Commentaires de livres faits par Sobooks
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– Allez les « Léo » ! cria Écho, qui s’était faufilée dans le groupe.
Et comme elle était difficile à voir, les nymphes crurent que la voix émanait de l’une d’entre elles.
– Quel canon je suis, mais quel canon ! clama Léo d’une voix de stentor.
– Quel canon ! hurla Écho.
– T’es qui, toi ? demanda-t-il.
– Je suis Super Léo Macho Keum, man ! dit Léo. Léo Valdez, roi des bad boys ! Les filles adorent les bad boys.
– Adorent les bad boys ! renchérit Écho d’une petite voix aiguë et convaincante.
Léo sortit un stylo et signa son nom sur le bras d’une des nymphes.
– C’est Léo le plus cool ! cria-t-il.
– Léo le plus cool ! cria de plus belle Écho.
– Kiffez-moi, j’suis de la balle !
– De la balle ! enchaîna Écho.
– Place au roi !
– Place au roi !
– Narcisse est une chiffe !
– Une chiffe !
Les nymphes s’écartèrent, interloquées. Léo les chassa d’un geste hautain, comme si elles l’importunaient.
– Pas d’autographes, les filles. Je sais que vous rêvez de respirer un peu de mon air, mais je suis beaucoup trop cool pour ça. Vous avez qu’à vous raccrocher à Narcisse le laideron de la lose. Narcisse le gros nase !
– Gros nase ! répéta Écho avec enthousiasme.
— En prison ?
— À Rome, mon enfant, dit la vieille hippie. À Rome.
Percy n’était pas sûr d’avoir bien entendu. D’accord, il avait perdu la mémoire. D’accord, depuis son réveil à la Maison du Loup, son cerveau lui semblait tourner en sous-régime. Il n’empêche, il était certain, ou presque, que Rome n’était pas en Californie.
Il brandit le plateau devant Sthéno, qui se retrouva face à son reflet graisseux.
— Méduse ! hurla-t-elle.
Sa sœur Euryale était réduite en tas de poussière, mais elle commençait déjà à reprendre forme, comme un bonhomme de neige fondu en mode reverse.
— Sthéno, pauvre cruche ! gargouilla-t-elle dès que son visage aux traits encore mous émergea du tas de poussière. C’est juste ton reflet ! Attrape-le !
Percy asséna violemment le plateau sur la tête de Sthéno, qui perdit connaissance.
— Pardon ?
Vitellius se rengorgea.
— Exactement ! J’étais au bord du fleuve et je me changeais pour ma Liberalia. Le rite de passage à l’âge d’homme, tu sais. On savait faire les choses, à l’époque. J’avais enlevé ma toge d’enfant et je me lavais avant de revêtir la toge d’adulte. Soudain, un poulet d’une blancheur immaculée surgit en courant, plongea sous mon pagne et repartit avec. Je précise que je ne le portais pas.
— C’est une bonne chose, dit Frank. Et si je peux me permettre ? Trop intimes, les détails…
— Hum. (Vitellius ne l’écoutait pas.) C’était le signe que j’étais un descendant d’Esculape, le dieu de la Médecine. J’ai choisi mon cognomen, mon surnom, Reticulus, parce qu’il signifie « vêtement du dessous ». Pour me rappeler le jour béni où un poulet a emporté mon pagne.
— Alors… ton surnom signifie « Monsieur Sous-vêtement » ?
— Loués soient les dieux ! Je suis devenu chirurgien de la légion, et la suite tu la connais. (Il ouvrit grands les bras.) Ne te décourage pas, mon garçon. Ton père est peut-être en retard. Les signes sont rarement aussi spectaculaires que mon poulet, bien sûr. Je me souviens d’un gars qui avait eu une mouche à bouse…
Le tee-shirt eut le bon goût de ne pas répondre.
– Tenez, dit-il avec fierté. Éole me l’a rendu. Je l’ai fait quand j’avais cinq ans. C’est mon destin.
– Léo, le coupa Nyssa en fronçant les sourcils, c’est un dessin de bateau aux crayons de couleur.
La statue demeura de marbre.
– Merci p’pa ! grommela Jason.
– Ouais ! s’écria Léo en tapant son poing dans sa paume.
– Ça va être dangereux, l’avertit Nyssa. Des épreuves, des monstres, toutes sortes de souffrances. Si ça se trouve, aucun de vous ne rentrera vivant.
