Extraits

- Comment nous as-tu trouvés ? demanda Sirem.

Le pirate porta une main à son front.

- Ô, mais quelle tâche ardue, mon petit ! Retrouver une jeune fille habillée comme un cadavre, un faucon cendré sur l'épaule ; un garçon qui semble avoir démonté une horloge pour s'en faire une jambe et un charmant jeune homme qui, bourse à la main, cherche à rejoindre un lieu réputé maudit ! Oui, vraiment, quel exploit de ma part...

-Zouzou? répéta Tanit, hilare. Ton âne s’appelle Zouzou?

-J’aurais dû laisser ces chasseurs te servir en rôti, fulmina le sorcier.

L’emblème du Soleil, l’Astre vénéré par les habitants de la Capitale.

-Lui, je l’ai tatoué moi-même.

-Pourquoi? s’étonna Sirem.

—Parce que, fatigué d’errer dans le ciel, l’oiseau a besoin d’un endroit où se poser.

Le sort est gravé dans le marc comme il est brodé sur la chair.

La marid avait fait une erreur. La mort était son terrain de jeu

Je suis désolé Nedjim, répondit le sorcier. Quoi que ta mère t'ai raconté, sache qu'on ne répare pas le monde avec un tournevis.

Sirem ne put s'empêcher de rire à son tour. Elle tenait enfin une piste à suivre. Et d'une simple flamme, tout son monde semblait s'être éclairé.

Peu à peu, le feu s'affaiblit, puis s'éteignit tout à fait.

Du brasier de son passé, Sirem ne garderait que les cendres, celles que Ziri lui avait permis de récolter. Des cendres qu'aucun vent ne pourrait disperser.

- De retour ? s'étonna-t-elle.

Le faucon n'esquissa pas le moindre mouvement, ses veux cerclés de jaune toujours rivés sur la page ouverte.

- Tu es sûr de vouloir rester ?

L'oiseau demeura immobile. Et Sirem reporta son attention sur le conte.

- Dans ce cas, bienvenue dans ma cage de papier, souffla-t-elle.

- Si nous le renvoyons, c'est la mort qui attend ce garçon. Tu le sais aussi bien que moi, Sirem.

Elle se mordit la lèvre. La mort hantait son passé, l'accompagnait dans son présent, jusqu'au moindre de ses vêtements. Sirem ne lui laisserait pas une victoire de plus. Même pour un imbécile.