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Extrait ajouté par labaleinepipelette 2022-02-07T23:02:04+01:00

- Savoure bien ta cigarette, Mattie, dit-il doucement. C'est la dernière.

Un nouveau petit nuage blanc se forma devant ses lèvres puis s'effilocha entre eux.

- Vraiment ?

- J'ai des idées très précises sur l'attitude que devra adopter ma femme, répondit-il en souriant. Elle vivra dans ma maison et ne travaillera pas - si tu appelles travailler ce semblant de job dans cette boîte de relations publiques où tu t'exhibes en tenue indécente.

- Je vois. Ce sera un vrai mariage moyenâgeux, en harmonie avec la cour que tu me fais en ce moment. De plus en plus excitant !

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Extrait ajouté par Underworld 2019-12-29T16:28:31+01:00

** Extrait offert par Caitlin Crews **

1.

Immobile devant la haute fenêtre, Mattie tenta de se persuader qu’elle avait mal compris les paroles de son frère.

La pluie fouettait les vitres, projetée par le vent d’octobre qui forçait les arbres dépouillés à se courber au-dessus des pelouses clairsemées descendant vers l’Hudson. Tout semblait absorbé dans la grisaille, de laquelle ressortait à peine le vert foncé des pins — couleur qui avait donné son nom au vieux manoir de brique, Greenleigh, situé à deux heures de route au nord de Manhattan.

Dans son dos, installé derrière le bureau qui, pour elle, demeurerait toujours celui de leur père, Chase restait silencieux. Il n’y aurait pas d’échappatoire, songea-t-elle avec un frisson glacé. Mais, au fond, elle avait toujours su que ce jour viendrait. Tôt ou tard.

— Je n’ai pas bien entendu, dit-elle enfin.

— Ce n’est pas vrai, répliqua Chase d’une voix rauque.

Le trouble évident de son frère aurait dû la réconforter. C’était toujours mieux que son habituelle attitude polie et distante. Au contraire, il ne fit que renforcer son sentiment de solitude.

— Répète ce que tu as dit, alors.

Mattie appuya les doigts sur la vitre et laissa le froid se propager en elle. Cela ne sert à rien de se lamenter devant l’inéluctable, aurait dit leur père, avec le pragmatisme mêlé d’indifférence qu’il avait adopté vis-à-vis de tout après la perte de sa femme. Garde tes larmes pour les situations que tu peux changer, Mattie.

Quand Chase soupira, elle comprit que, si elle se retournait, elle verrait l’homme au sourire légèrement moqueur, très british, dont la photo s’étalait régulièrement dans les tabloïds anglais. Son frère s’était installé à Londres comme pour rendre hommage à la mémoire de leur mère, et avait adopté le comportement flegmatique et cynique de ses habitants.

Quatre mois plus tôt, leur père s’était éteint à son tour, brutalement. Sa mort avait sans doute porté un coup encore plus sévère à Chase, qui se voyait obligé de se montrer à la hauteur du génie en affaires qu’avait été Bart Whitaker. Mais, pour l’instant, Mattie ne se sentait pas encline à le plaindre.

Elle ne se retourna pas, dans le vain espoir de repousser le moment d’affronter la réalité. Dans le même temps, les souvenirs qu’elle s’efforçait d’oublier remontaient déjà à la surface : l’odeur du cuir des sièges de cette satanée voiture, sa propre voix qui chantait, puis les cris alors que crissaient les pneus… Mattie éradiqua la vision. Impitoyablement. Ses mains tremblaient.

— Tu m’as promis que nous ferions front ensemble, dit Chase avec calme, au lieu de lui répéter ce qu’elle avait fait semblant de ne pas entendre.

Il avait raison, elle avait employé exactement ces termes lors des funérailles de leur père ; sans vraiment songer à leurs conséquences.

— Il n’y a plus que toi et moi, à présent, Mats.

Il ne l’avait pas appelée ainsi depuis très longtemps, depuis le jour où… Mattie le détesta d’utiliser ce surnom dans un but abject.

