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Comme cela lui arrivait parfois, il se demanda à quoi sa vie aurait ressemblé si son père l’avait autorisé à se faire moine. Peut-être aurait-il connu une paix plus grande et moins de regrets, il n’aurait pas été plein de soupçons envers son épouse ni de colère contre ceux qui cherchaient à le trahir, mais il n’aurait pas savouré la joie incomparable du succès ni l’impatience fébrile de retrouver bientôt la femme venant d’entrer dans sa vie.
Afficher en entierIl sentit un sanglot monter dans sa poitrine. Serait-ce du chagrin ? Mais pourquoi pleurerait-il Akuzenji et ses hommes, alors qu’ils l’avaient tourmenté et tyrannisé ? Pourtant, leur pensée lui mettait les larmes aux yeux. Il lui semblait qu’il devait s’efforcer d’honorer leur mémoire et d’apaiser leurs esprits errants.
Afficher en entierSesshin jeta un bref coup d’œil à Shikanoko, comme s’il le voyait pour la première fois. La surprise se lut soudain sur son visage, on aurait cru qu’il le reconnaissait.
Afficher en entierLe prince abbé lui avait fait découvrir ces réalités. Carrefours, rives de fleuve, bords de mer, ponts, îles, tous étaient des points où les mondes se rejoignaient et entraient en contact, où des miracles se produisaient, où demeuraient aussi bien des saints, que des fantômes tourmentés, où il était possible à des initiés de voit leur prochaine vie, ou le paradis, ou les divers domaines de l'enfer.
Afficher en entier"Un jour j'ai procédé à un rituel destiné à rendre ma vue plus perçante, afin d'être capable de voir des endroits éloignés. Il a échoué, pour des raisons liées à la nature de la lumière, mais une fois rétabli, j'ai constaté que j'entendais cent fois lieux qu'avant. C'était parfois pénible, et vous avez peut-être remarqué que j'avais coutume de me boucher les oreilles avec de la cire. Cependant, maintenant que je suis aveugle, cela me sera très utile.
Voilà pourquoi vous ne devriez jamais vous inquiéter de votre sort. Toute chose obéit aux lois du destin et se produit donc dans un but précis.
Afficher en entier- (...) Mais ne comprenez-vous pas, petit seigneur, qu'étant à l'opposé du divin et du sacré, nous en sommes plus proches que ne l'est le monde ordinaire où vivent la plupart des gens ? Que votre mère ait été une noble dame ou une servante, elle s'est rendue à la lisière de la mort pour vous mettre au monde, et il a fallu enterrer sur le seuil le placenta qui vous a nourri, comme celui de n'importe qui. Vous avez commencé votre vie dans le sang et les excréments, et vous la finirez de la même façon. Ce que vous appelez souillure n'est pas une profanation, mais plutôt l'essence même de la vie, peut-être dangereuse et sale mais pleine aussi d'une puissance et d'une volupté profondes.
Afficher en entier« Kazumaru ne dit adieu qu’à lui, le jour où son oncle, durant l’automne de sa 16e année, déclara qu’il allait l’emmener chasser dans les montagnes.
- Si je ne reviens pas, tu sauras qu’il m’a tué, dit Kazumaru. L’année prochaine, je serai officiellement adulte, mais il ne s’effacera jamais devant moi. Il a trop de plaisir à être le seigneur de Kumayama. Il veut se débarrasser de moi dans la forêt.
- J’aurais aimé venir avec toi, assura Nagatomo. Mais mon oncle me l’a expressément défendu.
- C’est la preuve que j’ai raison. Cela dit, même s’il ne me tue pas, je ne reviendrai pas. Rien ne me retient ici. Je n’ai qu’un souvenir très vague de ce que le domaine était avant. Je me souviens que je n’avais pas sans cesse peur, qu’on m’aimait qu’on m’adorait. Parfois, je songe à ce qui se serait passé si mon père n’était pas mort, si ma mère n’était pas partie, si les hommes m’étaient restés loyaux… mais le sort l’a voulu autrement. Ne me pleure pas. Je ne peux pas continuer de vivre ainsi, je prie chaque jour pour trouver un moyen quelconque de m’échapper. Si la mort est la seule façon d’y parvenir, autant mourir. »
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C’était une journée pluvieuse d'automne et les averses se succédaient dans la vallée. Les volets étaient clos, la pièce sombre bien qu'on ne fut pas encore au milieu de l’après-midi. La pensée de l'hiver tout proche emplissait Kiyoyori de mélancolie. Il n'arrivait pas a chasser la tristesse qui l'accablait depuis la mort de son épouse.
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