Suite française

Pour évaluer ce livre on ne peut pas dissocier le roman des circonstances dans lesquelles il a été écrit. Le roman peut être lu comme un témoignage sur la débâcle de juin 1940 et les tous débuts de l’occupation, il est agréable à lire, bien écrit. Les personnages, l’intrigue sont très romanesques. Irène Nemirovsky s’attarde longuement sur les sentiments de ces dames confrontées à l’occupant parfois fort séduisant, et « croque » délicieusement ces grands bourgeois plongés dans la débâcle. Pas trop mon truc tout ça, je l’avoue.

Mais il y a aussi le contexte qui donne une autre dimension au roman. Une préface très bien faite décrit la vie hors norme et dramatique d’Irène Nemirovski, et on trouve en annexe des correspondances poignantes. Navrant témoignage sur cette police de Vichy, aussi…

Vu la taille du roman, j’avais un peu peur de me lancer dedans mais au final j’ai été agréablement surprise. La plume de l’autrice était fluide et agréable. Le choix de l’autrice de se concentrer sur la partie civile du conflit, sur l’exode et l’occupation était assez judicieux puisque finalement j’ai lu plus d'œuvres qui parlait du conflit par rapport aux soldats ou aux camps que sur la partie civile de la guerre. Ce qui est dommage, c’est que l’autrice a été déportée avant d’avoir pu finir son oeuvre, ce qui laisse un goût d’inachevé. En tout cas je conseille !!

Le début de ce livre n’a pas réussi à me captiver. Trop de personnages, trop d’errance sans trop savoir où on allait, je n’ai pas pu me lier à eux. Quand arrive la moitié du livre, par contre, j’ai eu l’impression de vivre l’entrée des Allemands dans le village. Je me voyais derrière un rideau espionner ces nouveaux arrivants qui titillaient ma curiosité. On découvre les différences flagrantes entre les classes, les peurs des uns qui deviennent les défis des autres. La perfidie n’est jamais loin, la méfiance guette chaque fenêtre. C’est écrit avec douceur, mais sans mensonges. Le vrai visage des Français n’était pas toujours beau à voir, mais l’auteur réussit le pari de parler de cette période de notre histoire avec pudeur, mais vérité. Ce livre qui n’aboutira jamais reste une belle leçon de vie, que ce soit pour les personnages fictifs ou pour l’auteur et son mari qui seront victimes de l’histoire. 

J'ai choisi cette note pour inciter un grand nombre de lecteur a ne pas passer a côté de ce livre remarquable. Tellement vrai hélas dans la description des relations entre les personnes, des privations de tout ordre., les séparations C'est un livre pour tous les ages, les anciens mais aussi les plus jeunes, qui au fil des pages pourront approcher l'état d'esprit qui régnait durant cette période.Cette auteure a été une révélation pour moi: une écriture magnifique ( quelle sensibilité!) des portraits si incisifs (toutes les classes sociales sont représentées) une ambiance si réaliste que l'on a l'impression d'avoir fait un voyage dans les moeurs de cette France occupée.

Je n'ai pas particulièrement accroché sur la première partie de l'intrigue, je n'arrivais pas à suivre toutes les histoires parallèles et les personnages. J'ai davatange apprécié la deuxième partie, qui m'a plus tenu en haleine. L'écriture est fluide et très agréable, je l'ai trouvée d'une surprenante délicatesse, compte tenu du contexte dans lequel le livre a été écrit, et ce qu'il dépeint.

Au moment de l invasion, l un des héros est en train de repasser. Rien de tel pour figer la fiction dans le reel. Car c’est aussi ce que ma grand mere me racontait: le jour de la declaration de guerre elle repassait. Depuis, j'évite les fers et je n’ai plus peur de froisser.

Une fresque sur les états d’âme et les actions bonnes ou mauvaises des français lors de l’occupation allemande de 1940. Il y est décrit à la perfection l’exode et les sentiments des gens de toute classe sociale, de l’héroïsme à la lâcheté, de l’égoïsme a l’amour…l’autrice est d’une lucidité remarquable. L’époque fut très dure et quelle leçon de vie dont certains devraient bien s’inspirer. Quel destin tragique pour cette romancière dont la vie et le roman s’arrêtent ensemble.

"Suite française" ressuscite d'une plume brillante et intuitive un pan à vif de notre mémoire.

Une lecture intéressante et enrichissante. J'ai apprécié la structure du roman en deux parties - qui devait normalement en comporter plus mais demeure inachevé. La première sous forme de tableaux, une succession de scènes à travers lesquels nous vivons l'exode de Paris en 40 et les horreurs humaines. Et une seconde partie qui se concentre sur une famille en particulier et qui nous fait vivre le début de l'occupation allemande dans un village français. J'ai bien aimé les références à des personnages croisés dans la première partie et qui sont brièvement nommés dans la seconde, comme un clin d'œil qui donne une impression de continuité à la structure narrative. J'avais pu voir le film inspiré de ce roman que j'avais bien aimé, mais ce dernier n'a rien à voir avec le livre ; cette lecture fut une belle surprise.

Ce livre inachevé écrit par l'une des victimes de la barbarie nazie dévoile avec une terrible justesse la vie quotidienne, les personnalités et les rapports humains de personnages fictifs ayant vécu la première partie de la deuxième guerre mondiale, et en particulier la débâcle et l'occupation allemande. Sans doute, l'un des livres qui décrit cette époque avec le plus de réalisme, d'objectivité et de précision. C'est un roman sublime d'autant plus fidèle à la réalité historique du quotidien des français de l'époque, qu'il fut écrit au fur et à mesure de l'avancée de la grande Histoire.