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L’exposition aura lieu dans une vieille demeure coloniale, du côté du port. Ce matin, Raymond et moi y avons effectué les dernières vérifications. Crayon à la main, nous avons examiné les moindres détails, réglé les éclairages. Brusquement saisie d’un trac de première communiante, je me reproche d’avoir agi à la légère. Je n’aurais pas dû accepter. J’ai sous-estimé les risques à sortir ainsi de mon anonymat. Est-il bien raisonnable d’exposer les fleurs de mon jardin aux vents du large ? Les dieux se montrent jaloux du bonheur des couples aux sens comblés. Hier, on aurait dit que Raymond Cherdieu avait deviné mes hésitations. Il m’a tapé sur l’épaule, dit une parole de vieux frère, dans un créole énergique et flambant, comme un punch au rhum-vieux bien dosé, puis a levé le pouce, en clignant de l’œil, avant de filer.
Afficher en entierJ’aime sa manière de me faire l’amour. Je ne me souviens pas d’un seul raté.
Afficher en entierLe soleil est déjà haut dans le ciel. Devant moi, la pelouse s’étend jusqu’à la frange de sable farine que vient lécher une mer paresseuse, propre et transparente, où jouent des paillettes d’or. Je resterais des heures entières à la contempler. Mais je dois me secouer. Le festival et les vacanciers ont augmenté notre travail au laboratoire. J’ai dû recruter une temporaire. Mr Jovial, mon collaborateur, est débordé mais répète plusieurs fois par jour que c’est la rançon du succès, que c’est la réussite, que c’est la gloire !…
Afficher en entierUn avion interrompt ma rêverie sur la terrasse. Il vire là-haut et entame sa glissade, lentement, presque au ralenti, en direction de la piste du Raizet, quelque part derrière le jardin. Il a dû voler toute la nuit. Légèrement cambré, le dauphin du ciel, obèse et docile, termine son numéro. J’arrivai dans l’île par un matin semblable, il y a dix ans.
Afficher en entierJour après jour, s’insinuant en moi à pas de loup, la mer a accompli sa tâche. Elle m’a envahie, a noyé tous les paysages de la mémoire, et les bougies de l’enfance se sont éteintes. Mais on a beau laver son corps, le savonner et le parfumer, l’odeur de la peau finit toujours par remonter.
Ils ont retrouvé ma piste la nuit dernière.
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