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Il y a tant de gens, plus jeunes que toi ou moins jeunes, dont la vie se passe dans l’attente d’expériences extraordinaires. Avec les livres, les personnes, les voyages, les événements, tout ce que l’avenir garde en réserve. Toi, non. Tu sais que le mieux qu’on puisse espérer, c’est d’éviter le pire.
Afficher en entier« (c’est Ludmilla qui parle) : lire, c’est aller à la rencontre d’une chose qui va exister mais dont personne ne sait encore ce qu’elle sera… »
Afficher en entierVorrei scrivere un libro che fosse sola un incipit, che mantenesse per tutta la sua durata la potenzialità dell'inizio, l'attesa ancora senza oggetto.
Afficher en entierAutrefois on lisait debout, devant un lutrin. On avait l'habitude de rester debout sans bouger. On se reposait ainsi quand on était fatigué de faire du cheval.
Afficher en entier— Le moment le plus important, à mes yeux, c’est celui qui précède la lecture. Parfois le titre suffit pour allumer en moi le désir d’un livre qui peut-être n’existe pas. Parfois, c’est l’incipit du livre, ses premières phrases… En somme : s’il vous suffit de peu pour mettre en route votre imagination, moi, il m’en faut encore moins : rien que la promesse d’une lecture.
Afficher en entierPour cette femme, lire veut dire se dépouiller de toute intention et parti pris, afin d’être prêt à accueillir une voix qui se fait entendre au moment où on s’y attend le moins, une voix qui vient d’on ne sait où, d’au-delà du livre, de l’auteur, et des conventions de l’écriture : qui vient du non-dit, de ce que le monde n’a pas encore pu dire et pour quoi il n’a pas encore de mots à sa disposition.
Afficher en entierQu’est-ce qui peut mieux permettre de distinguer les nations où la littérature jouit d’une véritable considération, que la masse des sommes affectées à son contrôle et à sa répression ? Là où elle fait l’objet de telles attentions, la littérature acquiert une autorité extraordinaire, qu’on ne peut pas imaginer dans les pays où on la laisse végéter comme un passe-temps inoffensif et sans danger.
Afficher en entierL’idée m’est venue d’écrire un roman tout entier fait de débuts de romans. Le protagoniste pourrait en être un Lecteur qui se trouve sans cesse interrompu. Le Lecteur achète le nouveau roman A de l’auteur Z. Mais l’exemplaire est défectueux, et ne contient que le début… Le Lecteur retourne à la librairie pour échanger son exemplaire…
Je pourrais l’écrire tout entier à la seconde personne : toi, Lecteur… Je pourrais aussi faire intervenir une Lectrice, un traducteur faussaire, un vieil écrivain qui tient un journal comme celui-ci…
Mais je ne voudrais pas que, pour échapper au Faussaire, la Lectrice finisse entre les bras du Lecteur. Je ferai en sorte que le Lecteur parte sur les traces du Faussaire, lequel se cache en un pays très éloigné ; de la sorte, l’Ecrivain pourra rester seul avec la Lectrice.
Seulement, privé d’un personnage féminin, le voyage du Lecteur perdrait de son charme : il faudra qu’il rencontre sur sa route une autre femme. La Lectrice pourrait avoir une sœur…
Afficher en entierSi je me dis que je dois écrire un livre, je me demande alors comment ce livre doit être fait, comment il ne doit pas être fait : et ces questions me paralysent, m’empêchent d’aller de l’avant. Si je me dis en revanche que je suis en train d’écrire une bibliothèque en entier, je me sens allégé d’un coup : quoi que je puisse écrire, je sais que cela sera intégré, contredit, balancé, amplifié, enseveli dans la centaine de volumes qu’il me reste à écrire.
Afficher en entierJe voudrais pouvoir écrire un livre qui ne serait qu’un incipit, qui garderait pendant toute sa durée les potentialités du début, une attente encore sans objet. Mais comment un pareil livre pourrait-il bien être construit ? Devrait-il s’interrompre après le premier aliéna ? Ou prolonger indéfiniment les préliminaires ? Ou encore emboîter un début de narration dans l’autre, comme font les Mille et Une Nuits ?
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