Ajouter un extrait
Liste des extraits
J'aime bien les poissons, et c'est toujours un sacrifice de me séparer de ces bestioles en les vendant aux touristes. Ils avaient pourtant la gueule ouverte lorsqu'on arrivait à quai, mais dans les yeux de poissons morts je pouvais décrypter pas mal de choses. J’essayais de leur fermer les yeux, comme on le fait avec les morts pour éviter de croiser leur regard, mais rien à faire. Les yeux des poissons morts restaient aussi ouverts que la bouche de ceux qui parlent trop.
Afficher en entierIl faisait assez froid. Nous ne nous sommes baignés qu’une seule fois, et seulement jusqu’aux cuisses, mais avions pour habitude d’enfiler nos maillots de bain le soir, avant de nous installer près du feu de cheminée.
Afficher en entierTous ceux qui envoient des cartes postales donnent toujours l’impression que le soleil est parti en vacances avec eux.
Afficher en entierJe me suis mis à penser beaucoup. Je me demandais où était Alice en ce moment. Si elle pleurait encore de ne m’avoir pas aimé assez longtemps. Si ma propriétaire était en train de réaliser une tarte ou de faire le compte de ses loyers encaissés. Si papa pensait à moi de son côté en sirotant un verre de vin. Si maman venait de poser une question au type qui ne parle jamais, et si sans surprise il n’avait pas répondu. Si ma sœur était à boire un verre avec une collègue de boulot, et si un type la reluquait depuis une table au fond du bar. Si Arny me voyait de là-haut, et s’il avait jeté un œil à mon magnifique flingue de compagnie. Si demain ressemblerait à aujourd’hui, puisqu’aujourd’hui avait tout pompé sur hier.
Afficher en entier20 heures. Je me suis rendu en direction du Martin triste. Je ne savais pas que certains oiseaux tropicaux pouvaient avoir des noms de bar (et inversement).
Afficher en entierVivre à côté d’un cimetière était une hésitation permanente entre le regarder de travers ou lui tendre la main.
Afficher en entierQuand d’autres avaient besoin de passer un coup de fil pour donner de leurs nouvelles, ma propriétaire se contentait d’apporter une tarte aux pommes. C’était une manière délicieuse d’entretenir les liens. Pour que le monde tourne bien rond, il aurait peut-être tout simplement fallu que toutes les ruptures aient le goût sucré d’une tarte aux pommes.
Afficher en entierJe me suis posé l’arme vide sur la tempe. Juste pour voir l’effet que ça faisait d’avoir le canon froid d’un flingue sur le coin de la tête, avec toutes ces idées en dessous qui disaient « tire » ou « ne tire pas ». Toutes ces petites idées belliqueuses capables de maintenir un corps en vie ou bien de le faire flancher.
Afficher en entierJe ne saurais dire si avoir un flingue sur la tempe rendait le ciel plus gris, les gens plus tristes, ou les hommes plus amoureux. Moi ça me faisait l’effet d’avoir bu plusieurs litres de café à l’entonnoir. Une prise de conscience immaculée doublée d’une accélération des battements cardiaques.
Afficher en entierLa mort fabriquait des puzzles avec la vie.
Afficher en entier