Extraits

"Pendant que je me dirige vers la cuisine, Hayden se plante un instant devant la baie vitrée du salon, et penche sa tête selon les mouvements de ma mère, qui fait son yoga sur la terrasse.

- Elle fout quoi, ta mère, là ?

- Elle médite sur ta connerie, pouffé-je."

— Où est passée ta langue, Cass, si douce qui jouait avec la mienne, il y a quelques jours ? Parle-moi…, insiste-t-il en descendant son index avec sensualité le long de ma nuque, de mon épaule, pour finir sur mon bras.

Encore une, côté ventricule gauche, cette fois.

Il cesse ses caresses, ce qui m’arrache une grimace. Satisfait de ma réaction, il hausse un sourcil, attendant une réponse.

— Si, bien sûr que si, ça me fait quelque chose. Mais toi..., bredouillé-je.

— J’arrive pas à te sortir de mon crâne, lâche-t-il sans me quitter des yeux.

Je suis étonnée par son aveu et cela m’encourage à me dévoiler un peu plus.

— Moi non plus, chuchoté-je.

— Hein ?

— Moi non plus, répliqué-je plus haut cette fois.

— J’ai compris, mais je veux dire, c’est vrai ?

Qu’il doute me surprend. Et qu’il se ronge les ongles, encore plus.

— Je croyais que tu étais sûr de ton charme, Hayden ?

— Ouais, mais…

— Tout ce que j’ai dit à ce dîner chez tes parents, ce n’était pas un jeu, je le pensais.

— Donc tu crois que je peux être gentil ? s’étonne-t-il en dansant d’un pied sur l’autre.

J’ai envie de pleurer toutes les larmes de mon corps et de lui arracher les cheveux un par un. Je me retiens d’exploser. Pas comme ça. Il s’est joué de moi, ça mérite une belle vengeance de ma part. 

— C’est bon, tu peux me lâcher.

— J’ai pas envie... Reste avec moi, pardon.

Sa voix, presque inaudible, est comme une supplique. Je ne dis rien. Il finit par me faire face en prenant mon visage en coupe et plante ses yeux dans les miens, à la recherche d’une réponse de ma part, puis il laisse un baiser au coin de ma bouche avant de m’embrasser avec passion. Je lui rends son étreinte parce que je ne peux pas me passer de lui et que j’ai besoin de lui. 

— J’ai pas le droit. Ni au bonheur ni d’être amoureux.

Ses paroles me déchirent le cœur.

— Pourquoi ? Tout le monde y a droit.

— Pas moi. C’est comme ça. N’insiste pas, chaton, s’il te plaît..., me supplie-t-il en remettant le drap sur lui. 

Je suis désolé, OK, c’est rare que je le dise, du moins que je le pense vraiment, donc ça vaut tout l’or du monde, crois-moi. Je suis impulsif. J’essaie de me canaliser, mais tu me rends dingue et je n’ai pas envie que tu partes avec lui parce que je ne suis qu’un connard. 

La voir fixer l’Australienne avec un grand sourire insolent plaqué sur son visage d’ange m’amuse. Cette fille est barrée et a le mérite de me faire sourire à mon tour. Elle m’observe un instant pour jauger mon humeur.

Pas trop tôt.

Elle était si enthousiasmée par sa performance que j’ai bien cru que j’étais devenu invisible.

Il ne manquerait plus que ça !

— Bouge de là, la nouvelle, tu ne vois pas que tu es en plein milieu ?

Casse-couille, celle-là ! Non, mais Kelly, tu as vu la robe qu’elle porte, la première année, je suis sûre qu’elle est vierge.Je tourne la tête sur Amber en collant résille et brassière jaune fluo, les bras chargés d’une caisse remplie de ballons. Elle me bouscule pour passer.

Connasse, si tu savais, ma cocotte...

Je regrette de ne pas avoir répondu au téléphone d’Hayden cette nuit. Et elle est parfaite, cette robe. Courte, blanche, dans un style bohème, que j’ai assortie d’une tresse de côté. Hésitant d’abord à lui faire un croche-pied au passage pour qu’elle s’étale de tout son long sur le carrelage, je choisis plutôt de répliquer. Avec elle, j’ai décidé de rendre coup pour coup.

— Et toi, tu ne vois pas que tu t’es trompée d’endroit ? lui craché-je.

Elle dépose sa caisse au sol dans un bruit sourd et s’avance vers moi, les mains sur ses hanches de pétasse.

— Comment ça ?

— C’est le bâtiment des arts et de la littérature ici, pas une maison close !

Je la contourne en lui donnant un coup d’épaule. Elle ne réplique pas, je poursuis mon chemin.

« — On va fermer, désolée ! dis-je sans prendre la peine de me retourner.

La porte claque.

Dieu merci.

Pour une fois que je tombe sur un client qui n’insiste pas, ça fait du bien. Je remets les chaises en ordre.

— Même pour un connard qui voudrait se faire pardonner, parce qu’il s’est rendu compte qu’il était malheureux sans elle ? »

- On... a...dit... dou-ce-ment.

Ses paroles sont entrecoupées par des petits bisous de mon épaule à ma mâchoire. Mes lèvres sont entrouvertes, ma cage thoracique s'agite. Il sait y faire pour jouer avec mes nerfs. De la délicatesse, oui, mais mon excitation est si intense que j'ai besoin qu'il aille un peu plus vite, alors je soulève mes fesses et bouge en rythme avec lui.