Extraits

Si je reste. Si je vis. C'est moi qui décide.

Si je reste.Si je vis.C'est moi qui décide.

Pourquoi ne pas batailler ? Peut-être que si j'étais un peu plus aguerrie, si j'avais eu plus de malheurs, je serais mieux préparée à ce combat. Bien sûr, ma vie n'a pas été sans nuages. Comme tout le monde, j'ai eu des moments de déception, de solitude, de colère, de frustration. Mais je n'ai pas connu de drames. Je n'ai jamais eu de raisons de m'endurcir suffisamment pour affronter ce qui m'attend si je dois rester.

"En un sens, tu es déjà parti, Adam. Vers ta propre Juilliard

School.

-Je sais. Mais je suis encore ici. Et je suis toujours fou de toi."

Et soudain j'éprouve le besoin de tenir sa main, un besoin comme je n'en ai jamais connu jusque-là. De la serrer, sans me contenter de le laisser serrer la mienne. Je transmets le peu d'énergie qui me reste à ma main droite. Je suis faible et c'est affreusement difficile. C'est la chose la plus difficile qui soit. Je rassemble tout l'amour que j'ai éprouvé, toute la force que papy, mamie, Kim, Willow et les infirmières m'ont donnée, tout le souffle que papa, maman, Teddy me communiqueraient s'ils le pouvaient. Je réunis mes propres forces, les dirige comme un rayon laser vers les doigts et la paume de ma main droite. J'imagine cette main en train de caresser les cheveux de Teddy, de tenir l'archet au-dessusde mon violoncelle, d'être entrelacée avec celle d'Adam. Puis je serre. je retombe en arrière, épuisée, sans trop savoir si j'y suis arrivée...

"La vie c'est une gigantesque merdier, mais c'est aussi ce qui en fait la beauté."

Mia :"J'ai quelque chose à te dire..." ai-je commencé en plantant nerveusement ma fourchette dans mon côté du gâteau.

Kim :"Du genre "je sors avec un garçon" ?"

Kim avais pris un ton amusé.

Mia :"Comment tu le sais? "

Elle a levé les yeux au ciel.

Kim :"Voyons tout le monde est au courant! C'est le grand sujet de conversation. Le mariage du rock et de la musique classique.

Mia :-Qui parle de mariage?

Kim :-C'est une métaphore. Tu veux que je te dise? J'étais même au courant avant toi.

Mia :-N'importe qui!

Kim : Un type comme Adam allant à un concert de Yo-Yo Ma! Il préparait le terrain c'est clair.

"N'ayez aucun doute, elle vous entend, dit-elle. Elle se rend compte de tout ce qui se passe."

Elle reste là, les mains sur les hanches. Pour un peu, elle ferait une bulle de chewim-gum. Mon grand-père et ma grand-mère boivent ses paroles.

"Vous croyez que tout dépend des médecins, ou des infermières, ou de cet équipement? poursuit-elle en tendant la main vers le mur d'appareils médicaux. Eh bien, non. c'est elle qui mène le jeu. Alors, parlez-lui. Dites-lui qu'elle peut prendre tout le temps qu'elle veut, mais qu'elle revienne. Vous l'attendez."

Installée dans un coin tranquille, je me met à réfléchir aux choses douloureuses que j'ai préféré ignorer jusqu'à maintenant. Que se passera-t-il si je reste ? A quoi cela va-t-il ressembler de me réveiller orpheline ? De ne plus sentir la fumée de la pipe de papa ? De ne plus bavarder tranquillement avec maman en l'aidant à faire la vaisselle ? De ne plus jamais lire un chapitre d'Harry Potter à Teddy ? Que sera ma vie si je reste, mais sans eux ?

Je ne suis pas certaine que cet univers-là soit encore le mien. Je ne suis pas certaine de vouloir me réveiller.

« Reste », dit-il. Sa voix se brise déjà, mais il ravale son émotion et poursuit : « Il n'y a pas de mots pour décrire ce qui t'es arrivé. Il n'y a rien de positif là-dedans. Mais il existe une raison de vivre. Et je ne parle pas de moi. C'est seulement que ... Je ne sais pas. Je me dis peut-être des bêtises. Je suis en état de choc. Ce qui s'est passé pour tes parents, pour Teddy ... » Quand il prononce le nom de mon petit frère, sa voix se brise de nouveau et les larmes inondent son visage. Et moi, je pense : Je t'aime. Il se reprend et poursuit : « Je suis sûr d'une chose, c'est que ce serait un gâchis si ta vie s'arrêtais là. Evidemment, ta vie est gâchée désormais, quoi qu'il arrive et je ne suis pas assez fou pour penser que moi ou quoique ce soit pourrait changer ça. Mais je n'arrive pas à me faire à l'idée que tu ne puisse pas vieillir, avoir des enfants, suivre tes cours de la Julliard School, jouer du violoncelle devant un public nombreux qui éprouverait le même frisson que moi lorsque je te vois prendre ton archet, lorsque je te vois me sourire. Si tu reste, je ferai ce que tu voudras. Je quitterai le groupe pour t'accompagner à New York. Mais si tu préfère que je m'en aille, je le ferai aussi. J'ai parlé avec Liz et elle m'a dit que ce serait peut-être trop douloureux pour toi de retrouver ta vie d'avant, qu'il vaudrait peut-être mieux que tu nous raye de ton existence. Ce serait dur, mais je le ferais. Je peux accepter de te perdre de cette façon si je ne te perds pas aujourd'hui. Je te laisserai t'en aller. Si tu reste. »