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Le matin, ma mère me menait au marché. Elle n’avait pas grand chose à acheter, mais elle pouvait consacrer le temps d’une clepsydre à marchander une botte d’oignons et toute une semaine au choix d’une paire de chaussures. On devinait à ses paroles qu’elle était dans l’aisance et ne voulait que la meilleure qualité. Mais si elle n’achetait pas tout ce qui charmait son regard, c’est qu’elle désirait m’élever dans un esprit d’économie. C’est ainsi qu’elle disait : « Le riche n’est pas celui qui possède de l’or et de l’argent, mais celui qui se contente de peu. »
Afficher en entierA l’approche de la vieillesse, l’esprit aime à voler comme un oiseau vers les jours de l’enfance. Dans ma mémoire, mon enfance brille d’un éclat merveilleux, comme si alors tout avait été meilleur et plus beau qu’actuellement. Sur ce point, il n’y a pas de différence entre riches et pauvres, car certainement personne n’est si pauvre que son enfance ne renferme aucun éclat de lumière et de joie, lorsqu’il l’évoque dans ses vieux jours
Afficher en entier— Ce n’est pas un chat, j’ai reçu un enfant ! Réjouis-toi, Senmout mon mari, car nous avons un fils ! Mon père se fâcha et la traita de chouette, mais Kipa me montra à lui, et mon dénuement le toucha. C’est ainsi qu’ils m’adoptèrent et firent croire aux voisins que Kipa m’avait mis au monde. C’était une fausse vanité et je ne sais si bien des gens les crurent. Mais Kipa suspendit la barque de roseau au plafond au-dessus de mon berceau. Mon père prit son meilleur vase de cuivre et le porta au temple pour m’inscrire parmi les vivants comme son fils et celui de Kipa. Il procéda lui-même à la circoncision, parce qu’il était médecin et redoutait le couteau des prêtres qui laissait des plaies purulentes. C’est pourquoi il ne permit pas aux prêtres de me toucher. Mais il le fit aussi peut-être par économie, car comme médecin des pauvres il était loin d’être riche
Afficher en entierLes hommes sont tous les mêmes, et c’est d’eux que proviennent tous les maux, car ils ne deviennent jamais adultes, ils restent enfants et se lancent des pierres et se battent et leur plus grand plaisir est d’attrister ceux qui les aiment.
Afficher en entierQuand nous eûmes vidés la jarre, nous la brisâmes et en lançâmes les tessons sur les tombes voisines.
Les gardiens ne nous dirent rien, ils nous tournèrent le dos, car ils avaient peur.
Pour la nuit, les soldats venaient protéger les tombes de la ville des défunts, mais le nouveau pharaonne leur avait pas donné de cadeaux, comme c'était l'usage après le couronnement.
C'est pourquoi ils murmuraient et allumaient des torches et pénétraient par effraction dans les tombes pour les piller, après avoir bu du vin, car il y avait beaucoup de jarre dans les abris à offrandes.
Personne ne nous empêcha de forcer la tombe d'Anoukis, de renverser son cercueil et d'emporter les coupes en or et des bijoux autant que nous en pûmes prendre
Afficher en entierLe soir, quand la barque dorée d’Amon descendait sur les collines de l’occident, de toutes les vérandas et de toutes les cabanes s’exhalait l’odeur du poisson frit qui se mélangeait aux effluves du pain frais. Cette odeur du quartier pauvre de Thèbes, j’appris à l’aimer dès mon enfance sans plus jamais l’oublier
Afficher en entierêtre riche. Mais comme elle n’était que l’épouse d’un médecin des pauvres, elle apaisait ses rêveries par des contes. Le soir, avant de s’endormir, elle me racontait à voix basse toutes les légendes qu’elle connaissait. Elle parlait de Sinouhé et du naufragé qui rapportait de chez le roi des serpents un trésor fabuleux.
Afficher en entierNotre maison était vaste en comparaison des masures de pisé qui bordaient en rangées désolées les ruelles étroites. Nous avions même un jardinet de quelques pas où poussait un sycomore planté par mon père. Des buissons d’acacia le séparaient de la rue, et un bassin de pierre, sorte d’étang, ne se remplissait d’eau que lors des crues du fleuve. Il y avait quatre pièces dans l’une desquelles ma mère préparait les aliments. Nous prenions nos repas sur la véranda où l’on accédait aussi de la chambre de consultation de mon père. Deux fois par semaine, ma mère avait une femme de ménage, car elle aimait la propreté. Une lessiveuse venait chercher le linge une fois par semaine pour le laver au bord du fleuve
Afficher en entierMais jamais je ne pus savoir d’où j’étais venu, ni qui étaient mes vrais parents. Je crois cependant le deviner pour des raisons que j’exposerai plus tard, bien que ce ne soit qu’une supposition
Afficher en entierJe suis né sous le règne du grand pharaon Amenhotep III, et la même année naquit Celui qui voulut vivre de la vérité et dont le nom ne doit plus être prononcé, parce que c’est un nom maudit, bien que personne ne le sût alors. C’est pourquoi une grande allégresse régnait dans le palais à sa naissance, et le roi offrit de riches sacrifices dans le grand temple d’Amon, et le peuple aussi se réjouissait, sans se douter de ce qui allait arriver. La grande reine Tii avait attendu en vain un fils, bien qu’elle eût été la grande épouse royale pendant vingt-deux ans et que son nom eût été gravé à côté de celui du roi dans les temples et sur les statues. C’est pourquoi Celui dont le nom ne doit plus être mentionné fut solennellement proclamé héritier du pouvoir royal, dès que les prêtres l’eurent circoncis
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