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Mourir de chagrin. J'enfile à la va-vite des escarpins qui traînaient près de la porte d'entrée, je récupère mon sac et mes clés.
Je m'en veux. Terriblement. J'ai cru en ses belles promesses, en ses serments d'amour. Il m'a dit que c'était fini, qu'il arrêtait ses conneries. Il disait m'aimer plus que toutes ces autres femmes avec lesquelles il s'amuse. Il disait m'aimer plus que tout. Quelle conne !
Comment ai-je pu croire en ces sornettes ? Simon n'est pas, et ne sera jamais un homme fidèle.
Je cours dans l'escalier.
Afficher en entierAutre sujet de discorde, les deux autres femmes de sa vie : sa mère, Jacqueline, très possessive, tout comme sa sœur, Clémentine. Si Jacqueline a fini par m’accepter, ce n’est pas le cas de Clémentine.
Je lui ai pris son grand frère chéri !
— Au fait, ta sœur sait que je viens ?
— Oui, oui, elle est ravie, répond-il évasivement.
Ravie ? Tu parles…
Je n’y crois pas une seule seconde. Elle me déteste et ne se cache pas pour me juger et me critiquer plus ou moins ouvertement. C’est bien simple, tout ce que je représente, mon style de vie, mes vêtements, ma façon d’être, la font vomir. Nous sommes si différentes… J’aime les animaux, les bottes en caoutchouc, les jeans élimés, les cols roulés, les vestes d’hommes, alors qu’elle est maniérée au possible et toujours tirée à quatre épingles. Elle pourrait être jolie si elle était plus avenante, moins snob, moins imbue d’elle-même. Je fais semblant de ne pas entendre les saloperies qu’elle débite sur mon dos, mais un jour, je lui rendrai la monnaie de sa pièce.
Afficher en entierJ’ouvre la porte de l’appartement.
Je pose mes clés sur le bar qui fait office de séparation entre la cuisine et la grande pièce salon-salle à manger. Je retire mes Converse, masse mes tempes. Depuis plusieurs jours, une migraine me pourrit la vie, mais aujourd’hui sont venues s’ajouter des nausées, m’obligeant à interrompre l’opération de stérilisation d’une petite minette, et à quitter le cabinet précipitamment après avoir demandé à mon collègue de me remplacer. J’avais froid, chaud, j’étais tellement mal que j’ai cru m’évanouir.
Un peu chancelante, je me traîne jusqu’à la cuisine.
Après avoir pris un médicament antinauséeux dans le petit meuble à pharmacie situé au-dessus de l’évier, je fais couler le robinet, la tête penchée, en me pressant la base du crâne, puis je m’asperge d’eau fraîche. Je suis si fatiguée. Tellement fatiguée que je pourrais m’allonger sur le sol et dormir.
Je tends l’oreille, croyant entendre des voix et des rires de la chambre à coucher. Mais c’est forcément dans ma tête que ça se passe, car, à cette heure-ci, Simon est encore au travail et ne rentrera que très tard. Comme tous les soirs.
Super, maintenant j’ai des hallucinations auditives ! Génial ! Il ne me manquait plus que ça…
Je secoue la tête.
Et j’avale mon remède d’un trait.
Je sais ce qu’il me faut : un bon bain, bien chaud, avec une tonne de mousse parfumée.
Je traverse le salon pour me rendre à la salle de bain avec l’idée d’aller me prélasser dans la baignoire jusqu’à l’arrivée de Simon. Les bruits s’intensifient. Maintenant, je perçois très nettement des gloussements. Je m’arrête à mi-chemin, les sens en alerte ; mon cœur s’affole. Il a compris, lui, bien avant que je ne le réalise moi-même. Il a tout de suite su. Et soudain, je les vois : des vêtements, partout sur le sol, abandonnés pêle-mêle. Les chaussures de Simon, que je reconnais très nettement, sa chemise, son pantalon, un soutien-gorge, un string en dentelle.
Je me retiens au mur pour ne pas tomber. J’avance, pas à pas, le plus discrètement possible. Il faut que je voie, que j’en aie le cœur net. Peut-être que je me trompe, que ce n’est pas ce que je crois. Une petite voix dans ma tête s’esclaffe, me fait comprendre que si, c’est exactement ce que je crois ! D’autant plus que ce n’est pas la première fois qu’il me trahit. Mais jamais dans notre appartement.
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