Commentaires de livres faits par sucredorge
Extraits de livres par sucredorge
Commentaires de livres appréciés par sucredorge
Extraits de livres appréciés par sucredorge
Je bute, je tousse. Une main attrape la mienne, deux autres les rejoignent. Je me concentre sur l'enchevêtrement de doigts, c'est plus inspirant que le goudron. C'est parfait pour les atteindre, tous à la fois.
- Vous êtes l’œuvre de papa. En partie. Il ne vous a pas donné votre talent ni votre courage. Mais il vous a réunis, il a fait de vous ce ... vous, cette famille. Cette force qui vous a maintenus grands et beaux quand le talent et le courage ne suffisaient pas. Je... j'ai pas compris tout de suite pourquoi votre présence m'apaisait à ce point. Maintenant je sais. Vous êtes l’œuvre de papa. A travers vous, il est toujours là. Et... vous n'êtes pas sa seule création, mais vous êtes mieux réussis que son bassin à canards.[spoiler][/spoiler]
Pour le moment, je ne sais plus rien de cette journée. Une rumeur sourde et constante bourdonne dans mes oreilles et le train file vers F., imperturbable.
Les voyageurs commentent la marche républicaine de cette après-midi et je ne peux m'empêcher d'y voir une sorte d'indifférence du monde à l'égard d'Hakim.
Hakim.
Je t'appelle silencieusement. C'est la seule façon pour moi de savoir que tu es mort.
Je sens que tu vas prendre beaucoup de place dans les mois, les années à venir. Je sens que ton fantôme va être tenté de prendre toute la place. Ta mort va me visser une tristesse sans fin au fond de la gorge, et peut-être même m'arracher ça : mon amour, ma joie.
Qu'est-ce que je vais faire de toi ?
On n'avait pas l'âge, putain ?
L'âge de quoi ?
J'ai dix-sept ans, la vie devant moi et de la mort partout. Une saloperie d'équation à résoudre. Je pourrais très bien renoncer. Au goût des choses. Aux règles d'un jeu dont je devine qu'il n'a aucun sens. Oui je pourrais très bien laisser tomber.
C'est quoi l'autre choix ?
Je penche le visage vers Esther. Je me mets à la serrer dans mes bras. Elle entrouvre les yeux et bascule doucement son visage vers moi.
Qu'est-ce qu'on va faire de tout ça ?
Je suis en vie.
Nous sommes en vie.
Pas le choix.
Alors, à partir de maintenant, il va falloir que la mort serve à quelque chose.
Mais je ne sais pas vraiment à quoi.
Voilà.
Rien d'autre pour le moment.
Posaient-ils des questions, eux ?
-On boit ? propose Mallory
-T'as un tire-bouchon ?
-Toujours sur moi. J'ai retenu la leçon.
L'ange repasse.
C'est sûrement Papa. Je ne l'imagine pas muni d'ailes et d'une auréole. Plutôt habillé en héros historique.
Je finis le message les larmes aux yeux et les mains tremblantes. Toute la peine emmagasinée pendant ces deux dernières années et la beauté de son texto me précipite dans un tourbillon émotionnel. Je pensais avoir déjà suffisament pleuré pour lui, mais je me trompais lourdement...
-Qu'est-ce que tout cela signifie, pour nous, pour notre relation, Noah ?
- Ça signifie que tu m'appartiens, ai-je répondu, le front appuyé contre le sien