Star Wars - L'héritage de la Force, Tome 5 : Sacrifice

— Ce n’est pas notre heure de gloire, amirale.

Le Chef d’État Cal Omas avait pris un coup de vieux au cours des derniers mois. Cha Niathal se félicitait de pouvoir lire les signes de fatigue et de stress sur les visages humains. Omas les présentaient tous : poches remplies de fluide sous ses yeux larmoyants, petites taches rouges sur le menton, odeur de vieux caf qui lui collait à la peau.

Mais c’était surtout ses yeux. Ils lui disaient tout ce qu’elle devait savoir. Quand elle regardait Jacen Solo, il était un modèle de confiance et de calme – mais son regard le trahissait. Il n’y avait aucun signe de mauvaise santé, mais il présentait une façade à la galaxie. Elle voyait les changements dans ses pupilles. Bien que minuscules, elles montraient que quelque chose le perturbait.

C’était bon à savoir.

— Malgré les dires de la Confédération, nous n’avons pas perdu la bataille de Gilatter VIII, déclara-t-elle.

— Nous ne l’avons pas non plus gagnée, rétorqua Omas.

Il avait pris l’habitude de déplacer des feuilles de flimsi autour de lui, sur son bureau. Il n’avait pas besoin de ces archives, mais cela semblait le rassurer de pouvoir les toucher, comme si c’était la dernière prise tangible qu’il avait sur son gouvernement.

— Considérez ça comme une remise en question.

— C’est fait, dit Jacen. Nous savons ce qui a foiré et pourquoi nous sommes tombés dans un piège.

— Mauvaises informations, fit Omas. En tant que Jedi, ne devriez-vous pas sentir ce genre de chose ?

Niathal nota les trois battements de paupières ultrarapides de Jacen. Ces deux-là ne s’aimaient pas. Cette remarque piquait Jacen au vif pour plus d’une raison, même s’il était trop intelligent pour croire qu’il était omniscient.

— Nous ne sommes ni invincibles ni infaillibles, murmura-t-il. (C’était toujours quand il semblait le plus raisonnable qu’il était le plus dangereux.) Mes informations n’étaient pas fiables, ça arrive. Si nous nous en sommes sortis entiers, c’est grâce aux pouvoirs Jedi. De manière ironique, grâce à ceux de mes parents et de mon oncle...

Et moi, Jacen ? Et la flotte ?

— Vous êtes trop modeste, colonel Solo, fit-elle. J’ai entendu dire que vous vous étiez bien battu.

Jacen ne répondit pas.

Omas actionna le bouton de contrôle de l’holo-écran intégré dans le mur de son bureau. L’image d’une planète fut remplacée par celle d’un paysage citadin – des holo-liens montraient en trois dimensions des explosions et des colonnes de fumée.

— Selon un rapport, des combats ont éclaté sur Ripoblus.

— Pourquoi ? demanda Jacen. Personne dans le système Sepan n’a d’intérêt dans la Confédération. Je n’ai reçu aucune information...

— Ils n’ont pas besoin d’embrasser l’une ou l’autre cause, le coupa Niathal. Désormais chacun veut tirer son épingle du jeu. Quel meilleur moment qu’une guerre civile pour ressusciter leur querelle avec Dimok ? C’est comme une bagarre de cantina. Un seul coup de poing, et chacun se rappelle qu’il a un compte à régler.

— Il y aura d’autres conflits de ce genre, soupira Omas. Nous devons savoir où nous mettons la limite.

Jacen donnait l’impression d’étudier le plan de la capitale de Ripoblus, mais Niathal devinait qu’il n’était pas content de ses services d’investigation.

— Chef d’État, même l’Empire n’a pas réussi à mettre un terme aux guerres sepannes, et il était prêt à prendre des mesures bien plus radicales que les nôtres, dit Niathal. Nous devrions éviter de nous impliquer. Nos ressources sont déjà trop sollicitées.