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Oui, ce premier jour en Roumanie, toute la tristesse du continent s'était abattue sur moi. Je voyais le déclin partout et ne parvenait pas à imaginer une renaissance.
(p. 21)
Afficher en entier[…] tout ceci était traversé par le son d'une clarinette, vibrant et plaintif, dans cette tonalité étrangère que l'on rencontre au sud des Carpates.
(p. 230)
Afficher en entierIl a fini par revenir à Rășinari. Devant la maison où il est né, on a placé son buste. La maison est de couleur rose passé. Elle a deux fenêtres à volets sur sa façade à pignon. Le mur est orné de corniches et de pilastres blancs. Le buste lui-même est posé sur un socle pas très haut. Le visage de Cioran a été rendu de façon réaliste et maladroite. Il aurait pu être sculpté par un artiste populaire imitant l'art de salon. Sa ressemblance avec le modèle mis à part, l'œuvre est « petite, modeste et sans qualités particulières », elle s'accorde bien cependant avec cette petite place de campagne. Tous les jours, des troupeaux de vaches et de brebis passent à côté. Elles abandonnent derrière elles leur odeur et leur chaleur. Ni le vaste monde ni Paris n'ont laissé la moindre trace sur ce visage. Il est tout simplement triste et fatigué. Des hommes semblables viennent s'asseoir au bistrot près du coiffeur et à côté du magasin sous la vigne. Tout a l'air comme si quelqu'un avait réalisé ici son rêve ou sa dernière volonté.
« Acel blestemat, acel spendid Rășinari »*.
*Ce maudit, ce splendide Rășinari (in « Histoire et utopie » de Cioran)
(p. 51)
Afficher en entier[…] le village de Sfîntu Gheorghe possédait en lui une sorte d'héroïsme résigné. Soumis aux éléments, plein de précarité, condamné à l'oubli, il se blottissait contre la terre ferme, tel un nid d’hirondelles.
(p. 227)
Afficher en entierUn voyage du pays du roi Ubu au pays du vampire Dracula ne peut pas renfermer de souvenirs auxquels on puisse croire plus tard, comment on croit, par exemple, à l'existence de Paris, de Stonehenge ou de la place Saint-Marc.
(p. 22)
Afficher en entierBabadag, de nouveau, comme il y a deux ans : le car fait un arrêt de dix minutes, le chauffeur s’éclipse, la marmaille fait la manche sans conviction dans la chaleur torride de midi, rien n’a changé. Seuls les billets de mille lei avec Eminescu ont disparu, remplacés désormais par de petits ronds en aluminium représentant Constantin Brâncoveanu.
(p. 308)
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