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"Je vis désormais dans un monde qui n'a plus ni logique ni conséquences, je ne fais plus ce qu'il faut faire, je fais ce que je suis capable de faire, et, en ces occasions, les félicitations sont toujours bienvenues." P.108
Afficher en entierElle lève les yeux vers lui. Son regard s'assombrit légèrement, prend une intensité noyée.
Barrett demande: "Cherchez-vous un collier pour votre mariage?
- Oh, non. Le mariage. Je veux dire, ce sera en robe blanche, avec les perles de ma belle-mère." <...>
La fille veut sortir de la boutique en arborant ce collier -ce talisman, cette affirmation. 'Je l'ai choisi toute seule, il n'a rien à voir avec mon fiancé.' C'est, sous cette forme mineure, une façon de distiller sa singularité, son intimité inviolable.
Barrette dit: "Bon. Je vais fermer les yeux et en pointer un au hasard. On verra si vous êtes satisfaite de celui que j'aurai désigné ou déçue que je n'aie pas montré l'autre." <...>
La fille se tourne vers le petit miroir ovale dressé sur la vitrine. Elle semble satisfaite de ce qu'elle voit.
"Il est très beau", dit-elle.
Barrett s'apprête à dire: "N'épousez pas ce type. Vous l'aimez en ce moment, il vous éblouit probablement au lit, mais vous savez au fond de vous-même, sans pouvoir l'exprimer, que vous allez être phagocytée, que vous allez vivre dans un monde où vous ne serez pas la bienvenue, et votre passé de jolie fille n'est pas encore suffisamment étoffé, vous lui êtes encore trop reconnaissante de ses attentions. La gratitude s'estompera et vous continuerez à assister à ces déjeuners du dimanche dans le New Jersey, où vous serez simplement tolérée, jusqu'à ce qu'il se mette à prendre le parti de sa famille, à regretter l'esprit de rébellion qui a guidé son choix, à se demander pourquoi il vous a épousée au lieu de la solide Italienne à gros seins que sa mère lui avait choisie. C'est un sujet de sa mère, il vous aime probablement pour le moment, mais son intérêt va s'amenuiser, il va établir une liste de vos défauts, il deviendra maussade et vous reprochera des crimes que vous ignorerez avoir commis.
Au lieu de quoi il dit: "Oui, c'est ravissant. Vous êtes décidée alors?
Afficher en entierEt peut-être – peut-être – que l’amour viendra, et restera. C’est possible. Il n’y a pas de raison évidente pour justifier les caprices de l’amour (pas plus qu’il n’y a de raison évidente qui explique le comportement des neutrons). Ce n’est qu’une question de patience, n’est-ce pas ? De patience, et de refus de renoncer à l’espoir.
Afficher en entierUne neige scintillante et cristalline s'est mise à tomber, assez fine pour être pratiquement invisible, à l'exception des nimbus orangés que répandent les réverbères, petits films qui apparaissent, un par bloc, légers tourbillons d'étincelles dorées, un effet spécial, une illusion projetée dans les halos de lumière encapuchonnés.
Afficher en entierUn mardi, vous rentrez chez vous et vous vous dites : je vais m’arrêter dans ce deli où je ne suis jamais entré, et acheter un Coca. Un mardi, à dix-huit heures trente-deux. Il y a ce grand type debout devant l’armoire réfrigérée, vous ne pensez à rien de particulier à son sujet, aussi tout est-il naturel, il ne faut ni courage ni effort particulier pour demander : « Vous êtes Coca ou Pepsi ? » Il n’est pas étonnant que le grand type se tourne vers vous, qu’il vous adresse un petit sourire songeur, comme s’il s’agissait d’une question sérieuse, et dise : « Pepsi sans hésiter. Coca est pour les Beatles, Pepsi pour les Rolling Stones. »
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