Ajouter un extrait
Liste des extraits
— Bonjour ?
— Je… heu…
Le cerveau de Carter refusa de fonctionner et sa bouche fit un arrêt cardiaque. L’homme dans l’entrée ressemblait à un des tombeurs des films des années 50 que Freddy adorait : très américain, qui jouaient des héros de guerre ou des cow-boys avec un chapeau blanc. Ils allaient à des fêtes à Hollywood avec de belles femmes tout en organisant en secret des soirées entre hommes. Cet homme devait faire dans le mètre quatre-vingt, les épaules larges, bien bâti sans donner l’air de passer tout son temps dans les salles de sport. Ses cheveux blonds foncés luttaient contre le gel soigneusement appliqué pour retrouver leurs boucles, ses yeux étaient d’un bleu intense qui flirtait avec le violet, et sa mâchoire était large, carrée et proéminente, avec une légère fossette. Il portait un sweat vert olive quelconque et un jean bleu.
— Tab Hunter, dit Carter.
— Je suis désolé, vous êtes à la mauvaise adresse.
L’homme commença à refermer la porte.
— Non ! Attendez ! Je veux dire… l’acteur. Tab Hunter. Vous lui ressemblez.
— Oh.
L’homme fit un sourire hésitant, révélant une rangée de dents blanches.
— Hum, merci. J’aime ses films.
Carter tenta avec force de produire une phrase rationnelle.
— Désolé. Ce n’était pas…
Il prit une profonde inspiration.
— Je cherche M. Harper.
L’homme sembla se détendre un peu.
— C’est moi. Je peux vous aider ?
Son regard s’égara vers l’enveloppe kraft, mais elle était pliée dans la main de Carter et Harper ne devait probablement pas la reconnaître.
— Pas vraiment. Enfin, en quelque sorte. J’espérais pouvoir vous parler. Je m’appelle Carter Evans et je…
Mais il n’eut pas le temps de finir. Harper poussa hoquet de surprise et recula, le visage perdant toute couleur.
— Est-ce que c’est une blague ? souffla-t-il.
— Non ! Vraiment. Éditeur en chef du magazine Stupéfiant !
Et actuellement son seul employé, mais il ne parla pas de cette partie.
— Vous et moi avons eu une sorte de… correspondance.
Afficher en entierCarter jouit un instant plus tard, se permettant enfin de tomber, totalement en coton, sur le torse de John.
— Bon, dit John en le serrant avec force.
— Toujours à court de mots complexes ?
— Bientôt.
Carter éclata de rire.
Afficher en entierToutes les histoires de J. Harper commençaient comme ça, plus ou moins. Puis elles s’aventuraient durant des milliers de mots sur une prose mortelle où une créature extra-terrestre expérimentait des aventures passionnantes, comme aller faire des courses ou apprendre comment aller en ville sans se faire renverser. Carter alla quelques pages plus loin. Ah. Cette fois, l’extra-terrestre allait au cinéma. Aussi mauvaises que soient les histoires, les fins étaient encore pires. L’extra-terrestre restait inévitablement coincé sur Terre, perplexe et triste. Les derniers mots restaient toujours les mêmes : il voulait rentrer à la maison.
— Je vais l’y envoyer moi-même sur une fusée, marmonna Carter.
Afficher en entier