Extraits

Owen grogna alors qu’il soulevait le corps mou de Wade au-dessus du seuil final de la pièce de détention. Wade était plus petit de quelques centimètres et, malgré ses entraînements, pesait une bonne dizaine de kilos de moins. Pourtant, Owen avait toujours entendu dire qu’un poids mort était le plus difficile à porter, et c’était vrai. Transporter Wade jusqu’au sous-sol avait été presque impossible.

Laissant Wade tomber en tas sur le sol, Owen berça sa tête pour qu’elle ne cogne pas trop fort. Puis il se retourna pour verrouiller la porte derrière lui.

Wade était si beau. Owen le contempla, s’autorisant vraiment à le regarder pour la première fois depuis qu’il l’avait récupéré. Les cheveux brun foncé et ondulés de Wade s’étalaient d’une manière désordonnée autour de son visage et de sa tête. Ses longs membres élancés étaient étendus sur le sol, et ses doigts joliment formés blottis contre son visage. Ses lèvres pleines et pulpeuses étaient écartées et ses longs cils bruns étaient appuyés contre ses pommettes hautes, obscurcissant les yeux noisette qu’Owen désirait revoir depuis si longtemps. Wade était entièrement à lui désormais. Jusqu’au moindre morceau. Il était enfin sien pour qu’il le sauve et l’aime. Il avait juste à faire quelques petites choses d’abord.

Ils vivaient au jour le jour et Russ le savait. C’était un avocat et il avait vu beaucoup de choses, sans parler du fait qu’il était réaliste. Il n’y avait aucune garantie que Wade irait bien à nouveau. Il avait enfin trouvé un homme qu’il aimait, et il l’avait perdu.

Wade ouvrit les yeux, se hissant sur un coude pour regarder le visage endormi de Russ. Son cœur se serra d’amour pour lui. Russ, qui était si bon avec lui, et qui le tenait à travers ses crises de panique. Russ, qui l’emmenait aussi loin dans le plaisir que Wade les laissait aller. Russ, qui faisait rire Wade et qui était si lumineux qu’il rendait le soleil moins brillant.

Russ était fait pour lui, à tous points de vue.

Mais l’expression de Russ était chaude, intense, brûlante de désir pour Wade. Ses yeux luisaient d’une affection coléreuse, protectrice et pourtant déjà contrariée. Il n’avait pas pu lui épargner le viol, mais Wade n’avait aucun doute, en regardant le visage de Russ, qu’il était capable d’empêcher quelque chose comme ça de se reproduire. Il était certain, alors que Russ le regardait, touchant la cicatrice qui lui barrait la poitrine, juste en dessous de son mamelon, que Russ tuerait quelqu’un qui essaierait de faire du mal à Wade.

Parce que si Wade pouvait supporter que ça lui arrive, Russ pouvait supporter de le voir. Être un témoin. Avoir sa part d’horreur. Il devait ça à Wade.

— Tout va bien, monsieur ? demanda une blonde et magnifique manager de l’hôtel avec une étiquette portant le nom Audra.

Sa bouche cerclée de rouge à lèvres s’étirait autour de ses dents blanches.

— Vous attendez ici depuis longtemps. Pouvons-nous vous aider à organiser le transport ?

— Non merci, répondit Wade en souriant. J’attends un ami.