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** Extrait offert par Lynn Raye Harris **

-- Son précieux secret --

1.

Assis devant sa table de travail, un magnifique bureau en chêne sculpté qui avait appartenu à son ancêtre, lointain fondateur de la dynastie Cavelli, le prince régent du royaume du Montebianco achevait de signer la pile de lettres préparée par son assistante.

Après avoir refermé le maroquin en cuir rouge, Nico s’assura d’un coup d’œil qu’il lui restait encore du temps avant de se préparer pour le dîner officiel donné en l’honneur de ses fiançailles avec Antonella, la princesse de l’île voisine du Monteverde.

Il éprouvait l’envie soudaine de desserrer son col de chemise dont il avait déjà ouvert le premier bouton. Pourquoi diable le fait de penser à son prochain mariage avec Antonella lui donnait-il immanquablement la sensation de suffoquer ?

Il plaça le courrier sur le plateau en argent aux armes de sa famille et ferma un instant les yeux, ses pensées se mirent à vagabonder.

Sa vie avait connu tant de bouleversements ces derniers temps !

Trois mois auparavant, il était encore le fils cadet du roi, le prince play-boy dont les frasques faisaient régulièrement la une des journaux. Il écumait soirées branchées et boîtes de nuit et on le voyait chaque semaine avec une nouvelle conquête à son bras. Bien entendu, les médias faisaient leurs délices de cette vie dissolue, il ne cherchait d’ailleurs pas à contrôler cette réputation.

Car, pendant que les journalistes s’occupaient de lui, ils avaient laissé tranquille son frère aîné, Gaetano, si vulnérable, si fragile émotionnellement. Aussi Nico s’était-il prêté volontiers au jeu des photographes et des paparazzi, n’hésitant pas à forcer le trait pour mieux attirer l’attention…

A la pensée de son frère, son visage se crispa. Près d’un an s’était écoulé, mais la douleur était toujours aussi vive…

Gaetano, l’aîné, l’héritier légitime, était un être merveilleux, délicat, mais sans défenses devant les difficultés de l’existence, terriblement fragile. Durant toute son enfance, Nico, le fils illégitime, avait livré bataille pour protéger ce demi-frère qu’il aimait tant. Hélas, il n’avait pas réussi à lui faire gagner la lutte qui l’opposait aux démons qui le minaient, à ce mal de vivre que personne n’avait jamais réussi à comprendre, et a fortiori à soigner…

Un jour, le fardeau avait semblé trop lourd à Gaetano. Il était monté dans sa Ferrari, avait roulé vers la falaise et appuyé à fond sur l’accélérateur…

Basta ! se dit Nico en se redressant brusquement, furieux contre ce vain accès de tristesse. Gaetano était mort, il ne servait à rien de se miner en imaginant qu’il aurait pu lui éviter une fin aussi tragique, en se reprochant de n’avoir su deviner l’intensité de son désespoir.

A présent, il lui fallait prendre son propre destin en main. La disparition de Gaetano avait bouleversé sa vie : il était désormais le premier dans l’ordre de la succession au trône, la Constitution du Montebianco avait la particularité d’admettre qu’en cas de disparition, la descendance du roi, même illégitime, pouvait régner.

Nico était considéré par tous comme le futur roi, mais il existait une exception de taille : la reine Tiziana, à laquelle il rappelait tant l’infidélité de son mari qu’elle ne l’avait jamais accepté.

Au décès prématuré de sa mère, son père l’avait fait venir au palais, l’intégrant de fait dans la famille royale. Mais les louables efforts de Nico pour séduire sa belle-mère étaient restés vains. Il avait eu beau se montrer charmant, poli, attentif à ses moindres désirs, rien de ce qu’il avait pu faire ou dire n’avait eu grâce aux yeux de Tiziana. Elle n’avait jamais admis que son mari ait eu un enfant de sa rivale. De plus, Nico était aussi robuste et viril que son propre fils était frêle et mal dans sa peau. L’affection qui liait les deux garçons n’avait pas suffi à la faire changer d’opinion…

* * *

Un coup discrètement frappé à la porte interrompit les sombres pensées du prince, son assistante apparut.

— Le préfet de police a envoyé un émissaire qui aimerait s’entretenir avec vous quelques instants, Votre Altesse, déclara-t-elle d’un ton déférent.

— Maintenant ? Mais de quoi s’agit-il ? Il est tard, je dois me préparer pour la réception et il le sait fort bien ! s’exclama Nico, contrarié.

— Il a insisté, Votre Altesse, précisa la jeune femme. Il s’agit des statues volées au musée.

Nico redressa la tête, soudain intéressé. La disparition de ces magnifiques statuettes, les plus anciennes jamais trouvées sur le territoire national, l’avait beaucoup affecté.

— Faites-le entrer.

Quelques secondes plus tard, l’émissaire du préfet annonçait à Nico que les statues venaient d’être retrouvées.

— Parfait, dit Nico. Je féliciterai le préfet en personne pour sa diligence. Y a-t-il autre chose ? ajouta-t-il en regardant sa montre dans un geste sans équivoque.

— Oui. Le préfet m’a chargé de vous remettre cette enveloppe. Il a précisé que cette photo et la lettre qui l’accompagne sont de la plus haute importance.

Il tendit l’enveloppe à Nico et s’inclina avant de prendre congé.

Une fois seul, Nico resta perplexe. La seule bonne nouvelle de la réapparition des statues le réjouissait infiniment, il ne voyait pas pourquoi le préfet l’importunait avec un courrier. Sans conviction, il sortit la photo, y jeta un coup d’œil distrait et se figea.

Il avait reconnu la jeune femme instantanément, à ses cheveux blonds bouclés, à ses magnifiques yeux verts, à ses discrètes taches de rousseur sur le nez qui lui donnaient un charmant air juvénile. Dommage que leur liaison ait été aussi brève, eut-il le temps de se dire avant que son œil ne soit attiré par l’enfant qu’elle tenait dans ses bras.

Il l’observa avec attention, soudain aux aguets, et eut l’impression que son sang s’arrêtait de couler dans ses veines.

C’était incroyable, cet enfant lui ressemblait trait pour trait ! Pour un peu, il aurait pu croire qu’il s’agissait d’une photo de lui prise une vingtaine d’années auparavant !

Son esprit se mit à fonctionner à cent à l’heure, tentant de se souvenir du moindre détail concernant la brève relation qu’il avait eue avec cette femme.

Il prenait toujours ses précautions… Comment aurait-il pu risquer de concevoir à son tour un enfant illégitime, lui qui avait tant souffert de sa naissance cachée ?

Etait-il la proie d’un cauchemar ?

Il scruta la photo avec angoisse, examinant chaque trait du petit garçon, et de nouveau, l’évidence lui apparut : cet enfant était son fils, un Cavelli !

Peut-être la lettre du préfet allait-elle lui fournir quelques explications ? s’interrogea-t-il, soudain fébrile. Il parcourut la courte missive, fronça les sourcils et se leva.

La situation se compliquait nettement.

D’un geste brusque, il saisit son téléphone et appela son assistante.

— Je dois me rendre à la prison, tout de suite, indiqua-t-il d’une voix étranglée. Faites prévenir immédiatement mon chauffeur.

* * *

Liliana Morgan était désespérée.

Son séjour ne devait durer que vingt-quatre heures, et voilà déjà trois jours qu’elle était retenue au Montebianco, et dans quelles conditions ! S’il n’y avait pas eu son bébé resté en Louisiane, tout cela lui aurait paru si rocambolesque qu’elle en aurait presque souri…

Mais la situation était de plus en plus inquiétante et elle n’avait plus le moins du monde envie de rire. Elle était bel et bien prisonnière, les autorités ne semblaient pas vouloir la libérer et ses efforts pour entrer en contact avec le consulat des Etats-Unis étaient restés vains.

Non seulement on l’avait arrêtée pour un vol qu’elle n’avait pas commis, on l’avait privée de son téléphone portable et de son ordinateur, mais on venait, de plus, de l’enfermer dans une cellule sinistre, dans ce qui ressemblait énormément à une forteresse moyenâgeuse, à en juger par les épais murs de pierre et l’humidité qui en suintait…

Pour la millième fois depuis son arrestation, elle se demanda pourquoi elle avait eu l’idée saugrenue d’accepter la proposition de son patron, le directeur du quotidien Les nouvelles de Port Pierre.

— Tu verras, Liliana, cela ne te prendra que deux jours ! Julie est malade et il me faut absolument ce reportage sur le tourisme au Montebianco !

Liliana avait protesté et inventé mille raisons pour ne pas partir, tout en cachant l’essentiel : le Montebianco était le dernier endroit au monde où elle souhaitait se rendre, c’était celui où vivait Nico Cavelli…

— Certes, tu n’es pas journaliste, avait insisté M. Smith, mais c’est l’occasion de faire tes preuves et, peut-être, d’obtenir une promotion à ton retour. Je sais parfaitement que tu ne veux pas rester assistante toute ta vie, que tu as d’autres ambitions. Crois-moi, c’est une merveilleuse opportunité que tu dois saisir !

Liliana n’avait pas pu le contredire. En effet, elle rêvait de devenir journaliste à part entière, mais pas en débutant sa carrière par un reportage sur le Montebianco !

— Julie a déjà fait presque tout le travail, avait précisé son patron. Il te suffira de prendre quelques photos, d’interviewer des hôteliers et de rencontrer les responsables de l’office de tourisme ! Au bout de deux jours l’article sera prêt et tu seras rentrée ! On ne peut pas refuser cela, n’est-ce pas ?

Non, en effet, elle ne le pouvait pas, en avait conclu Liliana avec une ironie amère. Dire non, c’était perdre son emploi et, avec un enfant à sa charge, elle ne pouvait pas se le permettre.

Le marché du travail n’était guère favorable en Louisiane, surtout pour des gens qui, comme elle, n’avaient pas pu poursuivre leurs études. Elle avait dû abandonner l’université quand elle était tombée enceinte et, après la naissance de Daniel, avait collectionné les petits boulots pour vivre. Ce poste d’assistante aux Nouvelles de Port Pierre était son premier vrai métier.

Echaudée par l’exemple de sa mère, qui n’avait jamais eu le courage de se prendre en main après l’abandon de son père et les avait condamnées à une vie d’expédients, Liliana voulait à tout prix s’en sortir et élever décemment son fils.

Aussi avait-elle accepté la proposition de son patron, après que Carla, sa meilleure amie, eut offert de garder Daniel. Elle s’était embarquée pour le royaume du Montebianco, croisant les doigts pour que son chemin ne rencontre pas celui de Nico Cavelli… et sans s’imaginer un seul instant que cette petite escapade journalistique tournerait au cauchemar.

* * *

Dans sa cellule, elle sombra un instant dans le désespoir, avant de tenter de se rassurer.

Quelqu’un allait forcément s’inquiéter de son absence, Carla ou ses collègues du journal, et prévenir le consulat. Le Montebianco était un Etat de droit, on la sortirait de prison. Ensuite, il y aurait une enquête, elle devrait prouver son innocence dans le vol dont on l’accusait mais elle ne doutait pas qu’elle y parviendrait.

Personne ne pouvait la retenir contre son gré ! Ce n’était qu’une question d’heures, au pire d’une ou deux journées et, dès son retour en Louisiane, elle oublierait ce voyage catastrophique. Qui sait, elle finirait peut-être même par rire de cette mésaventure !

Des pas dans le couloir lui parvinrent à travers l’épaisse porte de bois. Venait-on enfin la délivrer ? songea-t-elle, pleine d’espoir. Peut-être le voleur avait-il été arrêté ?

Elle entendit des murmures puis les verrous grincèrent, la porte tourna sur ses gonds et un homme apparut.

Il pénétra dans la cellule, tête baissée, puis leva soudain les yeux vers elle.

Liliana sentit son sang se figer dans ses veines.

Elle savait qu’en se rendant au Montebianco, elle prenait le risque de croiser le prince régent, puisque c’est ainsi qu’on l’appelait désormais, mais avait eu la naïveté de croire que sa bonne étoile la protégerait.

Elle s’était trompée…

L’homme qui venait de pénétrer dans sa cellule n’était autre que Nico Cavelli, le père de son fils.

Il était encore plus séduisant que dans son souvenir. Son élégant costume à la coupe parfaite ne parvenait pas à masquer sa stature athlétique, ses larges épaules. Ses cheveux noirs étaient plus courts qu’autrefois, mais son visage avait gardé toute sa noblesse, sa distinction naturelle. Il avait tout d’un éphèbe, avec cette aura de puissance et de virilité qui faisait de lui un être à part.

Comment, à La Nouvelle-Orléans, avait-elle pu être assez naïve pour lui tomber dans les bras pendant ces fêtes de mardi gras ? Comment n’avait-elle pas pressenti que cet homme était un prédateur, habitué dès sa naissance à dominer, un séducteur qui considérait que toutes les femmes étaient à sa disposition et les abandonnait sans autre forme de procès quand il se lassait de leurs services ?

— Laissez-nous, je vous prie, indiqua-t-il au gardien resté devant la porte.

— Très bien, Votre Altesse.

La voix de basse de Nico la ramena trois ans en arrière. La première fois qu’elle l’avait entendue, elle l’avait trouvée si charmeuse, si virile, si sensuelle !

Elle ne s’y laisserait plus prendre.

Elle inspira profondément pour maîtriser la panique qui s’emparait d’elle et mobilisa toutes ses forces pour lui faire face. Elle était prisonnière, à sa merci, plus vulnérable qu’elle n’avait jamais été et il risquait de découvrir l’existence de Daniel…

A cette seule pensée, son cœur se mit à battre à tout rompre dans sa poitrine. Elle attendit avec angoisse ce qu’il avait à lui dire.

Il ne la salua pas et ne fit aucune allusion au fait qu’ils s’étaient connus intimement trois ans auparavant.

A l’évidence, il ne l’avait pas reconnue et Liliana se sentit soulagée.

Il entra aussitôt dans le vif du sujet, d’un ton menaçant qui acheva de la glacer.

L’entretien commençait mal…

— Vous êtes accusée d’avoir volé deux objets pour les faire sortir du pays en contrebande, commença-t-il en dardant sur elle un regard noir.

— Comment ? balbutia-t-elle, effarée.

— Epargnez-moi vos airs ahuris. Il s’agit de deux statuettes, représentant respectivement un loup et une femme, que l’on a trouvées dans votre valise. Qu’avez-vous à dire à ceci ?

Liliana se ressaisit.

— C’est vrai, admit-elle, j’ai acheté ces deux statuettes à un vendeur dans la rue. Pour moi, c’étaient des souvenirs sans grande valeur, rien d’autre !

— Vous savez parfaitement qu’il s’agit de deux œuvres d’art parmi les plus précieuses des collections du Musée national, rétorqua-t-il. Des joyaux de notre patrimoine.

Elle ouvrit la bouche, interloquée.

— Je n’en avais pas la moindre idée ! protesta-t-elle. Je pensais que c’étaient des reproductions ! Je ne comprends rien à tout cela, ajouta-t-elle. Mon incarcération est abusive, et je veux rentrer chez moi, en Louisiane !

Il la scruta d’un regard sans complaisance et elle éprouva fugitivement une intense frustration à la pensée qu’il ne se souvenait pas d’elle. Bien sûr, ainsi, il ne risquait pas de s’interroger sur l’existence de Daniel mais comment avait-il pu oublier les moments, certes courts, mais si intenses, qu’ils avaient partagés ? Elle, elle se souvenait de tout comme si c’était hier !

Leurs longues discussions, cette connivence entre eux, sa tendresse et sa délicatesse quand il s’était rendu compte de sa virginité. Chacun de ses baisers, chacune de ses caresses étaient restés gravés en elle tandis que lui, avait tout effacé de sa mémoire…

— Pour l’instant, il n’en est pas question, rétorqua-t-il d’une voix coupante.

Elle leva les yeux vers lui et sa ressemblance avec Daniel la frappa comme un coup au cœur. Le petit garçon était le portrait craché de son père et elle pria de toutes ses forces pour que leurs chemins ne se croisent pas. S’il le voyait, Nico comprendrait aussitôt.

— Il faut que je parte ! s’écria-t-elle dans un cri du cœur. On m’attend chez moi !

— Qui vous attend, signorina ? demanda-t-il d’un ton insidieux qu’elle trouva détestable.

— Ma famille, balbutia-t-elle, prise de court. Ma mère.

Elle n’avait pas vu sa mère depuis plus d’un an mais il n’avait aucun moyen de le savoir.

— Vous n’êtes pas mariée, Liliana ?

Il l’avait appelée par son prénom et elle se sentit troublée, comme s’il l’avait caressée, comme si par ce simple mot il renouait un contact intime avec elle, par-delà les années…

Elle se ressaisit. La police avait dû lui communiquer sur elle les informations de base et il usait de ce ton familier pour l’intimider.

Que cherchait-il donc ? se demanda-t-elle soudain. Pourquoi le prince régent se déplaçait-il en personne jusque dans la prison pour interroger un suspect ? Le vol de deux statuettes ne mettait pas en cause la sécurité de l’Etat et la présence de Nico lui parut tout à coup incongrue. Cherchait-il autre chose ?

Il ne pouvait pas savoir pour Daniel, puisqu’il n’avait pas fait le lien entre la jeune étudiante de La Nouvelle-Orléans avec laquelle il avait eu une aventure, aussi torride que brève, et la présumée coupable du vol !

— Non. Je vous en prie, ajouta-t-elle, je dois rentrer chez moi. Aidez-moi !

Il observa longuement son visage à l’ovale parfait, ses grands yeux d’émeraude, ses lèvres pulpeuses. Décidément, elle était vraiment ravissante… Il ne se laisserait pas attendrir.

— A votre avis, en quoi puis-je vous aider ? demanda-t-il d’un ton narquois. Et surtout, pourquoi vous aiderais-je ?

Il la toisa d’un regard provocateur qui lui fit perdre tous ses moyens.

— Eh bien… nous nous sommes déjà rencontrés, bredouilla-t-elle. A La Nouvelle-Orléans, il y a trois ans.

Elle regretta immédiatement ces paroles qui pouvaient le mettre sur la trace de Daniel mais guetta cependant sa réaction avec une lueur d’espoir. Peut-être le souvenir de leur brève liaison le rendrait-il plus compréhensif ?

— Vous savez, je rencontre beaucoup de femmes, asséna-t-il sèchement. Toutes ne me laissent pas un souvenir impérissable…

Sa prétention était révoltante. Elle se réjouit rétrospectivement de n’avoir pas persisté dans ses efforts pour le retrouver autrefois et lui annoncer sa grossesse, à l’époque où elle ignorait sa véritable identité. Il ne méritait pas d’être le père de Daniel…

Elle se souvenait encore du choc qu’elle avait ressenti quand, feuilletant un magazine people chez le médecin, elle avait découvert sa photo à la une : le prince régent du Montebianco, alias Nico Cavelli.

C’était bien l’homme qui avait fait d’elle une femme, le père de son fils, celui qui l’avait séduite comme tant de femmes avant et après elle.

Ils n’avaient passé qu’une nuit ensemble, une nuit merveilleuse qui l’avait laissée éblouie. Ils devaient se retrouver le lendemain soir mais elle l’avait attendu en vain, sous la pluie. Il n’était jamais venu, elle ne savait pas où le trouver et ne connaissait que son prénom : ils ne s’étaient jamais revus.

Jusqu’à son irruption presque irréelle dans cette cellule…

Puisqu’il ne se souvenait pas d’elle, elle allait devoir trouver autre chose pour implorer son indulgence, obtenir qu’il la laisse sortir de prison.

Elle était en train de chercher la meilleure stratégie quand elle le vit sortir quelque chose de sa poche.

— Qui est cet enfant ? interrogea-t-il d’un ton menaçant en lui mettant une photo sous le nez.

Liliana regarda le cliché et se figea.

La situation devenait périlleuse. Elle ne comprenait ni comment ni pourquoi Nico avait en sa possession une photo d’elle et de Daniel. On avait dû fouiller ses affaires, analyser son ordinateur portable à son insu, quoi d’autre encore ? Que savait-il sur elle ? Et surtout, que voulait-il d’elle ?

— C’est mon fils ! s’écria-t-elle dans un cri du cœur. Cette photo m’appartient.

— Votre fils ? Comme c’est intéressant…

Il y eut un silence et elle sentit ses jambes se dérober sous elle.

— Vous ne vous en tirerez pas comme cela, signorina, ajouta-t-il d’un air menaçant. Si vous aviez l’intention de me faire chanter avec cet enfant, vous allez être déçue.

Le sang de Liliana se glaça dans ses veines. Il avait compris…, conclut-elle anéantie. Il savait que Daniel était son fils, la ressemblance était trop criante.

— Du chantage ? Certainement pas ! protesta-t-elle d’une voix étranglée. Je ne veux rien de vous ! Je veux juste rentrer chez moi ! Aux Etats-Unis !

— Que faites-vous ici ? reprit Nico d’un ton insidieux. Quel est le but de votre séjour, mis à part passer des objets d’art en contrebande ?

Elle parvint par miracle à se ressaisir. Elle devait absolument lui tenir tête. Peut-être avait-il seulement des soupçons pour Daniel ? Peut-être parviendrait-elle à les dissiper ?

— Tout cela n’est qu’un affreux malentendu, balbutia-t-elle. Je suis envoyée par mon journal, pour réaliser un reportage sur le tourisme au Montebianco. Je n’ai jamais voulu dérober quoi que ce soit !

Elle leva la tête et décela dans ses yeux noirs une lueur menaçante qui l’effraya. Il ne semblait nullement convaincu par ce qu’elle venait de dire.

— J’espère que vous n’êtes pas trop mal dans cette cellule, Liliana Morgan, parce que vous risquez d’y rester encore un moment…, rétorqua-t-il comme s’il n’avait rien entendu.

— Mais je vous assure que je suis ici pour mon travail ! Vous n’avez qu’à appeler mon employeur qui vous le confirmera !

Il plissa les yeux dans un réflexe de défiance qui n’augurait rien de bon.

— Vous continuez à prétendre que votre présence ici n’a rien à voir avec cet enfant ? Qu’il n’est pas mon fils ? Que vous n’avez aucune intention de me faire chanter ?

Liliana sentit son visage se décomposer. Il fallait tenir, pensa-t-elle, atterrée. Ne pas s’effondrer, ne pas se trahir…

— Oui. Je suis venue pour mon travail. Je n’ai rien à voir dans le vol de ces statuettes et je veux rentrer chez moi, répéta-t-elle avec la désagréable sensation de répéter sans fin les mêmes mots.

Ils se dévisagèrent et la détermination qu’elle lut dans les yeux de Nico acheva de l’anéantir.

Le cauchemar continuait, pire encore que tout ce qu’elle aurait jamais pu imaginer.

— Je ne comprends pas à quoi vous jouez, mademoiselle Morgan, mais je vous assure que je vais tout faire pour le savoir, asséna-t-il d’une voix coupante.

