Sugar Wolf, Tome 1

Je prends une grande inspiration.

J’suis bête…

Un vampire, ça ne respire pas.

Je suis planté devant l’imposante porte d’entrée depuis une bonne dizaine de minutes. En regardant l’heure sur mon portable, je constate que mon entretien avec Mrs Roy débute bientôt. J’en profite pour vérifier ma tenue. Un jeans noir, des tennis de la même couleur et une chemise blanche. C’est classique, peut-être trop… Je ne dégage aucune originalité, ni créativité. Au moins, je peux compter sur mes cheveux qui eux, sont impeccables. Par contre, j’apprécie moins de devoir exhiber ce fichu pendentif qui doit toujours être à la vue de tous. C’est la loi. Si on découvre que je suis un vampire et que l’on me surprend sans, je risque de finir en tôle. Et les vampires sont loin d’être des créatures appréciées… Des suceurs de sang, des opportunistes, des démons… Je n’ai rien demandé, moi. Quand cette nana m’a mordu, je me suis réveillé dans les vapes, dans mon lit. Bien sûr, elle avait disparu. C’est l’envie de sang pressante qui m’a fait réalisé que j’étais passé de l’autre côté. Dans ces conditions, j’ai suivi le protocole : me rendre à l’hôpital afin de subir des examens. Le verdict ne tarda pas à tomber : j’étais bien devenu un vampire. Et ma vie a changé, pour le pire…

Je gonfle mes joues comme un hamster et me les frappe d’un coup sec, avant de les pincer.

Même mon coiffeur habituel ne va pas tarder à me rejeter. Je doute qu’il continue longtemps à me garder. Sa clientèle humaine et magique n’apprécie pas beaucoup de se trouver prêt d’un vampire. Non, il n’ouvre pas à minuit uniquement pour moi. Les vampires sont d’autant craints que leur présence ne se limite pas à la nuit tombée. Ils ne craignent pas le soleil et encore moins les lieux de cultes et n’ont pas le teint blafard. Ils ont surtout cette réputation de sangsue, comme s’ils se promenaient avec une pancarte autour du cou qui listait toutes les MST transmissibles par la moindre morsure… C’est le pendentif qui remplit ce rôle. Pas étonnant que beaucoup d’entre eux refusent de se plier à cette loi. Mais, pas moi. Je préfère annoncer la couleur, car pour être honnête, je ne sais pas si un jour, je pourrais ressentir tout à coup cette envie irrésistible de mordre quelqu’un.

Un point positif, est que ma vue est devenue impeccable. Je n’ai plus besoin de porter ces affreuses lunettes, ni ces lentilles qui me transperçaient les pupilles comme des aiguilles.

- Allez… Tenue : bof. Cheveux : au top ! Et situation générale : critique…

Je sais que Mrs Roy est une louve et que ces deux espèces sont réputées pour se détester l’une et l’autre, mais c’est ma dernière chance… Si je rate cette interview, je n’aurai plus qu’à me rendre au centre d’exécution le plus proche et mettre fin à cette horrible existence qu’est devenue la mienne.

Je me lance et sonne. J’attends de longues minutes. Juste au moment où je me décide à récidiver, la porte s’ouvre.

- Bonjour, Mrs Roy. J’ai rendez-vous pour le poste d’assistant.

Mrs Roy a les traits tirés, les yeux cernés. Ses cheveux gras sont attachés dans quelque chose que l’on peut qualifier de chignon dans lequel on a planté un pétard. Son apparence est loin de ce que je m’imaginais. Elle arbore un tee-shirt d’homme et un jeans deux fois trop grand pour elle. Je sens que j’ai perdu toutes mes chances dès qu’elle pose ses yeux sur mon pendentif.