Si l'on me tend l'oreille

Je suis vraiment perplexe...

Parce qu'en fait, ce livre aurait dû me plaire. Tout y était : une histoire (vraiment) originale, un cadre atypique avec une fille qui tire sa roulotte et tire les cartes, un univers pas mal, une ambiance plaisante, des personnages comme on en voit peu, et une touche de douceur et de poésie.

Vraiment, même à réfléchir, je ne trouverais rien à lui reprocher. Tous les ingrédients y sont, en fait.

Alors pourquoi ça ne prend pas ?

Je ne sais pas. Je n'étais peut-être juste pas dans la bonne période pour lire et apprécier ce livre.

Dans tous les cas, impossible d'accrocher, et j'ai eu beaucoup de mal à atteindre la fin. Et c'est frustrant, parce que même sans être dedans, je sentais le potentiel du bouquin.

J'ai été surprise par ma lecture de Si l'on me tend l'oreille. C'est un très beau récit, j'ai été emballé par l'histoire dès les premières pages. Je me suis attachée aux personnages rapidement. J'ai passé un très bon moment durant ma lecture. Une très belle surprise.

Ouahh. Voilà un conte poétique qui nous entraîne dans un fabuleux voyage aux Trois provinces, territoire où vivent les ambulants et les sédentaires et dont on ne ressort pas indemne. Déjà, les personnages nous touchent. Grouzna, est une diseuse d'avenir. "Si l'on me tend l'oreille, je parle" dit-elle. Alfred fait rêver les enfants avec son manège, Julio Cartel est un musicien enjoué et il y a aussi la vieille qui rêve de son marin, et Vicky la petite acrobate... mais tout change avec la nouvelle loi de Baryte Myrtale qui les oblige à quitter leur province pour une autre, et d'y rester. Pas facile d'accepter quand on aime cette vie de vagabond.

Et surtout, pas facile de mettre des mots sur ce qu'on ressent à cette lecture. Tout est savamment pesé, fluide, léger et terrible. Les mots sont magiques, saupoudrés de personnages vivants et audacieux dans un décor de conte de fées. Oui, ce livre est une ambiance, une atmosphère d'un monde où la liberté est restreinte mais où les hommes essaient de vivre malgré tout. Ce ne sont que des esquisses, des histoires brèves entremêlées sur chaque personnage qui forment un tout et créent une merveilleuse histoire. J'ai été captivée par la tension constance engendrée par les intrigues distillées comme dans une peinture. On retrouve les premiers grands romans d’aventures du Rouergue, à la fois loufoques et réalistes, empreints de magie et de poésie, comme Stéphane Servant les écrivait.

Il y a aussi le message. De résistance. De libre arbitre. De cette solidarité entre les hommes qui donne envie de tracer sa route, de faire face à la dictature qui se met peu à peu en place et qui est violente, injuste et absurde. Un formidable roman, ode à la liberté, à lire absolument!

Bon, vous avez compris, j'ai plus qu'aimé.