Commentaires de livres faits par Strapontin
Extraits de livres par Strapontin
Commentaires de livres appréciés par Strapontin
Extraits de livres appréciés par Strapontin
Blanche-Rose et Rose-Rouge étaient des enfants bonnes, sages, travailleuses et vaillantes; elles s'aimaient de tout leur cœur. Quand Blanche-Rose murmurait: " Nous nous aimerons ," Rose-Rouge répondait: " Toute notre vie " et leur mère ajoutait: " Ce que l'une aura, elle le partagera avec l'autre ."
Je soupirai non sans difficulté. Mon cœur voulait pleurer mais mes yeux le refusaient. Comme durant ces deux derniers mois, ils demeuraient infailliblement secs. Durant les obsèques. Durant la crémation. Durant tout ce cauchemar. Secs, secs, secs. La fontaine s’était métamorphosée en désert. La mort d’un cheval dans un film pouvait me faire sangloter pendant des heures, et là, rien. Freyamin. C’était comme ça qu’elle m’appelait. Ma grand-mère avait beau être une bretonne pure et dure, sa passion pour la mythologie nordique et les pays scandinaves transpirait de tout côté. Sa voix résonnait maintenant autour de moi, ses mots me revenaient par milliers, ses conseils décalés m’assaillant de tout côté. Je repris le carnet et le parcourus brièvement sans vraiment le lire, en m’arrêtant sur l’une des dernières pages, plus récente, datée d’il y a quelques années.
« Un jour, en Islande je retournerai. Entre Feu & Glace, je serai à ma place. Les Lumières du Nord je rejoindrai. De leur magie enveloppée, enfin, mon Phoenix blanc je retrouverai. »
The creator was the researcher of mechanical dolls, Professor Orlando. His wife, Molly, was a novelist, and it all started when she lost her sight. Once she had become blind, Molly was extremely depressed that she could not write novels – something she had done for the majority of her life – and had grown weaker as the days passed. Unable to bear seeing his wife in that state, Professor Orlando built the first Auto-Memories Doll. It was meant for registering everything said by a human voice – in other words, a machine that served as a ‘amanuensis’.
Ça faisait maintenant deux ans que j'étais incarcéré. J'attendais mon extradition vers les États-Unis lorsqu'un matin, alors que je fumais une cigarette dans le couloir :
- Fiocconi, t'as une visite.
Le maton ne voulant rien dire de plus, je l'ai suivi en gambergeant : ce devait être mon avocat ou un membre du consulat.
Nous avons traversé le bâtiment en croisant quelques amis - «Eh, Chariot ! Que se passe-t-il ?» - jusqu'à une petite porte à droite de l'entrée de la prison. C'était le bureau du directeur. Il était avec deux mecs.
- Ces messieurs voulaient vous voir. J'ai interrogé du regard les visiteurs.
- Nous sommes de la police française. Office des stups.
Merde, qu'est-ce que c'était encore...
Non.
Ce n’était pas vraiment ce genre de matin. Les différences sautaient aux yeux, et il était impossible de les ignorer.
Il faisait froid mais il ne pleuvait pas.
Les feux de signalisation marchaient très bien.
Aucun tremblement n’agitait la lumière des réverbères.
Voilà, parmi mille autres choses, ce qui n’allait pas.
Elle avait parcouru des milliers de kilomètres, traversé les eaux profondes de plusieurs océans, bravé d’innombrables dangers avant d’atteindre cette crique de sable fin où l’attendait sa délivrance.
D’autres n’avaient pas eu cette chance.
Ignorant sa fatigue, elle s’autorisa une brusque accélération et ses nageoires musclées lui permirent de gagner une poussée supplémentaire dans sa lutte contre le courant. Seuls quelques instants la séparaient désormais de la promesse de repos que lui offrait le rivage. Un court repos, qui lui permettrait de recouvrer suffisamment de forces pour participer de la seule façon possible à la bataille que menait son espèce contre sa disparition.
Car elle était l’une parmi des centaines, là où elles auraient dû être dix fois, cent fois plus. Elles, qui avaient su résister à tous les cataclysmes depuis l’aube des temps, qui avaient trouvé très tôt leur place dans un écosystème complexe dont elles contribuaient activement à préserver l’équilibre, se voyaient menacées par la dernière espèce à avoir posé son pied à la surface du globe.
Et pour une âme ancestrale dépositaire de la sagesse originelle, c’était très vexant.