— Toi et moi, plus le mari tout neuf à qui tu vas me fourguer comme une vache bien grasse, corrigea-t-elle d’un ton neutre. Je ne m’étais pas rendu compte que nous vivions encore au Moyen Age.

— Papa avait toujours été clair sur le sujet. Pour lui, les mariages arrangés ne pouvaient qu’améliorer les affaires.

Cette fois, une pointe de sarcasme avait teinté la voix de Chase. A moins qu’il ne s’agisse d’amertume, supputa Mattie en se retournant enfin. Son frère l’observait de ses yeux bleu foncé, les bras croisés sur son torse, l’air détaché.

— Je suis dans la même situation que toi, poursuivit-il. Depuis les obsèques, Amos Elliott me harcèle littéralement. Il m’a fait savoir que si je le débarrassais de l’une de ses filles, je prendrais davantage de plaisir aux négociations avec le conseil d’administration. Bienvenue au Moyen Age, sœurette.

Un petit rire triste échappa à Mattie.

— Si tu croyais me réconforter, c’est raté. Cela ne fait qu’ajouter à la misère qui nous entoure.

— Nous avons besoin d’argent et de soutien. De beaucoup d’argent, et de soutien concret, dit lentement son frère. Sinon nous perdrons l’entreprise. Cela ne servirait à rien d’enjoliver la situation : les actionnaires se rebiffent, Amos Elliott et le conseil d’administration complotent contre moi. En ce moment même. Il s’agit de notre héritage et nous sommes à deux doigts de le perdre.

Ainsi que ce qu’il restait d’eux-mêmes. Il ne le dit pas mais c’était tout comme. Ces mots résonnèrent en Mattie comme s’il les avait claironnés. Et elle entendait aussi ce qu’il pensait très fort : que c’était elle la responsable de la mort de leur mère. Mais Chase n’avait pas besoin de le dire. Il n’aurait jamais besoin de le faire — Mattie y songeait quasiment sans cesse.

— Ce que tu me demandes n’en demeure pas moins un énorme sacrifice, fit-elle toutefois remarquer. Je pourrais considérer ce mariage comme une occasion de m’en aller. De recommencer ma vie sans avoir à m’inquiéter de la désapprobation paternelle ou de celle des actionnaires rétrogrades de Whitaker Industries.

Le visage fermé de son frère était celui d’un étranger, constata-t-elle avec un serrement de cœur.

— Tu pourrais faire la même chose, ajouta-t-elle.

— En effet. Mais nous ne ferions que confirmer l’opinion que papa a toujours eue de nous : que nous sommes des bons à rien. Je ne peux pas le supporter. Et toi non plus, j’en suis sûr. Et, en venant ici aujourd’hui, j’imagine que tu savais que nous n’avions pas le choix.

— Tu veux dire : avant que je ne réponde à ta sommation ? riposta-t-elle.

Elle serra les poings, peut-être pour ne pas pleurer. Tout sauf les larmes. Surtout maintenant, alors que Chase avait raison. Après ce qu’elle avait fait vingt ans plus tôt, elle ne pourrait supporter de voir s’écrouler le peu qu’il restait de leur famille. A l’origine, tout était sa faute. Par conséquent, elle jouerait son rôle. Pour s’en sortir et pour réparer.

— Quand es-tu arrivé de Londres ? demanda-t-elle.

Son frère eut soudain l’air mal à l’aise.

— Il y a une semaine.

— Mais tu ne m’as appelée que lorsque tu as eu besoin de me vendre. Je suis vraiment touchée.

— Très bien, dit-il d’un ton brusque en se passant une main dans les cheveux. Reporte tout sur moi. Cela ne changera rien.

Mattie eut honte de son attitude mais ne pouvait s’arrêter :

— C’est vrai, je le savais avant de venir. Mais cela ne change rien, en effet, à la perspective d’être livrée pieds et poings liés au sinistre Nico Stathis. J’exagère à peine, Chase !

