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La vision n’avait rien de structuré. Elle passait d’un flash à un autre. Une possibilité à une autre. Et tournait en boucle. Rien n’était figé. Tout changeait. Les destins s’entremêlaient dans ma tête. Puis je compris.
Vine avait tant augmenté mon pouvoir que j’avais acquis – provisoirement ou non, je n’en savais rien encore –, celui de mon grand-père. L’anticipation qui le rendait si puissant.
Je ne parvins pas à décrypter correctement l’avenir, parce que celui-ci n’était pas arrêté. Il suffisait d’un choix pour que tout se modifie et parte vers une autre destination…
Tout était une question de choix…
Un premier… Vine se battait seule, avec un groupe de sylfés mais sans moi. J’arrivais trop tard. Ses flammes se déchaînaient. Trop puissantes, elle ne réussissait pas à les canaliser et elle se perdait dans cette immensité. Alkan arrivait à l’atteindre et elle s’écroulait.
Non. Non. Non !
Et dans un deuxième… je me tenais à ses côtés. J’étais son pilier. La source de son pouvoir, de sa force. Je lui tenais la main, la protégeais, mais, cette fois, ce fut moi que le pouvoir dévora. Moi qui m’écroulais dans ses bras, sous ses larmes. Moi qui ne me réveillais pas.
Faiblesse ou force… nous étions quoi finalement l’un pour l’autre ?
Les images disparurent, mais pas la sensation de son corps sous le mien.
Vine me possédait. Elle m’appartenait. Je ne connaissais aucun endroit où je désirais aller sans elle.
— Allen, reste avec moi !
Avait-elle vu que j’étais parti ? Tellement parti que je m’arrêtai, haletant, suffocant. Je n’avais pas joui. Mon coeur n’en avait plus envie. À la place, je m’allongeai sur le matelas et l’attirai contre moi, trop fort sûrement, mais elle n’en fit aucune remarque. Elle me laissa m’accrocher à elle comme le ferait un amant sur le point de partir en guerre. Un amant qui connaissait sa fin…
— Qu’est-ce que tu as vu ? s’inquiéta-t-elle après avoir ramené ma tête dans son cou, les mains dans mes cheveux.
Toi ou moi.
Je ne pouvais pas lui dire.
Mon grand-père s’était trompé… on ne finissait pas ensemble à la fin.
Afficher en entier– Tu as beau le cacher, je peux voir comment tu la regardes et comment tu serrés les poings chaque fois que tu n’imagines dans mon lit. Ah, tiens… tu recommences.
Afficher en entier— Je suis un membre de la Lignée, s’écria-t-il, peut-être plus contre lui même que contre moi. À aucun moment je n’aurais dû vous toucher comme je l’ai fait, me comporter avec vous comme je l’ai fait. Je suis censé être votre protecteur ! Pas votre…
Les mots moururent sur ses lèvres. Allen allait se dérober, mais c’était hors de question.
— Mon quoi ? Nous n’avons jamais mis de mots sur notre relation. Nous nous sommes embrassés, nous avons fait l’amour, alors nous sommes quoi ?
— Je n’aurais pas dû.
Il ne cessait de répéter ces mots et mes nerfs commençaient à lâcher. Puis la remarque de Paul me revint en mémoire. Allen était loin d’afficher le calme impassible et cynique avec lequel il affrontait le monde.
— Avez-vous eu peur ?
J’eus ma réponse à la seconde même où il entendit ma question. Son corps immense s’affaissa sur le lit.
— Je ne suis pas censé avoir peur.
Sa muraille se fendilla.
— Je ne suis pas censé vous embrasser, vous caresser et avoir envie de recommencer.
Je pris ses mots comme une abdication. Je m’avançai, me plaçai juste devant lui. Je nous revoyais dans le cockpit dans cette même position. Il avait déjà tellement peur pour moi et je ne l’avais pas écouté. Il dut aussi se rappeler ce souvenir, car il frémit en relevant la tête. Je passai la main dans ses cheveux comme il le faisait si souvent. Allen n’avait pas l’air de me repousser. Ses jambes s’ouvrirent pour me laisser approcher. Son torse se déplia dès que je me penchai vers son visage.
— Je vous l’ai dit : l’amour est une faiblesse…
Je m’arrêtai à quelques millimètres de sa bouche et marquai un temps.
— Non. Vous avez parlé de désir la dernière fois.
— Est-ce différent ?
— Chez les humains, oui.
— Les leskans n’aiment pas, déclara-t-il, fataliste.
— Et les sylfés ?
— Nous aimons notre peuple.
Je lui caressai la bouche d’un pouce.
— Et vous ?
Jamais une conversation ne m’avait paru avoir autant d’importance.
— Vous êtes ma plus grande faiblesse…
Mon coeur fit une embardée. Était-il vraiment en train de dire que…
— Est-ce que ça répond à votre question ?
— Oui.
Je tombai enfin sur sa bouche.
Si j’avais cru être désespérée, impatiente de le retrouver, folle d’espoir, Allen me prouva dans quel état lui se trouvait. Un bras se referma dans mon dos avec force, l’autre plongea sa main dans mes cheveux et nous colla l’un à l’autre encore plus. Je gémis au moment de rompre le contact un instant.
J’avais besoin de lui dire…
— Mais vous avez tort…
— Sur quoi ?
— Je crois que je suis votre plus grande force.
Afficher en entierDe retour dans la pièce principale, je remarquai que le Frère s’était assis sur le lit, avait retiré son haut et observait son buste. Je découvris en même temps que lui l’hématome aussi gros qu’un poing sous son pectoral gauche, mais il possédait également tant de cicatrices… qu’avait-il fait dans sa vie pour être si amoché ?
J’hésitai une seconde à côté de lui. Je n’aimais pas m’agenouiller auprès d’un leskan. Le Frère m’inspecta comme s’il devinait ma réticence, puis s’étendit vers l’arrière, ses muscles se contractant sous son ventre, et attrapa un coussin qu’il me déposa à ses pieds tandis que lui-même s’asseyait sur le sol. Cette marque de respect m’incita à me bouger.
Afficher en entierElle n’était comme personne. J’étais fier que son esprit lutte, que, même amnésique, une part d’elle cherche constamment sa véritable nature. Cela faisait partie d’elle, cela la rendait unique.
Afficher en entier« Il grogna de frustration ce jour là.
J’étais pourtant une élève modèle. Je connaissais toutes les attaques, je pouvais les parer et l’atteindre à la mâchoire quand il ne s’y attendait pas. Sauf que mes progrès ne lui suffisaient pas. Il attendait autre chose : mes flammes.
Au crochet suivant, son impatience se déversa sur moi. Il bloqua mon poignet, le tordit vers l’arrière, et bientôt tout son corps me plaqua en avant contre le mur le plus proche. J’étais désarmée et à sa merci.
-Alkan peut faire tout ce qu’il veut de vous dans cette position. »
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