Au début, pourtant, ces grands singes mal dégrossis qui venaient agiter des bouts de branche sous leur nez tout en les bombardant de gravillons, n’avaient pas paru très inquiétants. Lorsqu’ils avaient fini par découvrir la technique permettant de séparer la carapace de la chair pour venir goûter à cette dernière, ils avaient rapidement compris le sens du mot « toxique », à coups de diarrhées aiguës et de vomissements. Il avait suffi aux tortues-luths d’isoler davantage leurs lieux de nidation pour qu’une cohabitation à peu près pacifique s’installe pendant plusieurs millénaires.
Ce n’était au final que tout récemment que la situation s’était dégradée – et ce avec une rapidité telle qu’aucune adaptation darwinienne n’avait eu le temps de se mettre en place pour sauver ce qui aurait pu l’être.
Une voix désincarnée jaillit alors de l’appareil pour annoncer :
— Allez-y, vous pouvez commencer.
Et pendant que l’un de ses camarades détaillait le plan de leur correspondant chinois pour déstabiliser les nations du Maghreb, N°4 se prit à imaginer ce qu’aurait pu être sa vie s’il n’avait jamais croisé le chemin tortueux de la Troisième Force, celui qui l’avait conduit à siéger à ce Conseil dont il ne partageait en rien les idéaux, mais qu’il avait choisi d’infiltrer pour préserver la seule chose qui comptât réellement à ses yeux : l’Equilibre des Pouvoirs. C’était cet idéal qu’il avait placé au dessus de tout, comme ses camarades, les vrais, pas ces quatre hommes qui, avec quelques autres, tiraient les ficelles de l’ordre mondial. Lui, avait simplement pour objectif de les empêcher d’aller trop loin. Il devait, pour cela, échouer parfois. C’était ce qui s’était produit l’hiver dernier, et il l’avait payé au prix fort.
N°4 eut une brève pensée pour sa femme, pour la peine qu’il lui avait infligée. Puis son attention se reporta sur le sujet du jour, qui était, au fond, le même à chaque fois : comment assurer aux hommes les plus puissants de la planète la certitude qu’ils allaient le rester.
Il maudit la médecine en générale et le Dr. Emma Boule en particulier. Il aurait pourtant dû savoir que sa santé était quelque chose de bien trop sérieux pour être confié à une femme, toute diplômée qu’elle fût d’une prestigieuse faculté londonienne. La remplaçante de ce brave Dr. Cheescake, qui s’était contenté durant trente ans de lui tâter vaguement le poignet avant de lui prescrire invariablement la même potion à l’amertume réconfortante, avait cru bon de devoir marquer son territoire en imposant à son nouveau patient le bilan complet auquel le système de santé britannique donnait droit à tout sexagénaire, aussi fringant fût-il. Le verdict était tombé, et James Lee Bowling avait officiellement basculé du côté des malades en puissance.
C’est sur une interprétation toute personnelle de la Traviata qu’il se rendit dans la cuisine pour préparer son café matinal. Il venait tout juste de verser l’eau dans la machine lorsqu’un bruit provenant de l’entrée lui fit dresser l’oreille. Son cœur battit soudain plus fort.
— Raoul ?, appela-t-il en s’avançant vers la porte de la cuisine, la boîte de café dans la main.
Ce n’était pas Raoul.
La boîte en fer blanc s’abattit sur le carrelage dans un grand fracas métallique, laissant s’échapper ses graines noires. Avec stupéfaction, Edgard baissa la tête pour observer la tâche rouge qui était apparue au niveau de sa poitrine, sur son marcel jusque-là immaculé. Elle avait déjà commencé à grossir lorsque sa tête toucha le sol, ses pupilles dilatées tournées vers le plafond.
Sa vie avait déjà tant de fois défilé devant ses yeux qu’au moment suprême, sa dernière pensée resta bloquée sur les rosiers de Pat, qu’il avait toujours détestés.
« Plus besoin de les tailler, maintenant. »
Il puisa dans cette réflexion un étrange et ultime réconfort.
Une fin des temps à l’odeur de lavande de synthèse.
Un examen un peu plus attentif de la petite pièce aurait révélé que la lueur bleuâtre provenait d’un écran d’ordinateur, mais d’aucuns auraient vu dans ce fait une tentative de camoufler la vérité, à savoir qu’il s’était passé quelque chose à Roswell en 1947.
Un jeune homme était assis devant l’écran de l’ordinateur, et donnait toutes les apparences d’être sur le point de presser les touches du clavier dans un ordre plus ou moins établi ; et d’aucuns auraient vu en lui un envoyé du Gouvernement avec la mission de nier farouchement qu’il s’était passé quoi que ce soit à Roswell en 1947.
