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Commentaires de livres faits par tekyla

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Commentaires de livres appréciés par tekyla

Extraits de livres appréciés par tekyla

— Je n'arrive pas à croire que tu l'aies jeté dans les escaliers, fit Ripley.
Ella observait l'homme en salle d'interrogatoire. Le commissariat n'avait pas les moyens de s'offrir une vraie salle d'interrogatoire avec une vitre sans tain, il fallait donc se contenter d'un bureau fermé à clef pour enfermer les suspects. Ted Kowalczyk n'avait d'autre choix que de voir ses geôliers, Ella, Ripley et le shérif Hale, conférer à son sujet à l'extérieur de la pièce.
— Moi non plus, acquiesça Ella.
— Tu aurais pu le tuer, Dark. Tu n'as plus qu'à espérer qu'il n'ait rien de brisé, sinon ça va être la galère pour toi. Tueur ou pas, il peut toujours t'attaquer en justice autant qu'il veut.
— Il s'enfuyait. Fallait que je l'en empêche.
— Ça, tu t'en es bien chargée.
— Ce n'était rien d'autre que cette bonne vieille gravité, et il ne m'a pas l'air trop blessé. Le soldat allait bien ? s'enquit Ella.
— