Il crèvera au crépuscule, il le sait, il l'a trop souvent dit, parce qu'il sera là pour le prendre dans ses bras, le bercer comme sa connasse de mère ne l'a jamais fait et le déposer au creux d'un coin doux, un coin de mousse, comme disait il ne sait plus quel poète, avec deux trous au côté droit : un pour le coeur et un pour le foie, vu ce qu'il a picolé dans sa vie.
" Parce que tu as le coeur à droite toi ? ricane Hannah, dans sa mémoire. Parce que tu a un coeur ?!"
Il en a un. Pas fiable, son coeur. Il s'étouffe avec. Il paraît même que c'est une maladie, une malformation, d'avoir un coeur pareil. Trop rythmé, trop sensible, ce qui lui valait l'assurance de se prendre plus de rtempes que les autres. Un coeur qui lui a fait faire tellement de conneries, qui lui a valu tellement de gifles et de coups de pied qu'il a fini par flipper dès qu'il se mettait en branle. Un coeur qui l'empêchait de tuer quoi que ce soit de vivant, même pas le plus petit des insectes, même pas les punaises de lit qui le bouffaient chaque nuit, un coeur qui le fait s'essouffler plus vite que les autres, depuis l'enfance, et le laisse toujours à la traîne.
Un traitre, ce coeur.

Il était une fois une femme qui écrivait des lettres à propos de la lune, il était une fois une petite fille toute fière d'avoir deux grands frères, il était une fois un homme à qui on pouvait tout raconter et qui vous racontait tout en retour ; les voilà tous morts désormais, à part la lune qui n'est rien d'autres qu'un bloc dans l'univers, un bloc de pierre inerte dont les astéroïdes ont brouillé la surface.

- Ca me paraît assez élevé comme température pour modeler les écailles, estima le mage.
- Je sais, ta manche est en train de cramer.

Prudemment, le mage avança un peu... puis se rejeta en arrière en retenant un cri.
Le coeur battant, il battit en retraite dans le rayonnage suivant, regardant au-dessus de la tranche des livres et dans les interstices, la créature qui avançait de l'autre côté.
C'était idiot. Infantile même.
Et ce n'était pas son sang de Dragon qui lui avait dicté de fuir.
Il venait juste d'apercevoir la femme la plus moche qu'il ait jamais rencontrée.
[...]
Du bout de son rayonnage, la femme-gorgone le fixait, immobile.
Sans la moindre dignité, Darkha prit la fuite.

Derrière eux se tenait un groupe de personnes des deux sexes et de plusieurs âges. Pour une raison qui ni Darkha ni Eri ne comprirent, aucun d'eux ne leur parut réellement humain.

- Vous connaissez bien le Dragon qui vous a engendré ?
- Il a changé mes couches, joué avec moi, il m'a grondé et mis des claques aux fesses quand je n'étais pas sage, rétorqua le mage. Quand j'avais peur, je me cachais dans ses bras et il m'a raconté des histoires pour me faire patienter la nuit, quand je ne dormais pas.
Darkha haussa les épaules.
- C'est mon père.

On a retrouvé le meneur de la conspiration égorgé dans son lit, une pomme enfoncée dans sa bouche façon porc prêt à cuire.
- Comme signature, c'est original, c'est fin, c'est discret. C'est tout toi Silas.

"- Moi, j'étais fait pour aimer, mais pas là où il fallait, ni comme il le fallait. Puni aussi. Mais pour quoi ? Pour qu'elles fautes ? Est-ce Dieu ou les hommes qui sont mauvais ? Pourtant Dieu existe, Don Juan, Dieu existe. Car ce que j'ai senti pour vous, c'est cela, Dieu."

Don Juan - On aime toujours trop quand on aime vraiment. L'excès est de rigueur. Et que faites-vous, chevalier ?
Le Jeune homme - je fuis.
Don Juan - vous fuyez ?
Le jeune homme - Beaucoup.
Don Juan - La police ?
Le Jeune homme (riant) - Moi-même. Mais je ne perds jamais ma trace, je me rattrape toujours. Il n'y aurait que le vin qui me permettrait de m'égarer un instant mais chaque matin, clac, je me retrouve et je me resuis pour toute la journée.

Kaz regarda l'ile Blanche, la tête penchée, les yeux légèrement dans le vague.
- Son air de comploteur, remarqua Inej.
- Clairement, confirma Jesper.

- Je me demande ce que Matthias dirait de ta tenue...
- Il n'approuverait pas.
- Il n'approuve rien chez toi. Mais quand tu ris, il s'épanouit comme une tulipe dans l'eau fraiche.
- Matthias la tulipe, gloussa Nina.
- La grande tulipe jaune taciturne.