La bouche de son frère frémit imperceptiblement.

— Ne manque pas de le lui dire toi-même. Je suis certain que cela l’amusera beaucoup…

— Effectivement, Nico m’a toujours trouvée très amusante.

Mattie avait dû redresser les épaules pour pouvoir proférer ce mensonge colossal.

— Je suis même sûre que c’est pour cette raison qu’il persiste à vouloir m’épouser. En plus de son vieux fantasme de fusionner nos deux empires, bien sûr. Maintenant, il va pouvoir jouer au grand seigneur, qui a la plus grande, la plus grosse…

Elle se rappela brusquement à qui elle parlait. Même s’ils n’étaient pas aussi proches qu’elle l’aurait souhaité, Chase demeurait néanmoins son grand frère.

— La plus grosse part, reprit-elle avec un léger sourire. D’actions.

— Je l’avais bien compris, répliqua Chase d’un air pince-sans-rire.

Mais Mattie avait perçu une pointe de regret dans sa voix, de tristesse. Le grand Bart Whitaker avait représenté une institution à lui tout seul. Sa mort, quatre mois plus tôt, avait pris tout le monde de court. Personne n’avait eu le temps de se préparer. Chase s’était retrouvé brutalement catapulté à la tête de Whitaker Industries, selon le testament de leur père.

Et il devait assumer la lourde tâche d’apaiser les craintes du conseil d’administration et des principaux actionnaires, qui ne connaissaient de lui que les ragots colportés par la presse people.

Face à trop de défis, de risques et d’ennemis, ni lui ni elle n’avait eu le temps de faire son deuil. Ils avaient toujours aimé leur père, même si leur affection avait emprunté des voies compliquées, surtout après la mort de leur mère. Par conséquent, ils feraient chacun leur devoir, Mattie avait toujours su qu’il en irait ainsi. Et elle ferait de son mieux, en ignorant l’endroit profond, enfoui dans sa poitrine, qui faisait si mal. Qui était terrifié par les émotions que Nico Stathis avait le pouvoir d’éveiller en elle.

— Il est ici, n’est-ce pas ?

— Il a dit qu’il t’attendrait dans la bibliothèque.

Elle baissa les yeux pour se concentrer sur la surface satinée du bureau en merisier, et son père lui manqua soudain avec une telle violence qu’elle en eut le vertige. A cet instant, elle aurait donné n’importe quoi pour revoir son visage anguleux. Pour entendre sa voix grave, qui lui aurait pourtant ordonné d’agir comme Chase lui commandait de le faire, il l’en avait menacée à maintes reprises au cours des dix années précédentes.

Désormais, tout était précaire et dangereux. Bart Whitaker parti, il n’y avait plus qu’eux deux, le frère et la sœur, face au monde extérieur. Après le décès de leur mère, aristocrate anglaise raffinée, ils avaient échoué dans des pensionnats séparés, en Angleterre, puis des universités de pays différents, avant de mener leur vie d’adulte de chaque côté de l’Atlantique. Tout cela, aussi, était sa faute. Mattie reconnaissait sa culpabilité et acceptait le verdict, mais peut-être pas avec autant de dignité et de bonne grâce qu’il l’aurait fallu.

— Eh bien, lança-t-elle d’un ton jovial en regardant son frère. J’espère que nous te verrons au mariage, Chase, lorsque je serai conduite à l’autel enchaînée — peut-être au sens littéral du terme !

— Si je pouvais changer quoi que ce soit, je le ferais, soupira-t-il. Tu le sais, n’est-ce pas ?

A quoi bon se lamenter ? se répéta Mattie. Nico avait beau être la plaie de son existence, elle saurait gérer la situation. Comme elle la gérait depuis dix ans.

Elle s’avança vers la porte la tête haute, comme si elle croyait à son propre mensonge — alors qu’en réalité elle se sacrifiait pour apaiser sa culpabilité et accomplir son devoir. Et qu’elle avait vraiment l’impression d’aller à sa perte.