– Oh ! (Léo sembla perdre son enthousiasme d’un coup. Puis il se rappela que tout le monde le regardait.) Je veux dire… c’est cool ! Des souffrances ? Je kiffe trop. Vas-y, on le fait !
– J’arrive, M’man ! glapit Clovis. Euh… Je veux dire, ouais les gars, je suis réveillé.
– Quoi ? Ça signifie quelque chose ? demanda Jason.
– Hum…, répéta Clovis, et Jason se rendit compte que cette fois-ci il ronflait.
– Clovis ! ! ! hurla-t-il.
– Quoi, qu’est-ce qu’il y a ? (Il battit des paupières.) On parlait d’oreillers, c’est ça ? Ah non, des dieux. Je me souviens. Grecs et romains. Bien sûr, ça pourrait être important.
Je ne pus m’empêcher de sourire.
— Et je vais te le rappeler jusqu’à la fin de tes jours…
Elle leva les yeux au ciel puis se dirigea vers le porche.
— Ça y est cette fois j’ai vraiment envie de mourir…
Grand-mère éclata d’un rire d’hyène puis se tourna vers moi.
— On vient justement d’avoir la même conversation.
— Tu l’as menacé de la balancer au fond du lac Champlain ?
— Non. De le dépecer et de déguster ses testicules au petit déjeuner.
Je haussai nonchalamment les épaules.
— C’est bien aussi.
La gorge du jeune chaman émit un bruit étrange tandis que je démarrais en direction de Colchester.
— Si ta mère et moi nous ne nous sommes pas encore entretuées, oui, répondit grand-mère.
— Oh, je ne m’inquiète pas pour ça, maman est trop forte et tu es trop faible pour le moment, elle t’écraserait. Non, ce que je voulais dire c’était que j’ai plein de questions à te poser. Elle marqua une pause puis ajouta tout de même :
— Mais au pire, si tu es morte, je pourrai toujours te contacter… je parle aux esprits, tu te souviens ?
— Je me souviens.
Grand-mère hocha la tête.
— Bon ben salut !
— Vous êtes marrantes toutes les deux ! Même expression flippante sur le visage, même regard de tueuses, même attitude de psychopathes… est-ce que toutes les Vikaris sont comme ça ou c’est seulement un truc de famille ?
Je voyais d’ici le topo : « Mais non monsieur l’agent, je ne suis pas exhibitionniste, y a une vieille dame vindicative qui a essayé de tuer ma coloc’ et a fait exploser mon appartement…
Au fond, j’étais vernie… Ma grand-mère à moi cherchait seulement à me tuer… comme quoi…
--Quel garçon? demandai-je d'un ton faussement innocent.
--Celui avec qui tu parlais.
--Un vendeur de hot dog, fis-je en m'efforçant de ne pas rire.
--Tu te fous de moi?
Je poussai un profond soupir.
— Clarence ? T'es mort ?
Il parvint à sourire, la main sur sa poitrine ensanglantée.
— Pas encore.
— Ah non ? dis-je surprise.
— Non, c'est à lui, dit-elle en tournant la tête vers Bruce. J'ai dû me taper toutes ces saloperies de novelas à la télé et il m'a fait la morale toute la journée...
Il s'esclaffa et lui tendit son verre.
— Bois, ça va te remonter. Et si tu y tiens, je t'emmènerai au parc avant de partir pour t'entraîner, ça te donnera l'occasion de te venger, dit-il en l'embrassant gentiment sur le front.
— Je suis complètement courbaturée et toi tu veux m'achever ? Tu n'es qu'un sadique ! déclara-t-elle avant de vider d'un trait le verre de sang tiède qu'il lui tendait.
Génial, et ils font comment avant ? Ils appellent leurs bébés « bidule », « truc » ou « machin-chose » ?
Il me jeta un regard surpris.
— Tu me remercies ? Toi ?
— C'est la moindre des choses.
Il siffla et s'approcha à quelques centimètres de mon visage en plongeant ses yeux dans les miens.
— Qu'est-ce que vous faites ? demandai-je.
— Je vérifie que tu n'es pas possédée, plaisanta-t-il.
Je ne pus m'empêcher de rire.
– Qui c’est ? demanda Léo.
– Valdez ! gronda Tête de Loup.
– Valdez qui ?