Sur ces paroles, il quitta la cellule sans lui jeter un regard.

Dans un état second, Liliana entendit la lourde porte se refermer derrière lui dans un crissement sinistre puis ce fut le silence, un silence terrible qui sonna pour elle comme un glas funèbre…

* * *

De retour au palais, Nico se rendit immédiatement dans le bureau de son assistante et lui demanda de lui trouver tout ce qu’il était possible de savoir sur une certaine Margaret Liliana Morgan.

Il venait en effet d’apprendre que Liliana n’utilisait pas son premier prénom. Cela expliquait qu’il n’ait jamais réussi à retrouver sa trace malgré tous ses efforts, après leur brève rencontre à La Nouvelle-Orléans.

Il se dirigea vers la grande terrasse qui surplombait la ville et contempla le panorama étendu à ses pieds.

Revoir Liliana, comme il l’appelait alors, l’affectait plus qu’il ne voulait bien l’admettre. Il n’aurait pas reconnu la fragile jeune fille qui avait fait sa conquête trois ans auparavant dans cette femme déterminée et rebelle. Pourtant, elle était toujours aussi délicate, aussi féminine, aussi charmante…

Il l’imagina terrée dans sa sinistre cellule et se promit de l’en faire sortir au plus vite, coupable ou pas.

L’état de délabrement de cette prison était intolérable, indigne d’un pays comme le sien, pensa-t-il. Il engagerait d’importants travaux de réfection pour régler ce problème dès qu’il serait monté sur le trône.

* * *

Pour la centième fois de la journée, il prit la photo glissée dans sa poche et l’observa, partagé entre stupéfaction, incrédulité et colère.

Avant tout, il devait s’assurer que cette troublante photo n’avait pas été retouchée. Il était la cible favorite des médias depuis son enfance et était malheureusement bien placé pour savoir que les paparazzi n’hésitaient pas à employer les méthodes les plus abjectes pour vendre leurs photos… quitte à les truquer. Il avait déjà été la proie de journalistes sans scrupules, de femmes vénales qui s’inventaient des liaisons avec lui pour tenter de le faire payer !

Pourquoi Liliana Morgan n’aurait-elle pas mis à profit ces techniques pour tenter de lui faire reconnaître un enfant qui n’était pas le sien ? Bien sûr, in fine les tests ADN auraient le dernier mot mais la seule idée d’un procès le glaçait. Il fallait qu’il règle cela avec elle, discrètement, avant que toute la presse n’en fasse des gorges chaudes.

Quand il en aurait le cœur net, il renverrait Liliana aux USA, non sans l’avoir obligée à purger sa peine si elle était effectivement coupable.

Il n’aurait aucune pitié…

Il se remémora son regard timide, son visage rougissant, ses yeux brillants d’émotion quand il avait fait sa connaissance au milieu du défilé plein de couleurs et de gaieté de mardi gras. Sa fraîcheur, son naturel et son exquise féminité avaient aussitôt fait sa conquête.

Ils n’avaient partagé qu’une seule nuit, mais quelle nuit ! Il s’en souvenait aussi précisément que si c’était la veille, tant chaque seconde de cette expérience extraordinaire l’avait marqué.

Plus il y pensait, plus il était sûr de s’être protégé, comme il le faisait toujours.

Que s’était-il passé ?

Il devait absolument savoir, et vite.

Dans quelques heures, il serait officiellement fiancé à Antonella Romanelli, obéissant en cela à la volonté paternelle de réunir enfin les royaumes voisins du Montebianco et du Monteverde en scellant par un mariage princier l’union des deux familles.

Le problème Liliana Morgan devait être résolu avant le jour des noces.

Si besoin, il lancerait tous ses agents sur l’enquête, songea-t-il, déterminé.

D’un geste rageur, il remit la photo dans sa poche et tenta de chasser de son esprit l’image de ce petit garçon qui lui ressemblait de façon si troublante.

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