* * *

Nico Stathis était somptueux. Si somptueux qu’il aurait été tentant d’oublier le danger qu’il représentait pour elle. Sa beauté ténébreuse brouillait les cartes, transformant Mattie en un agglomérat de nœuds et de désespoir.

Debout devant la porte-fenêtre à l’autre extrémité de la bibliothèque, il tournait le dos à la chaleur et à la lumière de la pièce aux murs tapissés de livres, le regard perdu au loin dans la grisaille. Mais son calme apparent ne parvenait pas à dissimuler le tempérament le plus impitoyable, le plus implacable auquel Mattie ait jamais été confrontée. Sa force se devinait au premier coup d’œil. Ses épais cheveux de jais, sa pose gracieuse, la séduction de sa bouche ferme — dont elle ne voyait que le reflet sur la vitre : un charisme menaçant émanait de tout son être, en dépit de l’allure à la fois élégante et décontractée de sa tenue.

Quand Mattie s’avança vers lui, il ne se retourna pas, mais elle savait qu’il était tout à fait conscient de sa présence. Il l’avait été dès l’instant où elle avait descendu l’escalier donnant dans le grand hall, à côté de la bibliothèque. Il l’était toujours, à tel point que Mattie avait souvent songé qu’il était à moitié chat ; quant à l’autre moitié, elle préférait ne pas s’interroger sur sa nature…

— J’espère que tu ne jubiles pas, Nico, dit-elle d’un ton brusque.

Car il ne fallait surtout pas attendre qu’il pivote lentement sur lui-même et darde son regard sombre sur elle. Mattie se sentait déjà assez vulnérable comme cela.

— C’est si peu… séduisant, ajouta-t-elle du bout des lèvres.

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Extrait ajouté par Underworld 2019-12-29T16:26:19+01:00

** Extrait offert par Caitlin Crews ** (VO)

If she stood very still—if she held her breath and kept herself from so much as blinking—Mattie Whitaker was sure she could make the words that her older brother Chase had just said to her disappear. Rewind them then erase them entirely.

Outside the rambling old mansion high above the Hudson River some two hours north of Manhattan, the cold rain came down in sheets. Stark, weather-stripped trees slapped back against the October wind all the way down the battered brown lawn toward the sullen river, and the estate had shrunk to blurred gray clouds, solemn green pines and the solid shape of the old brick house called Greenleigh, despite the lack of much remaining green. Behind her, at the desk that she would always think of as her father's no matter how many months he'd been gone now, Chase was silent.

There would be no rewinding. No erasing. No escaping what she knew was coming. But then, if she was honest, she'd always known this day would arrive. Sooner or later.

"I didn't hear you correctly," Mattie said. Eventually.

"We both know you did."

It should have made her feel better that he sounded as torn as she felt, which was better than that polite distance with which he usually treated her. It didn't.

"Say it again, then." She pressed her fingers against the frigid windowpane before her and let the cold soak into her skin. No use crying over the inevitable, her father would have said in that bleakly matter-of-fact way he'd said everything after they'd lost their mother.

Save your tears for things you can change, Mattie.

Chase sighed, and Mattie knew that if she turned to look at him, he'd be a pale shell of the grinning, always-in-on-the-joke British tabloid staple he'd been throughout his widely celebrated bachelorhood in London, where he'd lived as some kind of tribute to their long-dead British mother. It had been a long, hard four months since their father had dropped dead unexpectedly. Harder on Chase, she expected, who had all their father's corporate genius to live up to, but she didn't feel like being generous just now. About anything.

Mattie still didn't turn around. That might make this real.

Not that hiding from things has ever worked, either, whispered a wry voice inside her that remembered all the things she wanted to forget—the smell of the leather seats in that doomed car, the screech of the tires, her own voice singing them straight into hell—

Mattie shut that down. Fast and hard. But her hands were shaking.

