Extraits

Scott fit non de la tête.

— Je suis assez occupé ces jours-là. Mais vendredi ? Tu fais quelque chose ?

Tad réfléchit un instant. Merde. En fait, il faisait quelque chose. Il se frotta la nuque et grimaça.

— Euh… À vrai dire, oui. C’est l’anniversaire de Breck et nous allons sortir prendre des verres.

Scott remua la tête et un léger sourire se dessina sur ses lèvres.

— C’est une fête privée ? Pas d’amis externes ?

Les entrailles de Tad se tordirent inconfortablement. Il savait où Scott voulait en venir. Il voulait que Tad l’invite. Ce qui ne devrait pas être un problème en des circonstances normales. Mais il n’y avait aucun moyen que Tad puisse se comporter normalement en présence du type et devant ses amis.

Il se balança sur ses pieds.

— Euh… non. Enfin, si. Enfin…

Troublé, il secoua la tête.

— Je veux dire non, ce n’est pas une fête privée. Et si, les amis externes sont les bienvenus. C’est juste que…

Son cerveau fouillait désespérément pour trouver la bonne chose à dire. En gros, une façon de dire à Scott « non » sans qu’il se sente comme une merde. Rien ne lui vint à l’esprit. Peut-être parce que ce genre de réponse n’existait pas.

Il détourna le regard, puis fixa à nouveau Scott.

— C’est juste que je… euh…

Ses joues étaient brûlantes. Mais pas dans le bon sens. En le regardant droit dans les yeux, il le suppliait de ne pas l’obliger à le dire. Qu’il n’était pas prêt à se montrer en public. Mais Scott ne faisait que le regarder souffrir. Tad retint un grognement et se lança à nouveau.

— J’ai peur que si tu es là, je finisse par… me comporter… bizarrement.

Scott respira profondément, expira lentement, puis il croisa les bras et fronça les sourcils.

— Bizarre. Bizarre dans… quel sens ? Que tu me kiffes et que tes amis s’en rendent compte ?

Les entrailles de Tad se serrèrent. Un air blessé s’afficha brièvement sur le visage de Scott.

— Et ça, c’est mauvais.

— Ouais… enfin, non !

Scott gloussa amèrement et détourna le regard.

Merde.

Tad enroula ses doigts autour du poignet de Scott.

— C’est juste que… vu que c’est l’anniversaire de Breck. Je ne veux pas que toute l’attention soit sur nous. Et si je leur parle de mon histoire, de notre histoire, elle le serait. Elle le serait. Ils n’arrêteraient pas de nous fixer. Même quand on ne les verrait pas. Et ça détournerait complètement l’attention de la soirée de Breck. Sa soirée. Tu vois ?

Scott fit oui de la tête, mais son regard restait lointain.

Frustré, Tad tira sur ses poignets.

— Scott, murmura-t-il d’une voix plus douce. Je fais des efforts. Vraiment. Mais ça… C’est vraiment important pour moi et… tant de choses se sont passées en si peu de temps. Je veux dire, là, c’est quoi ? La quatrième fois qu’on se voit ? J’avance aussi vite que je peux. Aussi vite que ma tête me le permet.

Il remua la tête et baissa le regard puisque Scott ne le regardait pas.

— Je ne sais pas comment ça a été pour toi, comment tu as assumé. Mais pour moi ? J’ai trouvé ma voie sur le tard. Ma vie est déjà faite et j’ai plus ou moins mes habitudes. Donc tout ce que je suis en train de découvrir sur moi-même ? Cela change tout. J’ai juste…. J’ai juste besoin de retrouver mes repères. Sentir que j’ai bien les pieds sur terre.

Il toucha le menton de Scott pour l’inviter à le regarder. Mais lorsqu’il le fit, la poitrine de Tad se serra. Ces yeux bruns disaient tout. Scott ne croyait pas qu’il avait l’intention de le dire à ses amis. Le truc, c’est qu’il le ferait vraiment. Et bientôt. Simplement, pas encore.

— D’accord, marmonna Scott. Une autre fois peut-être.

— Samedi ?

C’était une occasion de rédemption pour Tad.

Scott haussa les épaules.

— Oui, peut-être. On verra.

Tad fronça les sourcils, il avait mal au cœur. Il avait blessé Scott. Il lui avait fait croire qu’il ne méritait pas la prise de risque. Mais cela ne pourrait pas être plus loin de la réalité. Tad allait s’exposer pour lui. Pour que le monde entier les voit. Il avait simplement besoin de temps pour trouver la façon de le faire. Et quoi dire ? Parce que comment était-il censé expliquer aux autres une chose que lui-même avait encore du mal à saisir ?

Encore une fois, il chercha les yeux de Scott en quête de clarté. Est-ce qu’il voulait que la chose devienne sérieuse avec Tad ? Ou bien avait-il simplement de « l’affection » pour Tad plutôt dans un sens « compagnon de jeu » ? Parce que Tad connaissait les garçons, et leurs préférences concernant les relations amoureuses étaient bien différentes de celles des filles. Breck et Ned, par exemple. Ils voulaient le coup sans la prise de tête.

Scott ne fit que secouer la tête et soupirer. Ce qui ne donna aucune information à Tad.

Tad réprima une grimace. La question de Scott était compréhensible. Et il avait tous les droits de la poser. Le problème, c’est qu’il ne la lui avait jamais posée auparavant. Du moins, pas aussi ouvertement. Et à présent qu’il l’avait fait, y donner une réponse sincère était sacrément intimidant.

C’était incroyablement énervant.

Et pourtant, tellement sexy.

Et une chose dont Scott était parfaitement conscient, à en juger par son grand sourire. C’était presque déconcertant. La manière qu’il avait de lire en Tad comme dans un livre ouvert. Il fallait vraiment que ce dernier s’entraîne à ne pas tout afficher sur son visage.

Tad fronça les sourcils, les yeux posés distraitement sur la voiture devant lui. « Amitié » n’était pas vraiment le bon mot. Mais quel était le bon mot ? Un terme existait-il pour définir ce que Scott et lui avaient ? Même « amis avec bénéfices » ne semblait pas suffisant. Mais ce n’était pas non plus comme s’ils sortaient ensemble.