Extraits

« -Ce que je ressens pour toi est tellement fort que ça me bousille de l intérieur, poursuit-il. Tu as ce pouvoir de briser mon armure, d atteindre ce que je cache derrière

-Tu as peur de ce que tu éprouves pour moi? Bredouillé-je.

Un rire silencieux secoue les épaules du biker.

-Non, mon petit chat. Je flippe de ce qui pourrait m arriver si je t autorise à entrer là-dedans, répond-il en tapotant son torse. »

J’ignore ce qui me retient de sauter par-dessus le comptoir et de lui rouler la pelle de sa vie.

Ah ouais. Mon éducation.

- Notre sergent préféré s'est dégoté une meuf capable de le foutre à genoux, tu verrais comment ça jase...

- Pourquoi tu lui as parlé de ton rôle dans la hiérarchie? reprend mon père.

La question à cent mille dollars!

- Parce que... j'avais la certitude que je devais le faire.

Je marque une pause, puis ajoute :

- Je me fourre dans une merde sans nom, hein?

- De quoi tu parles ?

- De cette nana, de son sourire, de ses yeux... Elle m'a tiré une balle en plein dans le palpitant.

« -Eh merde, soufflé-je en avalant une énième gorgée d alcool.

Heden tourne la tête dans ma direction. C est brutal, plaisant, ça paraît presque surnaturel. Son sourire me prend aux tripes. Je n en ai jamais vu d aussi beau.

Non, mon petit chat, tu n es pas une potiche.

À cet instant, je comprends que j ai pris ma décision.

Je la veux, et je l aurai. »

- Vu tout ce que tu as mangé, je t'imagine mal me courir après.

- Je roulerai pour te rattraper. Et je t'écraserai au passage.

- C'est la menace la plus bizarre que j'ai jamais entendue.

« Tout ça à la fois. Mais, à Kris, je balance la réponse la plus simple et la plus douloureuse :

— J’ai croisé Shirley, l’autre jour.

Un bruit de verre brisé retentit, suivi par un chapelet de jurons à faire rougir le diable. Ma frangine et moi, on a toujours eu de l’imagination pour les gros mots.

— Elle est revenue ? s’exclame-t-elle, sous le choc, en déboulant sur le balcon.

— Faut croire.

Je chope le verre que Kris me tend et le descends d’une traite. L’alcool brûle ma gorge, mais pas mes pensées merdiques. Mon esprit part en couilles, j’ai envie de tout casser.

— Si je la croise, je la tue, affirme ma sœur.

— Je t’aiderai à planquer le corps. »

Ma parole, à ce rythme-là, je vais crever en me noyant dans ma niaiserie.

– Soyez prudent sur la route, me conseille-t-elle. Sa recommandation me tire un demi-sourire. Peu de gens me demandent d’être prudent. Ma came, c’est plutôt le danger. On m’envoie là où il y a de la baston et des comptes à régler. Sergent d’armes, c’est loin d’être de tout repos.

– Tu réalises que je fais partie d’un club de bikers ? demandé-je à Heden.

– Et alors ? Son ignorance est touchante.

– La prudence, je l’encule à sec.

– Voici l’ancien cimetière de Black Lake, m’explique Ash. Il a été fermé en 1929. – Pourquoi m’as-tu emmenée ici ? – Pour te tuer et cacher le cadavre, bien sûr. Tu vois une autre possibilité ? – J’ai embrassé mon premier petit copain dans un cimetière, avoué-je. J’avais dix-sept ans. Ash me décoche un regard méfiant, puis secoue la tête, la mine désespérée. – Pourquoi ça ne m’étonne pas ? souffle-t-il. Non, je ne coucherai pas avec toi ici. – Je n’ai jamais parlé d’une chose pareille ! m’offusqué-je. – Bon, d’accord : si tu insistes, je peux te prendre dans un mausolée. Tu as accepté la partie la plus sombre de moi-même, je peux bien faire un effort pour accepter la tienne. – Ash !