"You promised me we'd do this together," Chase said quietly instead of repeating himself. Which was true. She'd said exactly that at their father's funeral, sick with loss and grief, and not really considering the implications. "It's you and me now, Mats."

He hadn't called her that in a very long time, since they'd been trapped in that car together, in fact, and she hated that he was doing it now, for this ugly purpose. She steeled herself against it. Against him.

"You and me and the brand-new husband you're selling me off to like some kind of fatted cow, you mean," Mat-tie corrected him, her voice cool, which was much better than bitter. Or panicked. Or terrified. "I didn't realize we were living in the Dark Ages."

"Dad was nothing if not clear that smart, carefully chosen marriages lead to better business practices." Chase's voice was sardonic then, or maybe that was bitterness, and Mattie turned, at last, to find him watching her with that hollow look in his dark blue eyes and his arms crossed over his chest. "I'm in the same boat. Amos Elliott has been gunning for me since the day of the funeral but he's made it known that if I take one of his daughters off his hands, I'll find my dealings with the Board of Directors that much more pleasant. Welcome to the Dark Ages, Mattie."

She laughed, but it was an empty sound. "Should that make me feel better? Because it doesn't. It's nothing but a little more misery to spread around."

"We need money and support—serious money and very concrete support—or we lose the company," Chase said, his voice flat and low. So unlike him, really, if Mattie wanted to consider that. She didn't. "There's no prettying that up. The shareholders are mutinous. Amos Elliott and the Board of Directors are plotting my downfall as we speak. This is our legacy and we're on the brink of losing it."

And what's left of them—of us. He didn't say that last part, but he might as well have. It echoed inside of Mattie as if he'd shouted it through a bullhorn, and she heard the rest of it, too. The part where he reminded her who was to blame for losing their mother—but then, he didn't have to remind her. He'd never had to remind her and he never had. There was no point. There was scarcely a moment in her entire life when she didn't remind herself.

Still. "This is a major sacrifice, to put it mildly," she pointed out, because the thoughtless, careless, giddily reckless creature she played in the tabloids would. "I could view this as an opportunity to walk away, instead. Start my life over without having to worry about parental disapproval or the stuffy, disapproving Whitaker Industries shareholders." She studied her brother's hard, closed-off expression as if she was a stranger to him, and she blamed herself for that, too. "You could do the same."

"Yes," Chase agreed, his voice cool. "But then we'd be the useless creatures Dad already thought we were. I can't live with that. I don't think you can, either. And I imagine you knew we had no other options but this before you came here today."

"You mean before I answered your summons?" Mattie clenched her shaking hands into fists. It was better than tears. Anything was better than tears. Particularly because Chase was right. She couldn't live with what she'd done twenty years ago; she certainly wouldn't be able to live with the fallout if she walked away from the ruins of her family now. This was all her fault, in the end. The least she could do was her part to help fix it. "You've been back from London for how long?"

Her brother looked wary then. "A week."

"But you only called when you needed me to sell myself. I'm touched, really."

"Fine," Chase said roughly, shoving a hand through his dark hair. "Make me the enemy. It doesn't change anything."

"Yes," she agreed then, feeling ashamed of herself for kicking at him, yet unable to stop. "I knew it before I came here. But that doesn't mean I'm happy to go gentle into the deep, dark night that is Nicodemus Stathis."

Chase's mouth moved in what might have been a smile, had these been happier times. Had either one of them had any choice in this. Had he done much smiling in her direction in the past twenty years. "Make sure you tell him that yourself. I'm sure he'll find that entertaining."

"Nicodemus has always found me wildly entertaining," Mattie said, and it felt better to square her shoulders, to lengthen her spine, as she told that whopper of a lie. It felt better to make her voice brisk and to smooth her palms down the front of the deliberately very black dress she'd worn, to send the message she wished she could, too. "I'm sure if you asked him he'd list that in the top five reasons he's always insisted he wanted to marry me. That and his fantasy of merging our two corporate kingdoms like some feudal wet dream in which he gets to play lord of the castle with the biggest, longest, thickest—"

She remembered, belatedly, that she was talking to her older brother, who might not be as close to her as she'd like but was nonetheless her older brother, and smiled faintly.

"Share," she amended. "Of the company. The biggest share."

"Of course that's precisely what you meant," Chase replied drily, but Mattie heard something like an apology in his voice, a kind of sorrow, right underneath what nearly passed for laughter.

Because his hands were tied. Big Bart Whitaker had been an institution unto himself. No one had expected him to simply drop dead four months ago—least of all Bart. There had been no time to prepare. No time to ease Chase from his flashy London VP position into his new role as President and CEO of Whitaker Industries, as had always been Bart's ultimate intention. No time to allay the fears of the board and the major shareholders, who only knew Chase from what they read about him in all those smirking British tabloids. No time to grieve when there were too many challenges, too many risks, too many enemies.

Their father had loved the company his own grandfather had built from little more than innate Whitaker stubbornness and a desire to best the likes of Andrew Carnegie. And Mattie thought both she and Chase had always loved their father in their own complicated ways, especially after they'd lost their mother and Big Bart was all they'd had left.

Which meant they would each do what they had to do. There was no escaping this, and if she was honest, Mat-tie had known that long before her father died. It was as inevitable as the preview of the upstate New York winter coming down hard outside, and there was no use pretending otherwise.

Mattie would make the best of it. She would ignore that deep, dark, aching place inside her that simply hurt. That was scared, so very scared, of how Nicodemus Stathis made her feel. And how easy it would be to lose herself in him, until there was nothing left of her at all.

But you owe this to them, she reminded herself sternly. All of them.

"He's here already, isn't he?" she asked after a moment, when there was no putting it off any longer. She could stand here all day and it wouldn't change anything. It would only make the dread in her belly feel more like a brick.

Chase's gaze met hers, which she supposed was a point in his favor, though she wasn't feeling particularly charitable at the moment. "He said he'd wait for you in the library."

She didn't look at her brother again. She looked at the polished cherry desk, instead, and missed their father with a rush that nearly left her lightheaded. She would have done anything, in that moment, to see his craggy face again. To hear that rumbling voice of his, even if he'd only ordered her to do this exact thing, as he'd threatened to do many times over the past ten years.

Now everything was precarious and dangerous, Bart was gone, and they were the only Whitakers left. Chase and Mattie against the world. Even if Chase and Mattie's togetherness had been defined as more of a polite distance in the long years since their aristocratic mother's death—separate boarding schools in the English countryside, universities in different countries and adult lives on opposite sides of the Atlantic Ocean. But Mattie knew that all of that, too, was her fault.

She was the guilty party. She would accept her sentence, though perhaps not as gracefully as she should.

"Well," she said brightly as she turned toward the door. "I hope we'll see you at the wedding, Chase. I'll be the one dragged up the aisle in chains, possibly literally. It will be like sacrificing the local virgin to appease the ravenous dragon. I'll try not to scream too loudly while being burned alive, etcetera."

Chase sighed. "If I could change any of this, I would. You know that's true."

But he could have been talking about so many things, and Mattie knew that the truth was that she'd save her tears because they were useless. And maybe she'd save the family business, too, while she was at it. It was, truly, the least she could do.

Nicodemus Stathis might have been the bane of her existence for as long as she could remember, but she could handle him. She'd been handling him for years.

She could do this.

So she held her head up high—almost as if she believed that—and she marched off to assuage her guilt and do her duty, at last, however much it felt like she was walking straight toward her own doom.

* * *

The worst thing about Nicodemus Stathis was that he was gorgeous, Mattie thought moments later in that mix of unwanted desire and sheer, unreasonable panic that he always brought out in her. So gorgeous it was tempting to overlook all the rest of the things he was, like profoundly dangerous to her. So gorgeous it had a way of confusing the issue, tangling her up into knots and making her despair of herself.

