Emma, trentenaire sans enfants, est en perte de repère avec sa famille, son travail, sa situation amoureuse : elle n’a plus de contact avec sa famille où elle ne se sent pas à sa place ; son travail la barbe, travail alimentaire, juste pour gagner sa vie ; dans sa relation actuelle, épisodique, bancale, Emma n’est pas du tout valorisée, estimée…
Alors sur un coup de tête-coup de foudre, elle achète une vieille bicoque dont elle seule voit le potentiel.
Mais pour mettre sur pied sa ferme pédagogique, elle se rend vite compte que la tâche est immense. Cependant, dans le chaos de sa vie, ce projet est comme un phare pour elle, c’est ce qui la fait se lever tous les jours.
Elle peut compter sur l’aide (matérielle) de ses charmants voisins retraités et sur le soutien (moral) de ses amies, notamment la pétulante et truculente Sarah, qui agit comme un ouragan sur elle et la pousse à s’extérioriser davantage, voire à se dévergonder.
Emma, un peu perdue au milieu de tout ça, agit parfois en dépit du bon sens (on a envie de lui dire « non, fais pas ça ! », ou bien « mais vas-y, fonce ! ») et c’est finalement ce qui en fait un personnage touchant, auquel on s’attache malgré tout.

Quant au livre, il est écrit de façon simple, sans fioritures, à l’image justement d’Emma puisque c’est elle qui en est la narratrice. Soazig se met parfaitement dans la peau de son personnage qui est parfois sans filtre avec elle-même, à l’intérieur. Mais à l’extérieur c’est tout autre chose… Emma est donc plus profonde qu’il n’y paraît au premier abord, et cela est bien rendu.

Pour le reste, la première partie qui occupe une moitié du livre aurait peut-être mérité d’être condensée et les deux parties suivantes rééquilibrées. Et la fin est certes prévisible, mais l’auteuse nous avait prévenus, seul le chemin compte 😉

Quoi qu’il en soit, ce livre, le premier de Soazig, est très dans l’air du temps, à la fois par son personnage principal (la trentenaire-célibataire-sans-enfants-qui-se-cherche) et par son sujet (notre place et nos aspirations réelles par rapport à la société). Il est très prometteur et il donne envie de lire ses autres ouvrages, dont le quatrième va être publié le 29 novembre prochain : un beau chemin de parcouru !

Avec ce troisième tome se clôt la saga Lily Miller de Véra Anne Robin, publiée chez Librinova.
Enfin le lecteur obtient les réponses, enfin les pièces du puzzle s’assemblent, enfin la lumière se fait.
Car au cours des trois tomes, l’auteuse n’a pas ménagé les effets, les rebondissements ni les ramifications, et nous a tenus en haleine. Quand on croyait être arrivé à un semblant de certitude, un fait nouveau venait tout perturber, un personnage supplémentaire entrait en scène, laissant entrevoir d’autres développements, d’autres possibilités.
Le trio d’enquêtrices — le pilier de l’histoire — est très bien constitué, ces drôles de dames ont su jouer de leurs talents et de leur persévérance pour arriver à leurs fins : elles ont bravé bien des épreuves et ont été malmenées tant psychologiquement que physiquement. Les autres personnages ne sont pas en reste, ils constituent une galerie variée et colorée qui apporte un foisonnement bien venu et une profondeur substantielle.
Par un jeu régulier et habile de retours en arrière, Véra a maintenu tout au long la tension et le suspense. Sans compter son style vivant, ses touches d’humour bien senties et une intrigue machiavélique à souhait !
Une saga qui se lit facilement et qui est captivante et prenante !

Quand elle répond « oui » à la traditionnelle question posée à son mariage, Sophie est loin de se douter qu’elle va rapidement en voir les fissures…

Une histoire de couple, donc, mais une histoire plutôt bien écrite, de façon spontanée et vivante, avec certaines situations cocasses mais très réalistes (l’envie irrépressible de la mariée lors de l’office par exemple !). J’ai apprécié aussi comment Sophie s’interpelle dans son for intérieur, de façon parfois crue, mais tout à fait crédible : ces mots sont ceux de nombre d’entre nous.
Et les dialogues sont assez réussis, surtout ceux entre Thomas et l’autre personne (d’ailleurs leurs entrevues se font uniquement sous forme de dialogue, ce qui est un bel exercice de style).
Peu après le milieu de livre environ arrive une rupture de style, un autre point de vue, cela ne m’a pas dérangé (au contraire j’aime ces ruptures) ; par contre j’ai trouvé plutôt incongrues les citations de chansons dans les rapports du spécialiste.
Marie-Lore ménage ses effets pour susciter la curiosité du lecteur qui tourne les pages sans s’en apercevoir tellement il est pris dans l’histoire et tellement il a hâte du dénouement. Le dénouement, il nous arrive justement de façon brutale, et surtout il n’est pas assez détaillé, ledit lecteur a encore plein de questions en suspens. On retourne la chose dans tous les sens, les possibilités sont multiples, on reste dans l’incertitude. C’est certes un souhait de l’auteure de laisser à chacun construire sa propre fin selon son vécu, mais quelques précisions, quelques lignes supplémentaires auraient été les bienvenues.

Quoi qu’il en soit, ce roman laisse une note plutôt positive après lecture, notamment pour moi sur la façon dont l’histoire est racontée.