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Je crois que, en dehors de l'amour, aucun lien n'unit plus étroitement deux êtres humains qu'une commune nostalgie.
Afficher en entierÀ de nombreux égards, la bibliothèque était un lieu idéal pour moi. C’était un dépôt d’histoires, où se trouvaient rassemblés les fruits de l’imagination inépuisable des grands conteurs de ce monde.
Afficher en entierEt un départ peut être joyeux, car ce qui vous attend est une promesse si radieuse qu’elle n’éveille pas la tristesse mais une joie anticipée. La vie regorge de départs. Et à chacun d’eux, le sentiment qu’on éprouve est différent. C’est la raison pour laquelle on s’autorise à employer ce mot au pluriel. En revanche, c’est toujours au singulier qu’on parle du retour. Pourquoi ? Parce qu’il n’existe pas plusieurs façons de rentrer vraiment chez soi.
Afficher en entierIl y a des moments dans la vie où l’on voudrait poser une question, puis on préfère s’abstenir. On tâte le terrain et on devine un obstacle, on sent que cette question n’est pas la bienvenue. Les adultes savent faire ce genre de calcul - les enfants aussi. Mais des années plus tard, quand on est mieux informé, on se repent. On regrette de ne pas avoir osé, alors que la question aurait pu être élucidé.
Afficher en entier– Bonjour, a dit ma mère en saisissant sa main tendue. Merci d’avoir invité Samir.
Je n’oublierai jamais son attitude respectueuse, sur cet escalier de marbre, entre les colonnes de cette maison qui devait lui faire l’effet d’un palais. Avec sa jolie robe, ses yeux légèrement maquillés et son parfum, cela faisait une éternité que je ne l’avais vue aussi belle et soignée.
– Laura tenait absolument à ce qu’il vienne, a proclamé la maîtresse de maison. Nous sommes enchantés de le voir. Laura, Samir est arrivé !
Laura portait une robe blanche. Une couronne de fleurs posée sur ses cheveux blonds lui donnait l’air d’une jeune mariée, ou d’une fée se rendant à une cérémonie secrète dans la forêt des contes.
– Bon anniversaire, ai-je dit timidement.
– Oui, bon anniversaire, a renchéri ma mère en saluant Laura de la main.
Afficher en entier– Rentre chez toi, Samir. Emporte tous les moments positifs, les pensées belles et neuves. Laisse ici tes peurs. Redis-toi sans cesse que tu n’es pas le seul à te souvenir de ton père. Beaucoup de gens ont croisé sa route, et tous en ont gardé une trace d’une manière ou d’une autre. Ils connaissent son nom. Ils savent qui il était, et ainsi il reste vivant. N’oublie jamais qu’il était un homme de bien, et surtout accorde-toi le droit de penser que la raison de sa disparition importe peu. Dans tous les cas, ce n’était pas ta faute.
Afficher en entierTout à coup, je sens que le but de mon voyage n’est nullement de retrouver mon père. Je dois en apprendre plus sur lui, combler des lacunes, le libérer du cachot de mon esprit. Même si j’ai conscience que je ne le reverrai peut-être jamais, je suis envahi par une émotion tendre et sincère, comme je n’en ai pas éprouvé depuis une éternité. Ce doit être le bonheur, cette légèreté invincible qui dissipe l’oppression qui me travaillait.
Afficher en entier– Dix-huit. Pourquoi n’y voit-on pas une chance et ne permet- on pas des mariages mixtes ? Ce serait un pas décisif. Imagine un Liban où des enfants auraient une grand-mère sunnite et l’autre maronite, et un grand-père chiite et l’autre druze !
– Je vois où tu veux en venir…
– Comment un tel enfant pourrait-il éprouver de la haine pour les membres d’autres religions ? Une telle loi ne permettrait-elle pas de rassembler enfin les diverses minorités ? D’en faire une nation ? Est-ce que ce ne serait pas révolutionnaire ?
– Oui, révolutionnaire, a dit Nabil d’un ton mélancolique. Mais c’est justement ce que redoutent les politiciens, aussi veulent-ils éviter à tout prix un tel changement. Ici, politique et religion ne font qu’un. La paix dont tu rêves est le cauchemar de tous les chefs religieux. Il faut qu’un pays soit divisé pour qu’on les écoute encore…
Afficher en entierP.360, Ed. Heloise d'Ormesson
"Le premier matin, j'avais été submergé par un flot sensoriel trop intense - vacarme, pollution, chaleur. A présent, j'ai la certitude que Beyrouth va me manquer. Cette ville en plein essor, bruyante, folle, nostalgique, ce creuset de cultures, de religions, de langues, Beyrouth est pure allégresse et pure tristesse dans un même mouvement. Beyrouth est pardon, Beyrouth est estropiée, désemparée, couverte de cicatrices, et pourtant elle danse. Beyrouth, c'est moi."
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