Ajouter un extrait
Liste des extraits
Comme l'avait deviné Sabrina, Léonie passa une journée catastrophique. Elle était arrivée en classe morte de fatigue, s’étant couchée bien trop tard au goût de ses yeux réduits ce matin à l'état de simples fentes. Préférant gagner du temps pour la soirée qui l'attendait, elle avait commencé à se préparer. À choisir la tenue qu'elle mettrait, à réfléchir au menu de l'éventuel repas. Et surtout, à l'ambiance qu'elle voulait donner à son appartement s'il se passait ce qu'elle espérait, craignait, et redoutait qu’il pourrait hypothétiquement se passer. Sabrina avait vu juste. Sa séance d'épilation tardive s'était révélée nécessaire, mais ô combien douloureuse. Elle avait voulu étrenner pour l'occasion l'épilateur électrique qu'elle s'était acheté et n'avait encore jamais osé essayer. Elle avait d'abord commencé par les jambes, parties de son corps les moins sensibles ou du moins les plus aptes à débuter pareil médiéval traitement. Serrant les dents à se déchausser une ou deux molaires, elle avait été surprise de ne sentir que de légers picotements, les poils, racines et bulbes s'arrachant avec un niveau de douleur très acceptable. Elle repensait encore à ce qu'elle s'était dit. La nana de la pub ne mentait peut-être pas complètement. C'est vrai que ça fait pas si mal. C'est supportable en tout cas. Quand je pense à toutes mes copines qui en font des caisses avec ça. Confiante, elle avait entrepris ensuite la tonte de ses aisselles. La peau bien plus fine et tendre à cet endroit, elle avait de nouveau serré les dents, jugeant l'épreuve bien plus sportive. Quand était arrivé le grand moment. Le défi ultime. Le maillot. L'élagage de celui-ci se révélait indispensable si elle ne voulait pas voir fuir le futur amant. Elle lui trouvait un physique d'aventurier, mais il n'était peut-être pas nécessaire de le vérifier en posant une machette à l'entrée de ses cuisses et en le provoquant : « Tu le veux mon temple ? Bah il est caché derrière la forêt » Et le voir ensuite effectuer un triple salto arrière qui le conduirait directement en dehors de son appartement, son cri d’alarme résonnant dans tout l'immeuble, terrorisé par les effrayantes bêtes qu'il aurait croisées sur son sylvestre parcours. Refusant qu'une telle scène se produise, elle avait attaqué la tâche d'une main ferme et déterminée. Grand mal lui en prit. Lorsque les pinces rotatives s'étaient saisies du premier poil, elle avait senti l’épilateur l’extraire avec une force terrifiante. À tel point qu’elle s’était imaginé Optimus Prime, le chef des Transformers en personne, arracher de sa main de fer un frêle et innocent arbuste trop solidement ancré dans une terre qui refusait de le laisser partir. Immédiatement, après une vive douleur semblable à des milliers d'aiguilles chauffées à blanc qu'on lui aurait enfoncées dans le vagin, elle sentit une unique, mais inévitable larme, perler au coin de son œil, témoin silencieux de l'explosion nucléaire qui venait de se produire dans son cerveau. Elle éloigna aussitôt l'épilateur le plus loin possible de son entrejambe, puis le regarda, folle de douleur, cherchant dans sa carcasse robotique un quelconque signe de vie ou d'intelligence. Une seconde, elle crut même le voir afficher un sourire sadique. Elle repensa ensuite à la fille de la publicité, et hésita un instant à engager un détective pour la retrouver et deux anciens légionnaires pour lui briser sa jolie paire de jambes.
Afficher en entier