Quand tu as disparu, ta mère m'a mis en garde : chercher à découvrir ce qui t'était arrivé exactement serait pire que de ne jamais savoir. C'était un sujet de querelles constantes, car nous quereller était la seule chose qui maintenait le lien entre nous à cette époque.
"Connaître les détails ne te soulagera en rien, m'avertissait-elle. Les détails ne feront que te briser."

J'ignore quel aspect aura ce tableau, une fois achevé, mais il me semble que Maître de La Tour est au meilleur de son art. Je prends la mesure de ce que je ne possède pas, et ne posséderai jamais. Il n'y a pas que le travail qui permette d'approcher une telle perfection. Cette admiration que j'éprouve se mêle d'amertume, à la façon dont on voit un rêve s'éloigner au réveil, et dont le souvenir nous poursuit tout le jour.

Plus tard, je ne pus qu’admirer la sagesse des hôtes en ce qui concerne la distribution des cadeaux aux enfants. La fillette qui, déjà, avait trois cent mille roubles de dot, reçut la plus belle poupée de la collection et ainsi de suite : la valeur du jouet diminuant en proportion de la moindre importance pécuniaire des parents. Enfin le dernier des heureux fut un petit gamin de dix ans, maigre, roussâtre, la figure couverte de taches de son : il reçut un petit livre de rien du tout, dont le texte parlait de la grandeur de la nature, de larmes, de tendresse, etc., et qui ne renfermait pas même la moindre image.

Quelques devinettes écrites par de grands auteurs et qui sont, avec eux, passées à la postérité :

"Cinq voyelles, une consonne,
En français, compose son nom.
Et je porte sur ma personne,
De quoi l'écrire sans crayon."

Réponse : C'est l'oiseau bien sûr.

- Allô ? Oui, votre fils est là, belle-maman, je vous le passe.
- Nick ? Ta mère.

- Théologie ?
- Non, encore au taf.

- Elle m'a accueillie à draps ouverts.
- Est-ce ainsi que le bonheur satin ?
- Cela va de soie.

"Convaincu de harcèlement téléphonique, il a été condamné en appel"
- Depuis il a décroché ?
- Il n'avait pas de mobile.

"Il y a des fous partout, même dans les asiles" (Jules Renard),
"Il aime les femmes distantes, mais de près" (Jean Giraudoux),
"Je doute de tout. Je redoute le reste" (Yvan Audouard), "Il a raté son bac du premier coup" (Jean-Marie Gourio), "Les paroles seules comptent, le reste est bavardage" (Eugène Ionesco).

* Alcoolique : mâle à bar,
* Boulet : femme qui fut d'abord un canon,
* Cécité : point de vue,
* Concours Miss France : le prix nos belles,
* Libido : quand elle est défaillante, se transforme en bide au lit.

Ailéphant : variété de pachyderme volant dont Dumbo est l'unique représentant connu.

Bouillabbesse : mère supérieure préposée à la cuisine dans les couvents de Provence.

Exauce-tif : qui est tellement conforme à nos voeux qu'il n'y manque pas un cheveu.

Fama volat : la renommée vole.

La réputation va, court et vole. Elle s'envole, même ! Virgile, dont la renommée n'a jamais pâli, use d'une personnification, au vers 121 du chant III de l'Enéide, pour exprimer la rapidité avec laquelle un bruit se propage... avant de se dissiper.

Je viens de faire mon testament.
A quoi bon ? Je suis condamné aux frais, et tout ce que j'ai y suffira à peine. La guillotine, c'est fort cher.
Je laisse une mère, je laisse une femme, je laisse une enfant.

Les premiers jours on me traita avec une douceur qui m'était horrible. Les égards d'un guichetier sentent l'échafaud.

