Tabou

Tabou est un roman particulier, le photographe Sebastian Von Eschburg a signé des aveux complets mais ni corps, ni identité de la victime n’ont été trouvés par les enquêteurs. Son avocat va tout faire pour renier l’accusation de meurtre mais une question perdure, pourquoi Sebastian se trouve-t-il dans cette position ? L’artiste a-t-il pousser ses expérimentations trop loin, au point de tuer et de camoufler son crime ? L’habilité de l’auteur se trouve dans sa façon de nous faire réfléchir sur la création artistique, sur la culpabilité et sur le tabou, bien entendu. Véritable œuvre dans l’œuvre, Von Schirach nous emmène dans la complexité de la philosophie, il s’amuse à nous bousculer dans nos certitudes et à jouer avec la puissance de ses personnages.

Le dénouement, pour être bref, est ingénieux. L’auteur ne répond pas volontairement à toutes les questions que le lecteur se pose, c’est à ce dernier de faire son propre cheminement et c’est ce que j’ai le plus aimé. Le livre est un peu difficile d’accès, à lire à tête reposée, mais quelle claque, quel talent.

Un livre déconcertant comme une oeuvre d'art contemporain, à l'image des photographies reconstituées du personnage principal de ce livre. Il y est question d'art, d'apparence, de réalités virtuelles, de vérité et de culpabilité. le cheminement de la pensée de l'auteur et celle de son personnage, un photographe célèbre, sont difficiles à suivre mais les trous dans la compréhension font partie du mystère. J'ai néanmoins parcouru cette histoire troublante avec intérêt, la trouvant plus accessible que beaucoup d'oeuvres artistiques contemporaines, purement photographiques ou vidéos. Au final, c'est d'ailleurs la vision de la démarche artistique que je retiendrai de ce livre que je ne classerais ni comme policier ni comme roman à suspense.