Souvenirs de Copenhague

En tout cas, le chauffeur ne semblait pas fâché. Comme Nina hésitait en jetant des regards autour d’elle, il lui indiqua un étroit passage au fond duquel brillait l’enseigne d’un hôtel. Empoignant sa valise d’une main, Nina se retrouva bientôt dans la cour d’un hôtel du XIXe, avec son toit de tuiles rouges décoré d’enjolivures de fer forgé et ses fenêtres incrustées dans la brique patinée sur laquelle jouaient les pâles reflets du soleil nordique.

Sur la droite, le mur aveugle d’un immeuble s’élevait majestueusement. Ses pierres couleur miel formaient un fond parfait pour la dizaine de tables recouvertes de nappes roses et de vaisselle de porcelaine dont la blancheur rivalisait avec celle des chaises cannées. Sous les pieds de Nina, des dalles de pierre dessinaient un diamant tandis que, au-dessus de sa tête, de grands parasols ombrageaient la scène. Des arbustes, très dignes dans leurs pots, exhibaient leurs têtes taillées en boule ; des géraniums écarlates et des lobélies bleues débordaient en gracieuses cascades de leurs vasques.

Dans le hall, Nina emprunta un antique ascenseur, tout juste assez vaste pour les contenir, elle, sa valise et le chasseur, mais qui l’achemina pourtant sans encombre jusqu’au cinquième étage.

Connaissant le goût des Danois pour le raffinement et le confort, elle ne fut pas surprise de découvrir sur son lit une couette de duvet doublée d’un exquis patchwork et un ameublement simple mais élégant. Cette chambre sous les toits possédait des murs mansardés qui lui donnaient un charme supplémentaire. La salle de bains

était entièrement carrelée de blanc et largement pourvue de miroirs.