- Les gens craignent de mourir parce qu'ils redoutent l'inconnu. Mais justement, qu'est-ce que l'inconnu ? Je te propose, Oscar, de ne pas avoir peur mais d'avoir confiance. Regarde le visage de Dieu sur la croix : il subit la peine physique mais il n'éprouve pas de peine morale car il a confiance. Du coup les clous le font moins souffrir. Il se répète : ça me fait mal mais ça ne peut pas être un mal. Voilà ! C'est ça, le bénéfice de la foi. Je voulais te le montrer.
- O.K, Mamie-Rose, quand j'aurai la trouille, je me forcerai à avoir confiance.

C'est horrible ! Tout recommence... Tu ne comprends rien, ou plutôt, tu crains de trop bien comprendre : cette fois, Mygale va te...

Gauchement, tu as esquissé une caresse, toi aussi, sur son visage. Mygale t'a giflé violemment, en serrant les dents. Il t'a ordonné de te tourner et son observation s'est poursuivie, méthodiquement, durant plusieurs minutes.

Ton coeur battait la chamade. Sa main, chaude, est redescendue vers ta poitrine, elle s'est faite douce et agile pour courir sur tes côtes, ton ventre. Il tâtait tes muscles, ta peau lisse et glabre. Tu t'es mépris sur le sens de ses gestes.

Etonné, l'animal levait le museau, penchait son crâne plat sur la gauche, rabattait les oreilles en avant puis me toisait de ses yeux noisette. (...)

Liés par un conciliabule perpétuel, passant depuis des lustres leurs journées et leurs nuits ensemble, ils ne paraissaient jamais rassasiés l'un de l'autre, jouissant de chaque instant qu'ils partageaient, comme si pour eux il n'y avait rien de plus parfait en ce monde que de respirer côte à côte. Quiconque surgissait devant eux rompait un moment plein, fort, riche, succulent.

Des étoiles scintillaient, d'autres pâlissaient, le ciel aussi racontait des histoires, on les lisait mal ou bien. J'ai pensé que les mots étaient comme les étoiles mortes, une lumière qui venait plus tard. Alors écrire une fois de plus "Il était une fois..." Ecrire, oui, je vais écrire, peut-être pour être un peu seul avec eux, pour croire ne serait-ce qu'à moitié, quelques heures par jour, quelques jours par mois, que c'était comme avant. Que c'est comme avant.

Je finirai par me tuer, cette phrase par la suite est revenue environ une fois par mois, mais je l'entendais, moi, siffler dans ma tête jour après jour et heure après heure ou plutôt minute après minute, seconde après seconde et je tentais diversement de résister à cette phrase qui était peut-être plus qu'une phrase, qui était - en attendant d'être un jour peut-être plus qu'une phrase - un bloc de terreur.

Elle s'apitoie sur eux et sur leurs tremblements. Sur leurs hésitations, leurs gestes malhabiles. Elle les voit comme de vivants et précieux fossiles, de pauvres éléphants.

Elle va tomber. Elle tombera, dans un cirque de cris aigus, de cognements aux murs. De choses qui dévalent. Elle tombera et restera sur le carreau. Et moi je serai seul. Vieux et seul. Seul dans cette maison, à crier pour personne. A ranger sans désordre.
A mourir.

Lucas devint blême et dut se raccrocher à une chaise pour ne pas tomber. Ses jambes avaient du mal à le soutenir. C'était le texte exact du message qu'il avait reçu la veille.

Dix ans s'étaient écoulés depuis. Dix ans pendant lesquels elle n'avait reçu aucun signe de vie malgré les suppliques qu'elle avait adressées à son fils. Toutes ses lettres lui étaient revenues avec la mention de la Poste : "courrier refusé".

Le chagrin avait emporté le mari de madame Anna sans que Lucas, son fils, se manifestât. Elle aurait tant voulu disparaître elle aussi, mais la mort n'avait pas voulu d'elle, lui infligeant de rester sur terre avec sa souffrance et la commisération de ses relations amies.
Madame Anna avait alors vendu cet appartement où tant de souvenirs l'assaillaient jour et nuit. Elle avait déposé chez le notaire la part qui revenait à son fils. Puis elle avait trouvé à louer la maison du fond de l'impasse où elle ne connaissait personne et où personne ne la connaissait.