Le jeune homme en question n’avait en fait strictement rien à voir avec Roswell ; ni d’ailleurs avec le fait qu’il s’y était effectivement passé quelque chose en 1947. Mais il y avait au moins deux points communs entre lui et une créature étrange venue d’un autre monde. Tout d’abord, il semblait vouer un culte certain aux paysages extra-terrestres dont des posters colorés tapissaient les murs de sa chambre. Ensuite, le jeune homme avait pour caractéristique principale d’être élève en classe préparatoire dans un grand lycée parisien. Il n’était certes pas le seul dans cette pénible situation, mais il faisait partie de cette curieuse minorité qui semblait l’apprécier. Et autant le jeune Alix Lebicorne aimait la vie de taupin, autant les autres taupins avaient des boutons rien qu’à la pensée qu’Alix Lebicorne était l’un des leurs. Il faut dire que ça empêchait même certains d’entre eux de dormir la nuit. Parce que, songeaient-ils en se retournant dans leur lit sans parvenir à trouver le sommeil, Alix Lebicorne est incontournable.
Depuis tout petit déjà...
Bref.
Vivre l'instant présent avec des yeux neufs.
Se rendre compte que seuls deux sentiments existent : la Peur ou l'Amour.
Le seul coupable de notre souffrance, c'est nous.
Ce qui peut sembler négatif ne l'est peut être pas.
Choisir ses priorités et s'assurer que ses pensées sont dans cet axe, en observant se automatismes.
Rassurer son enfant intérieur lorsqu'il panique.
Distinguer les messages qui émanent du coeur de ceux qui viennent de l'ego.
Supprimer les armures, qui ne protègent qu'en surface, mais finissent par étouffer.
Revenir à l'essentiel.
S'envoler légère en étant soi même.
Ce beau mot russe : razliubit. Il désigne le sentiment à l'égard d'un être que l'on a aimé et pour qui l'on éprouve encore une nostalgique affection mais plus d'attirance charnelle. Razliubit est intraduisible en français. Notre langue qui sait si bien servir l'amour passionné ou le dépit enragé n'a pas de mot pour les éclats de l'entre-deux !
(...)
Ce que je veux te dire, Éloïse, ce que tu ne peux entendre du haut de tes seize ans, c'est que tu feras bon usage de cette douleur. Je ne te dis pas que "tout ce qui ne te tue pas te rend plus fort" parce que c'est de la connerie. Ce qui ne tue pas affaiblit, détruit une partie de toi. Je ne peux pas te promettre que tu t'en remettras complètement, ce serait te mentir. Mais tu vivras avec et tu en feras quelque chose. Tu t'en serviras comme force créatrice.
(...)
Chère Madame,
Tu te demandes sans doute pourquoi je t'appelle madame alors que tu es habituée à mademoiselle, miss, mistinguett, "toi-là-bas", chaton, connasse, princesse, petit cul, meuf, meufette, poulette, ma poule, ma jolie. Incroyable le nombre de mots que les gens peuvent inventer pour s'adresser à toi, (...) Pour la plupart, tu n'existes pas vraiment. Tu es juste un modèle de la catégorie générale "adolescente".
Car Noël est fichtrement mal placé pour nous autres montagnards. L'hiver est à peine lancé, les jambes frétillent d’impatience, la glace est froide, la neige abondante, une invitation. La semaine de vacances, stabilotée depuis des mois, point enfin son lundi au programme des réjouissances et nous voici à festoyer... vers Angoulême, Chartres ou toute autre bonne idée d'un regroupement familial. C'est ainsi, les joies hivernales ont leurs jours de carence. (...)
Slogan du Mouvement de libération des femmes
La peau d'une femme pèse un peu moins lourd. Elle couvre une surface inférieure.
La plupart des hommes d'âge moyen, y compris ceux qui vivent seuls au fin fond du Somerset, n'auraient jamais l'idée de se demander à quoi pourrait bien ressembler une femme sans sa peau. Pas plus qu'ils n'auraient l'occasion de s'étonner de l'aspect de cette peau une fois tendue et fixée sur un banc de tanneur.
Mais à dire vrai, la plupart des hommes ne sont pas comme cet homme-là.
Cet homme-là appartient à une catégorie de personnes radicalement différente.
Un soir que notre paysan se disposait à regagner son logis, après avoir labouré son champ pendant une bonne partie de la journée, il aperçut, au milieu des sillons qu'il avait tracés, un petit tas de charbons embrasés. Il s'en approcha plein d'étonnement, et vit un petit diable tout noir, qui était assis au milieu des braises ardentes.