Extraits

Bien sûr, cela supposait que le Collectionneur ne viendrait pas à pied ou en taxi, mais nous pensions qu’il avait trop d’ennemis pour s’en remettre à la chance en matière d’itinéraires de repli et qu’il disposerait toujours d’au moins un véhicule en parfait état de marche. Lorsque nous avions découvert cette planque, nous n’avions pas pris le risque de pénétrer dans le garage sans fenêtre qui se trouvait à droite de la maison. Le simple fait d’installer les petits émetteurs à infrarouge dans les buissons était en soi un sacré pari, et nous ne nous y étions résolus qu’après nous être assurés qu’il n’y avait pas déjà un système d’alarme dans le jardin.

— T’en penses quoi ? demanda Louis.

Sa peau foncée accrochait la lumière de la lune, lui donnant plus que jamais l’aspect d’une créature nocturne. Il portait un pantalon de coton sombre resserré aux chevilles et une veste Belstaff noire en coton huilé dont les boucles et les boutons dorés avaient été remplacés par des équivalents plus discrets. Il avait l’air cool. Cela dit, il avait toujours l’air cool.

« Il se faisait appeler Kushiel, mais pour nous il était le Collectionneur. Il avait tué un de nos amis, Jackie Garner, à la fin de l’année précédente. Dans sa version personnelle de la justice, le Collectionneur aurait appelé ça « œil pour œil », et il était vrai que Jackie avait commis une consternante erreur, une erreur qui avait eu pour conséquence la mort d’une femme proche du Collectionneur. Pour se venger, ledit Collectionneur avait abattu notre ami sans pitié, alors que Jackie était désarmé et à genoux devant lui, mais il nous avait également fait comprendre qu’à présent nous étions tous dans sa ligne de mire. »