Ajouter un extrait
Liste des extraits
Oui, mais nous ne sommes des amoureux que trois minutes à la fois.
Afficher en entierTout le monde devrait pouvoir changer nom de temps à autre.
Afficher en entierJe ne sais pas. On se fabrique des histoires avec une tête et une queue, une logique inventée, pour que la vie puisse sembler avoir un sens.
Afficher en entierAssis du côté sud de l'église, je fumais une cigarette. Je ne saurais trop dire pourquoi je fume. Car je ne suis pas dépendant. Je veux dire, mon sang ne réclame pas de nicotine. Ce n'est pas ça. C'est autre chose. Quelque chose dans l'acte. Qui m'apaise. Probablement aurais-je aussi bien pu fumer du foin. Suis-je dépendant de la drogue ? Non, je ne le crois pas du tout. Je suis peut-être alcoolique, mais je ne suis foutrement pas sûr de ça non plus. En tout cas j'aime planer, être allumé, bourré, c'est clair. Et le Valium. J'aime bien prendre du Valium. Ou plus exactement, je n'aime pas ne pas en prendre. C'est pourquoi c'est aussi le seul stupéfiant que j'aie eu le sentiment de devoir arrêter.
Afficher en entierLa porte de la sacristie s'ouvrit. Je me retournai. Une femme sortit, s'arrêta, resta à m'observer. Mon premier constat fut qu'elle était jeune pour une femme de ménage. Et qu'elle avait l'air forte. Les veines saillaient sur son avant-bras et la main qui tenait le seau, dont l'eau débordait. Elle était large d'épaules, mais avait la taille fine. Ses jambes étaient cachées sous une jupe plissée noire à l'ancienne. La deuxième chose qui me frappa fut sa chevelure. Longue et si foncée que la lumière des fenêtres hautes la faisait scintiller. Retenue par une simple pince.
Afficher en entierJe continuai de respirer, sentis mon pouls s'apaiser. Mon corps avait compris ce que ma tête n'avait pas encore conclu : si c'était l'un d'eux, il ne m'aurait pas tapoté légèrement, mais se serait contenté de retirer l'aube pour établir que j'étais bien la bonne personne, avant de me poivrer comme une potée de chou au mouton faisandé.
Afficher en entierJe restai à regarder le plafond. Juste après l'enterrement, quand je n'arrivais pas à dormir, j'avais pris du Valium. Je ne sais pas si j'avais développé une dépendance, mais en tout cas il m'était devenu difficile de m'endormir sans. Il s'agissait maintenant d'être suffisamment épuisé.
Je remontai de nouveau l'aube et fermai les yeux. Soixante-dix heures en fuite. Mille huit cents kilomètres. Une ou deux heures de sommeil sur des sièges de train et de car. Suffisamment épuisé, je devais l'être.
Afficher en entierPeut-être était-ce le soleil qui brillait alors qu'on était au milieu de la nuit, ou le profond silence, ce village avait en tout cas quelque chose d'étrangement abandonné. Les maisons semblaient avoir été construites à la va-vite, sans soin ni attention. Elles ne paraissaient pas manquer de solidité, pourtant, plus qu'un foyer, elles donnaient l'impression de n'être qu'un toit sur la tête. Elles étaient fonctionnelles. Pour affronter les intempéries, des panneaux de façade ne nécessitant pas d'être repeints régulièrement. Des épaves de voitures dans des jardins qui n'en étaient pas, mais évoquaient plutôt des enclos de bruyère et de bouleaux. Des poussettes, pas de jouets. Seules quelques maisons avaient des rideaux aux fenêtres. Les vitres nues reflétaient le soleil et ainsi protégeaient des regards. Comme les lunettes noires de quelqu'un qui ne veut pas qu'on examine son âme de trop près.
Afficher en entierIl se dirigea vers moi dans un singulier dandinement, les jambes arquées au point que je voyais la route derrière lui entre ses genoux. Quand il approcha, je m'aperçus toutefois que ce n'était pas la coiffe d'un bouffon qu'il avait sur la tête, mais un bonnet same. Bleu, rouge, jaune, ne manquaient que les grelots. Il portait des bottes en peau claire et son anorak était parsemé de bouts d'adhésif noir et de déchirures d'où s'échappait un contenu marronnasse évoquant davantage la ouate d'isolation que les plumes.
Afficher en entierJ'enfilai ma veste de costume, attrapai mon sac en cuir et me mis à marcher. Dans la poche de ma veste, le pistolet battait contre ma hanche. Directement sur l'os. J'avais toujours été trop maigre. Je m'arrêtai pour abaisser la ceinture-portefeuille sous ma chemise afin d'amortir les coups avec les billets.
Afficher en entier