Extraits

Hallena s’avança dans un petit bureau, à l’arrière, meublé pour l’essentiel d’une table passablement esquintée. N’était la présence des deux hommes lourdement armés assis devant – il aurait fallu être bigleux pour ne pas remarquer la forme des armes sous leurs vêtements –, elle aurait même pu gober leur histoire de bureau administratif pour le Syndicat des Fabricants, Fondeurs de Plastoïde et Industries Apparentées, local 61, qui leur servait de couverture.

Hallena étudia l’image. La police de JanFathal ne pouvait pas tout bonnement les ramasser et les faire disparaître, comme à son habitude. Le Régent exerçait un pouvoir absolu depuis trente ans ; il ne se ferait pas taper sur les doigts par ses juges pour la bonne raison que cela faisait déjà plusieurs années qu’il les avait tous fait emprisonner. Mais il manquait des pièces dans ce puzzle particulier.

Et c’était son job à elle de les trouver.

Ce n’était vraisemblablement pas son vrai nom, et elle se moquait comme d’une guigne qu’il le soit ou non, en fait. L’important, c’est qu’elle avait devant elle celui qu’elle était censée rencontrer ; et c’est à cela uniquement quelle allait se fier. Elle n’avait pas craché sur n’importe quel étranger. La confiance était une denrée rare, dans leur activité. Et elle pouvait être mortelle. C’est pourquoi elle la plaçait exclusivement en elle-même, et pourquoi aussi sa main était toujours sur le blaster dissimulé dans les plis de son manteau.

Les habitants, et ça se comprenait, gardaient donc à cette époque de l’année leurs portes et leurs fenêtres hermétiquement calfeutrées, Hallena maintenait son foulard sur sa bouche et son nez, mais la poussière arrivait à se frayer un chemin jusque sous ses paupières. Sa vue se brouillait, et battre des cils n’y faisait rien. Elle fut forcée de s’abriter dans l’embrasure d’une porte sur la place principale pour se frotter les yeux.

Et qui ça pourrait bien tenter de devenir amiral ?

Une affaire de galons et de mémos, rien d’autre. Franchement, comme si un combattant n’avait pas mieux à faire que de s’occuper de réunions, de budgets, de politique… Non, merci. J’ai une guerre à gagner.

De toute manière… le commandement d’un vaisseau d’assaut, voilà ce que tous, dans ce jeu, devraient briguer, parce qu’au bout du compte, c’est de ça qu’il s’agit. Je ne me suis pas engagé pour pondre des mémos. Être le capitaine Pellaeon me convient tout à fait.

Alors gardez votre comité de promotion, messieurs. Je me passerai de votre approbation.