Tableau final de l'amour

Eh bien... waouh. Je ne m'attendais pas à ce que ce livre me fasse l'effet d'un véritable coup de poing en pleine face, ou peut-être en plein estomac, je ne sais pas, je ne sais plus.

"Tableau final de l'amour", c'est l'histoire romancée d'une rencontre qui bouleverse une vie déjà bien trouble et troublée. Celle qui a conduit le peintre Francis Bacon à se passionner pour George Dyer, ce cambrioleur qui fait irruption dans l'atelier de l'artiste en pleine nuit et se retrouve à solliciter non pas ses biens mais son étreinte. S'ensuit une relation oscillant rapidement de l'amour à la haine et dont l'essence très charnelle éveille le génie créateur du peintre.

Je peine à déceler la part de réalité insufflée dans cette biographie sans doute très romancée. Les mots et tournures employés par Larry Tremblay pour porter les sentiments de Francis Bacon paraissent si justes qu'il est difficile de croire que tout ceci n'est que fiction. L'emploi de la deuxième personne, en plus d'être un exercice narratif fort intéressant, rend le texte extrêmement poignant et réaliste (est-ce une mauvaise chose, je ne saurais le dire...). On a pourtant ici à faire à une narration très graphique et dérangeante car teintée de pensées autodestructrices, sadomasochistes et globalement malsaines - sans forcément tourner autour du sexe, bien que ce soit souvent le cas. Francis Bacon est un narrateur torturé qui semble se complaire dans la souffrance qui l'accompagne depuis son enfance. Il peut être très dérangeant de lire ses réflexions, de le voir presque rechercher la douleur, de se retrouver en position de voyeur devant cette vie qui s'apparente parfois à un véritable supplice. Et ce sera sans doute trop éprouvant à lire pour certains lecteurs. Cela aurait pu l'être pour moi car j'ai généralement une faible tolérance sur ce plan-là. Mais j'ai trouvé la plume de Larry Tremblay si belle que la désolation ambiante m'a presque fasciné. Reste à savoir à quel point toute cette affliction s'est réellement retrouvée dans la vie d'un peintre qui, certes, aimait la violence sous bien des formes.