Extraits

Nos sacs sont pesés, les olives transvasées dans un casier, puis lavées, et enfin broyées par les trois meules de pierre. Une fois réduites en purée, elles prennent le chemin d'une machine qui étend la pâte sur un premier tapis de chanvre rond, puis sur un autre par-dessus, et ainsi de suite jusqu'à obtenir une pile haute d'un mètre cinquante de couches d'olives et de chanvre.

L'ombre des tigli nous protège de la chaleur de midi. Les cigales bourdonnent dans les arbres leur chant profond de l'été. Les tomates sont si parfaites que nous les savourons en silence.

Une centaine d'années ne suffiraient sans doute pas à restaurer la maison et les jardins. Je frotte les fenêtres de l'étage avec du vinaigre, comme pour lustrer l'enveloppe verte des colline sous le ciel. J'aperçois Ed sur la troisième terrasse, qui manipule une longue lame pivotante. Ses shorts sont rouges comme un drapeau.

J'ai planté dans mes jardins des herbes aromatiques, des pavots d’Islande, des fuchsias, des pensées, des oeuillets de poète. Aujourd'hui je suis amoureuse des roses. L'herbe est assez haute en ce moment pour me laisser descendre chaque matin pieds nus dans la rosée et couper une rose et une touffe de lavande pour mon bureau. Les souvenirs resurgissent : à la filature, mon père posait toujours une rose sur le sien. Je me rends compte n'avoir planté qu'une variété de roses rouges. Au soleil du matin, les deux parfums s'élèvent dans la pièce.

Chapitre "L'allée de roses"

« Lors de notre premier été ici, j'ai acheté un grand cahier à la couverture de papier florentin relié de cuir bleu. Sur la première page, j'ai écrit : ITALIE. Il semblait prêt à recevoir des vers intemporels, mais j'ai commencé par y coucher des noms de fleurs sauvages, toutes sortes de projets, et du vocabulaire. J'y ai dépeint nos chambres, nos arbres et les cris des oiseaux. J'y ai copié des recommandations : "Planter les tournesols quand la lune entre dans la Balance", sans avoir aucune idée de la période concernée. J'ai décrit les gens que nous avons rencontrés, les plats que nous avons préparés. Ce cahier bleu s'appelle maintenant Sous le soleil de Toscane, il est l'expression naturelle de mes premiers plaisirs ici. Restaurer, puis arranger la maison ; explorer les innombrables secrets de la Toscane et de l'Ombrie ; mitonner dans une autre cuisine et découvrir les liens, nombreux, entre les plats et la culture - autant de joies intenses qu'irrigue le sentiment profond d'apprendre une autre vie. »