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Coruscant
— Il n’existe pas.
Luke Skywalker s’assit dans son lit et promena son regard sur la pièce plongée dans l’obscurité. Ces mots irréfléchis avaient franchi ses lèvres malgré lui.
Il n’y avait pas grand-chose à voir dans la chambre. Les membres de l’ordre Jedi, même les Maîtres tels que Luke, ne possédaient pas grand-chose. Il jeta un coup d’œil aux chaises rangées devant les ordinateurs éteints, au râtelier mural supportant des bâtons en plastacier et autres armes d’entraînement, à sa table couverte d’objets personnels – datapads, notes prises sur des morceaux de flimsi, datachips contenant des rapports de plusieurs maîtres Jedi, ainsi qu’un sablier grossier à son effigie et d’une précision très douteuse qui lui avait été envoyé par un enfant de Tatooine. Encastrés dans les murs habillés de pierre, des tiroirs contenaient quelques-uns de ses vêtements et de ceux de Mara. Leurs sabres laser étaient derrière lui, posés sur une étagère près de la tête de leur lit.
Sa femme, Mara Jade Skywalker, possédait un équipement plus complet et davantage d’objets personnels, bien sûr. Des déguisements, des armes, du matériel de communication, des faux documents. Ancienne espionne, elle n’avait jamais renoncé à son arsenal. Toutefois elle ne laissait rien de tout cela traîner ici. Luke n’était même pas certain de savoir où elle les rangeait. Elle ne l’ennuyait pas avec ce genre de détails.
En la sentant remuer à ses côtés, il baissa les yeux sur elle. Ses cheveux roux, mi-longs en ce moment, étaient tout emmêlés, mais son regard n’était pas voilé par le sommeil lorsqu’elle ouvrit les paupières. Sous une lumière plus vive, il le savait, ses pupilles étaient d’un vert incroyable.
— Qui n’existe pas ? demanda-t-elle.
— Je ne sais pas. Un ennemi.
— Tu as rêvé de lui ?
Il opina du chef.
— J’ai déjà fait ce rêve deux fois auparavant. Et il ne s’agit pas d’un simple rêve ; il m’apparaît par des courants dans la Force. Le personnage est tout enveloppé d’ombres – avec une cape à capuche sombre, et puis il est entouré d’ombres de lumière et...
Il secoua la tête, cherchant le mot exact.
— Et d’ignorance. Et de déni. Et il sème la douleur partout sur la galaxie... et sur moi.
— Oui, bien sûr, s’il fait souffrir la galaxie, tu le ressentiras forcément.
— Non, il s’en prend à moi personnellement, se joignant à cet autre mal.
Luke soupira en s’allongeant de nouveau.
— C’est trop vague. Et une fois que je suis réveillé, quand je le cherche dans le futur, je ne le trouve pas.
— Parce qu’il n’existe pas.
— C’est ce que le rêve me dit.
Il soupira, agacé.
— Il ne pourrait pas s’agir de Raynar ? demanda-t-elle.
Luke considéra sa suggestion. Raynar Thul, ancien Chevalier Jedi, présumé mort pendant la guerre contre les Yuuzhan Vong, avait été découvert quelques années plus tôt – affreusement brûlé pendant la guerre, et mentalement transformé par son contact prolongé avec la race insectoïde des Killik au cours des années qui avaient suivi. Cette métamorphose ayant été de nature maléfique, l’ordre Jedi avait dû s’occuper de lui. Il croupissait à présent dans une cellule bien protégée au fin fond du temple Jedi où il suivait un traitement pour ses désordres mentaux et physiologiques.
Un traitement. Traitement signifiait changement. Peut-être que Raynar était en train de devenir quelque chose d’autre, que la vision de Luke lui montrait.
Il secoua la tête en repoussant cette éventualité.
— Je ne ressens pas l’étrangeté de Raynar. Mentalement et émotionnellement, quel que soit ce personnage, il reste humain, ou presque humain. Il s’agit peut-être de mon père.
— Dark Vador.
— Non. De l’individu qu’il était avant ça.
Le regard de Luke se perdit dans le vague tandis qu’il tentait de se rappeler son rêve.
— Je distingue à peine son visage et il ressemble presque à celui d’Anakin Skywalker, le Jedi. Pourtant ses yeux... ont pris une couleur d’or en fusion, presque orange, sous l’effet de la Force et la colère...
— J’ai une idée.
— Dis-moi.
— Attendons qu’il se montre, et tu l’écraseras.
Luke sourit.
— D’accord.
Il ferma les yeux et respira plus calmement pour tenter de se rendormir.
Une minute plus tard, son souffle avait repris le rythme régulier du sommeil naturel.
Mara, quant à elle, resta éveillée, son attention fixée sur le plafond – et au-delà, à travers les dizaines d’étages de l’enclave Jedi, aux cieux de Coruscant. Elle cherchait un indice, n’importe lequel, pourvu qu’il lui révélât les causes de l’inquiétude de son mari.
Elle ne perçut aucun signe. Et finit elle aussi par s’endormir.
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