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«23 septembre 1853. Je me suis réveillée au milieu de la nuit. Mon coeur battait à grands coups. Les mots de papa résonnaient en moi : «la future impératrice d'Autriche». Oui, bien sûr, on me l'a dit souvent mais, jusqu'ici, c'est comme si je ne l'entendais pas. François-Joseph prenait toute la place, avec son regard bleu, la chaleur de son bras autour de moi. Maintenant, il n'est plus là, et je reste avec ce titre terrifiant. Que m'arrive-t-il ? Est-ce que j'ai une tête à être impératrice, moi, la petite Sissi de Possenhofen ?»
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2 mars 1853
Aujourd'hui, j'ai décidé de commencer un journal. Cette idée me vient de Néné, ma grande soeur. Elle trouve que je suis trop impétueuse. «Tu ressembles à un petit volcan», me dit-elle souvent. Je dois bien le reconnaître : quand je suis triste, je pleure comme une Madeleine, quand je suis gaie, je ris à gorge déployée, quand je ne suis pas d'accord avec quelqu'un, je le traite de tous les noms d'oiseaux que je connais (et j'en connais beaucoup). Cela ne se fait pas, me dit Néné, une jeune fille bien élevée ne doit pas élever la voix, elle doit être un peu au courant de la politique mais ne pas exprimer d'opinion tranchée. Quand quelqu'un lui adresse la parole, elle doit répondre des banalités en baissant les yeux d'un air modeste. Néné m'a suggéré d'écrire mes sentiments, mes idées sur un cahier, au lieu de les hurler à la tête des gens. Néné a raison. J'ai de la chance d'avoir une soeur parfaite qui me donne d'aussi bons conseils. En plus, elle brode comme une fée, elle danse, elle joue du piano comme un ange, et elle parle couramment le français, qui est une langue impossible à apprendre, pleine de verbes irréguliers, j'en ai la migraine rien que d'y penser.
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2 mars 1853
Aujourd'hui, j'ai décidé de commencer un journal. Cette idée me vient de Néné, ma grande soeur. Elle trouve que je suis trop impétueuse. «Tu ressembles à un petit volcan», me dit-elle souvent. Je dois bien le reconnaître : quand je suis triste, je pleure comme une Madeleine, quand je suis gaie, je ris à gorge déployée, quand je ne suis pas d'accord avec quelqu'un, je le traite de tous les noms d'oiseaux que je connais (et j'en connais beaucoup). Cela ne se fait pas, me dit Néné, une jeune fille bien élevée ne doit pas élever la voix, elle doit être un peu au courant de la politique mais ne pas exprimer d'opinion tranchée. Quand quelqu'un lui adresse la parole, elle doit répondre des banalités en baissant les yeux d'un air modeste. Néné m'a suggéré d'écrire mes sentiments, mes idées sur un cahier, au lieu de les hurler à la tête des gens. Néné a raison. J'ai de la chance d'avoir une soeur parfaite qui me donne d'aussi bons conseils. En plus, elle brode comme une fée, elle danse, elle joue du piano comme un ange, et elle parle couramment le français, qui est une langue impossible à apprendre, pleine de verbes irréguliers, j'en ai la migraine rien que d'y penser.
Comme il faut bien que Néné ait quelque faiblesse, elle n'a aucun don pour l'équitation. Or l'équitation est précisément ma spécialité. J'ai hâte qu'il fasse beau pour me lancer dans la forêt au grand galop avec mon petit frère, Poussin. Quand nous sommes grisés par la vitesse, nous crions «Hourra !» ou bien nous chantons à tue-tête des chansons tyroliennes. Au retour, nous sommes tellement couverts de boue que nous préférons discrètement rentrer par l'escalier de service.
Afficher en entier5 mars 1855.
Elle est là, ma petite Sophie, une vie minuscule qui vient d'éclore entre François-Joseph et moi. Elle est là, comme un bouton de rose fragile, elle ouvre les yeux sur le monde avec stupéfaction, et rien qu'à la contempler, j'ai oublié toutes mes souffrances. Elle est là, et ma belle-mère est venue nous embrasser tous les trois. Elle est là, elle ignore qu'elle est archiduchesse, elle agite ses mains comme des fleurs, et François-Joseph est dans l'extase, il m'a donné un bracelet où j'ai mis une boucle de ses cheveux et de ma petite fille, mêlés, et il quitte sans cesse son bureau pour venir nous voir.
Elle est là et toutes les cloches des églises de Vienne sonnent pour remercier Dieu.
Afficher en entier4 octobre 1854.
Est-ce ma belle-mère qui est enceinte ou moi ? Je pense que c'est elle, puisqu'elle a déjà tout organisé en vue de cette naissance, sans me consulter : le prénom de l'enfant ? Rodolphe, comme le fondateur de la dynastie Habsbourg, ou Sophie, comme elle. La chambre du bébé ? À côté de ses propres appartements et non des miens.
Afficher en entier26 avril 1854.
- L'impératrice d'Autriche ne se jette pas au cou de ses sujets. Elle leur donne sa main à baiser.
C'en était trop ! Je n'avais même pas le droit d'exprimer mon affection à ma famille ! J'ai fondu en larmes et j'ai dû me retirer dans une pièce attenante. François-Joseph est venu me rejoindre. Il a tâché de me réconforter.
Afficher en entier27 avril 1854
J'étais un automate, une marionnette condamnée à se déshabiller et se rhabiller sans cesse : il fallait mettre une robe roumaine pour recevoir la délégation roumaine venue me féliciter pour mon mariage, et ensuite, je mettrais une robe tchèque pour recevoir les Tchèques. À côté de moi, François-Joseph me donnait le bras, en uniforme militaire tchèque, puis roumain, puis slovène, puis grec...
Afficher en entier5 mars 1854.
Horreur ! Abomination ! Ma nuit de noces évoquée devant cent personnes ! Ma nuit de noces payée par un bureau des services de l'État ! J'ai cru m'évanouir... François-Joseph, mon bien-aimé, pourquoi m'infligeais-tu de tels outrages ? Est-ce que je réussirais seulement à t'en parler ?
Afficher en entier21 décembre 1853.
C'est gentil, plein d'amour... mais cela ne me répondait pas. Que peut faire l'impératrice, pendant que l'empereur travaille à son bureau ? L'empereur n'en sait rien. Cette question ne le concerne pas.
Afficher en entierSi je ressens quelques besoin indispensable , je dois sonner une servante qui arrive avec un seau . Je m'exécute derrière un paravent et elle emporte l'ustensile par une porte invisible dans la tenture .
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