Extraits

Spoiler(cliquez pour révéler)Enterre-moi pour que je puisse monter vers Djel. Enterre-moi pour que je m'enracine et que je suive le courant vers le nord.

- Je te le promets, Mathias. Je te ramènerai chez toi.

- Nina, dit-il en posant la main de la jeune femme sur son coeur. Je suis déjà chez moi

- Je ne me suis jamais recueilli sur la tombe de ma mère. Je ne quitterai pas Kerch sans lui dire au revoir.

- Crois-moi, elle s'en fiche, elle.

- Comment peux-tu dire ça ? Tu ne penses jamais à ton père et à ta mère ?

- Ma mère, c'est Ketterdam. Elle m'a enfanté dans le port. Mon père, c'est le profit. Je l'honore tous les jours. Revenez avant la tombée de la nuit ou ne revenez jamais. Tous les deux. J'ai besoin de coéquipiers, pas de sentimentaux.

- Ton père aurait pu faire plein d'autres choix quand il a découvert que tu pouvais pas lire. Il aurait pu prétendre que t'étais aveugle ou que tu voyais mal. Ou mieux encore, il aurait pu se réjouir d'avoir un fils génial.

- Je n'ai rien d'un génie.

- T'es idiot pour beaucoup de choses, Wylan, mais t'es pas un idiot. Et si je t'entends encore une fois te traiter de débile dégénéré, je vais dire à Matthias que t'as essayé d'embrasser Nina. Avec la langue.

- Il te croira jamais, dit Wylan en s'essuyant le nez avec sa manche.

- Alors je dirai à Nina que t'as essayé d'embrasser Matthias. Avec la langue.

- Pourquoi t'arrêtes pas de le regarder ? demanda Kuwei. On se ressemble comme deux gouttes d'eau, lui et moi. T'as qu'à me regarder, moi.

- Je le regarde pas, protesta Jesper. Je... contrôle leurs progrès.

Plus vite Kuwei monterait à bord du bateau, mieux ce serait. Ce repaire devenait surpeuplé.

- Cent mille kruge !

ll jeta un regard perplexe en direction de Kaz.

- Tu les vaux carrément pas.

- C'est le marché qui décide, répliqua Kaz, un sourire se dessinant sur ses lèvres.

- Tu parles, lâcha Jesper, dépité. Ils en offrent que trente mille pour moi.

- Vos vies sont mises à prix, s'offusqua Wylan. Comment pouvez-vous vous comporter comme s'il s'agissait d'un concours ?

- On est coincés dans une tombe, mercurien. On trouve un peu d'action où on peut.

- Quand les gens voient un infirme qui marche dans la rue en s'appuyant sur sa canne, qu'est-ce qui leur traverse l'esprit ?

Wylan détourna le regard. Personne n'osait affronter Kaz directement quand il parlait de son handicap, comme s'il n'était pas conscient de ce quil était ou de comment les gens le voyaient.

- Ils ressentent de la pitié. Et moi, qu'est-ce qu'ils se disent quand c'est moi qu'ils voient arriver ?

- Qu'ils feraient mieux de changer de trottoir, répondit Wylan, un petit sourire aux lèvres.

- Pour l'amour de Ghezen, que quelqu'un mette fin à cette boucherie ! hurla-t-il, désespéré.

- Jesper ne lui a pas tiré dessus, contredit Nina.

- Kaz n'a pas utilisé sa canne, ajouta Inej.

- Vous pensez qu'ils pourraient se tuer à mains nues ?

- Le prix de cette ville est le sang, et je serais heureux de le payer avec le tien.

- J'ai enterré ton fils, déclara Kaz en souriant, savourant chaque mot. Je l'ai enterré vivant, à six pieds sous terre dans un champ rocailleux. Je l'entendais pleurer et réclamer son papa pendant que je creusais et quand je l'ensevelissais. Papa, Papa. Vraiment très mignon.

Rollins se rua sur lui, l'attrapa par le col et le plaqua contre le mur de la chapelle. Kaz ne se débattit pas. Rollins suait comme un fruit pourri, son visage livide de désespoir et de terreur. Kaz s'en délecta. Il voulait graver dans sa mémoire chaque instant de cette torture.

- Ne les laisse pas t'intimider. Tu n'es plus la fille que tu étais. Tu n'es pas qu'une grisha formée pour recevoir des ordres.

- Alors pourquoi est-ce que j'ai juste envie de me blottir dans un coin et sangloter ?

- On est dans une pièce ronde. Tu ne trouveras pas de coin.