So absurdly gorgeous, in fact, that it was nothing but unfair.

He stood by the French doors on the far side of the library, his strong back to the warmth and the light of the book-laden room, his attention somewhere out in all that gray and rattling wet. He stood quietly, but that did nothing to disguise the fact that he was the most ruthless, wholly relentless man she'd ever known. It was obvious at a glance. The thick, jet-black hair, the graceful way he held his obviously dangerous form so still, the harsh be-guilement of the mouth she could only see in the reflection of the glass. The menace in him that his smooth, sleek clothes couldn't begin to conceal. He didn't turn to look at her as she made her way toward him, but she knew perfectly well he knew she was there.

He'd have known the moment she descended the stairs in the great hall outside the library. He always knew. She'd often thought he was half cat. She didn't like to speculate about the other half, but she was fairly certain it, too, had fangs.

"I hope you're not gloating, Nicodemus," she said briskly, because she thought simply waiting for him to turn around and fix those unholy dark eyes of his on her might make her dizzy—and she felt vulnerable enough as it was. She thought she could smell the smug male satisfaction heavy in the air, choking the oxygen from the room as surely as if one of the fireplaces had backed up. It put her teeth on edge. "It's so unattractive."

"At this point the hole you have dug for yourself rivals a swimming pool or two," Nicodemus replied, in that voice of his that reverberated in her the way it always had, low and dangerous with that hint of his Greek childhood still clinging to his words and wrapping tight around the center of her. "But by all means, Mattie. Keep digging."

"Here I am," she said brightly. "Sacrificial lamb to the slaughter, as ordered. What a happy day this must be for you."

Nicodemus turned then. Slowly, so slowly, like that might take the edge off the swift, hard punch of seeing him full on. It didn't, of course. Nothing ever did. Mattie ordered herself to breathe—and not to keel over. He was as absurdly gorgeous as ever, damn him. No disfiguring accidents had turned him into a troll since she'd seen him at her father's funeral.

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Extrait ajouté par Csirene 2016-02-29T11:10:57+01:00

1.

Immobile devant la haute fenêtre, Mattie tenta de se persuader qu’elle avait mal compris les paroles de son frère.

La pluie fouettait les vitres, projetée par le vent d’octobre qui forçait les arbres dépouillés à se courber au-dessus des pelouses clairsemées descendant vers l’Hudson. Tout semblait absorbé dans la grisaille, de laquelle ressortait

à peine le vert foncé des pins — couleur qui avait donné

son nom au vieux manoir de brique, Greenleigh, situé à

deux heures de route au nord de Manhattan.

Dans son dos, installé derrière le bureau qui, pour elle, demeurerait toujours celui de leur père, Chase restait silencieux. Il n’y aurait pas d’échappatoire, songea-t-elle avec un frisson glacé. Mais, au fond, elle avait toujours su que ce jour viendrait. Tôt ou tard.

— Je n’ai pas bien entendu, dit-elle enfin.

— Ce n’est pas vrai, répliqua Chase d’une voix rauque.

Le trouble évident de son frère aurait dû la réconforter.

C’était toujours mieux que son habituelle attitude polie et distante. Au contraire, il ne fit que renforcer son sentiment de solitude.

— Répète ce que tu as dit, alors.

Mattie appuya les doigts sur la vitre et laissa le froid se propager en elle. Cela ne sert à rien de se lamenter devant l’inéluctable, aurait dit leur père, avec le prag-

8 matisme mêlé d’indifférence qu’il avait adopté vis-à-vis de tout après la perte de sa femme. Garde tes larmes pour les situations que tu peux changer, Mattie.

Quand Chase soupira, elle comprit que, si elle se retournait, elle verrait l’homme au sourire légèrement moqueur, très british, dont la photo s’étalait régulièrement dans les tabloïds anglais. Son frère s’était installé à

Londres comme pour rendre hommage à la mémoire de leur mère, et avait adopté le comportement flegmatique et cynique de ses habitants

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