qui n'a pu bénéficier d'une éducation dite classique, notamment faute d'être scolarisé ? Je trouve au contraire que les mots de Momo sont justes et authentiques, avec son langage simple mais terriblement évocateur qui lui permet de livrer ses réflexions innocentes sur la condition humaine.
"La vie devant soi", portrait touchant de personnages marginaux qui trouvent du réconfort et de la force les uns auprès des autres face à des situations souvent injustes, est peut-être bien un chef-d'œuvre intemporel qui mérite son statut de classique.
Un texte intéressant qui en dit bien plus sur les humains que sur les échecs.
Dans ces ultimes chapitres, Shoya se reconnecte enfin avec ses anciens amis et réalise que la compassion et le pardon sont des processus complexes mais essentiels pour avancer dans la vie. Les relations se renforcent malgré les heurts passés et de nouveaux liens se tissent, offrant une lueur d'espoir et de salut pour tous les personnages. Je reste néanmoins de marbre face à l'évolution de certains, en particulier l'insupportable Naoka qui n'a à mon sens pas progressé d'un iota depuis le début de la série. Il y avait peut-être trop de personnages secondaires pour que tous bénéficient d'une seconde chance véritablement justifiée. J'ai d'ailleurs ressenti ce bémol tout au long des sept tomes : une désagréable impression que les personnages n'apprenaient pas de leurs erreurs et se laissaient gouverner par des émotions parfois surprenantes malgré le contexte (Shoya y compris). Ils ont encore beaucoup de choses à apprendre, d'où un petit goût d'inachevé en ce qui me concerne malgré des dernières planches émouvantes.
Je suis ravi de pouvoir dire que je n'ai pas été déçu.
L'histoire se déroule dans un futur proche où Klara, une Amie Artificielle, est achetée pour devenir la partenaire de jeu de la petite Josie. Seulement, celle-ci n'est pas une enfant ordinaire : elle est atteinte d'une maladie qui risque bien de la faire dépérir... et mourir. Cette situation est le point de départ d'une réflexion générale sur la singularité de l'être humain face au développement de diverses formes d’intelligence artificielle. En quoi Josie et Klara sont-elles différentes ? Qu'est-ce qui rend l'une humaine et l'autre non ? Laquelle serait remplaçable : l'humaine, le robot, les deux ?
Tous ces questionnements sont très intéressants et actuels mais le fait d'avoir Klara comme narratrice ne permet pas de pousser la réflexion bien loin - puisque c'est essentiellement à travers les dialogues entre humains que le sujet est discuté.
Je regrette simplement la place occupée par la mystique présence du Soleil dans cette histoire. Pour le coup, je n'ai pas vraiment été convaincu par l'adoration presque religieuse que Klara voue à cet astre, mais il faut dire que je suis généralement hermétique à ce genre de propos.
En somme, "Klara et le soleil" est un roman d'une certaine sensibilité mais qui aurait pu aller un peu plus en profondeur dans l'étude de notre rapport à l'intelligence artificielle et à notre propre place dans un monde en constante évolution. Une belle histoire qui aurait tout à fait eu sa place dans "Detroit: Become Human".
Avant toute chose, je pense qu'il faut préciser que ce roman doit être réservé à un public averti. Outre le sexe, nombreuses sont les scènes de violence et les descriptions de mutilations en tous genres. Ce n'est pas mon dada et j'ai vraiment grimacé à plusieurs reprises.
Ceci étant dit, on se retrouve avec un roman très lourd au sens propre comme au sens figuré. La noirceur ambiante est assez pesante et les transitions narratives, qui se font d'une époque à une autre mais pas dans l'ordre chronologique, peuvent donner à la structure du récit un aspect très déroutant. Néanmoins, ce récit est puissant, très puissant. La plume de Mariana Enriquez est parfaitement mise au service de l'histoire qu'elle conte et de l'atmosphère sombre qui l'entoure. Avec les enjeux socio-politiques de la société argentine en guise de toile de fond, l'immersion est quasi totale.
J'ai tout de même trouvé la progression laborieuse par moments. Les égarements narratifs ne me font habituellement pas peur s'ils sont poétiques et justifiables, mais j'ai eu la désagréable impression qu'une bonne centaine de pages aurait pu être retranchée au tout sans que du contenu utile soit perdu.
Je ne me suis attaché à aucun personnage si ce n'est Pablo mais je ne pense pas prendre de risque en supposant que les protagonistes ne sont pas faits pour être charismatiques.
Quant à la fin... je l'ai trouvée très précipitée en comparaison avec tout le temps pris pour la préparer.
Alors quoi ? Je pense pouvoir dire que j'ai apprécié cette lecture pour le moins étrange, entre récit historique, fantastique et horrifique, mais que ce mélange des genres m'a laissé une certaine insatisfaction car aucun, finalement, n'a été exploité à son plein potentiel. "Notre part de nuit" est effectivement un OVNI littéraire qu'il peut être intéressant de découvrir.
Mais je m'égare. Je continuerai de suivre les aventures de Claudine, car j'aime la manière dont Colette expose ses désirs et ses émotions dans cette quête initiatique à travers un monde qui n'est pas entièrement façonné pour les gens comme elle.