Extraits

Spoiler(cliquez pour révéler) — Drea, j’aime la personne que tu étais avant. J’aime celle que tu es maintenant. Et je t’aimerai encore dans dix ans. Tant mieux si tu ne restes pas la même, ça voudra dire qu’on a mûri. Ce que je veux, c’est être celui au côté de qui tu as envie de mûrir.

— Oh, Brody. Je t’aime. C’est magnifique ce que tu dis.

— Non, c’est toi qui es magnifique.

Drea leva les yeux vers lui.

— Tu cherches à me flatter, là ?

— Peut-être bien, crevette, répondit-il avec un sourire malicieux. Et je peux redevenir dur en quelques secondes si tu me laisses reluquer encore un peu ce tee-shirt.

“— Alors, à ton avis : est-ce qu’on va arriver à passer toute une journée sans se disputer ? lança Cujo en laissant un pourboire.

— On ne se dispute pas, répliqua Drea aussi sec.

— Non, jamais ! ironisa-t-il en riant, laissant Drea le précéder.

— On ne se disputerait pas si tu étais d’accord avec moi, dit-elle par-dessus son épaule.

— Drea. On doit être les deux seules personnes capables de se disputer pour savoir si oui ou non on se dispute.

Elle adorait la façon qu’il avait de la taquiner et la manière dont sa main avait effleuré le bas de son dos lorsqu’il lui avait tenu la porte, réchauffant la peau entre le haut de son jean et le bas de sa blouse. Elle sentit la peau calleuse des doigts de Cujo, la chaleur que dégageait sa paume, le frottement de son bras en travers de son dos. Impossible d’ignorer les picotements qu’elle sentit à des endroits dont elle n’avait aucune envie qu’ils picotent au contact de Cujo.

Si seulement elle pouvait lutter contre les sentiments qu’il lui inspirait.”

Ce n’était pas des papillons qu’elle sentait dans son ventre, c’était carrément un troupeau entier d’éléphants qui dansaient la rumba.

Il vivait là quelque chose qu’il n’avait jamais connu : il faisait l’amour à une femme pour la première fois de sa vie. Un sentiment exceptionnel. Il se sentait capable de soulever des montagnes.

—Il y a des choses dont il faut qu’on parle, lui annonça-t-il en l’amenant de nouveau contre lui. Mais ce soir, je veux te ramener chez moi, t’enlever cette robe incroyablement sexy et te lécher pour vérifier si tu es aussi délicieuse au goût qu’à l’odeur. Je vais te baiser et te faire l’amour. Beaucoup. Je vais te donner des raisons d’avoir envie d’être avec moi. Ensuite, je t’expliquerai pourquoi ce n’est pas une bonne idée.

— À plus tard, ma crevette.

Il raccrocha, et Drea secoua la tête.

— Drea ? appela sa mère en sortant sur le porche dans son fauteuil roulant. Tu peux finir le dîner ? (Elle souffla fort et fit tourner le fauteuil sur le porche étroit.) Je meurs de faim. Celine avait apporté des muffins aux courgettes pour midi. Dégueulasses.

Drea la regarda rentrer dans la maison. Incroyable à quel point Rosator semblait plus simple à gérer après avoir parlé avec Cujo.

Bienvenue dans ma vie, songea Drea en laissant échapper un petit rire amer. Coups de fil coquins et muffins à la courgette.

Il attrapa un feutre dans le pot à crayons et barra la proposition de Drea d’une épaisse ligne rouge.

Drea lui tapa sur les doigts avec son stylo. Fort. Cujo ramena brusquement sa main à lui.

— Bordel de merde ! siffla-t-il. Tu as un sourire d’ange mais tu es une vraie ninja en fait !

— Pourquoi viens-tu de rayer ma liste ?

— On veut quelque chose de fun, crevette. Pas un truc guindé.

— Arrête de m’appeler crevette, lui ordonna-t-elle. Chic ne veut pas forcément dire guindé.

— Oh que si. Tiens, regarde. (Cujo se renversa en arrière et fit mine d’effectuer une recherche sur son téléphone.) Là, je l’ai. Définition du mot chic : « Guindé, rasoir, ennuyeux à crever, prétentieux. »

Drea poussa un grognement, ferma les yeux et inspira à fond.

Cujo se recula et contempla son travail. Pas mal pour une première fois. Et Madeleine avant raison : le cerveau prenait de bonnes décisions quand il était occupé. Il ressentait un apaisement que le sport n'avait pas réussi à lui procurer, alors qu'il venait juste de décorer un foutu cupcake. Quelqu'un allait devoir venir lui confisquer son certificat de virilité, parce qu'il ne le méritait clairement pas à cet instant.

Il la poussa alors contre les arbustes et l’embrassa. Avec fougue. Avec passion. Comme si sa capacité à survivre une heure de plus en dépendait.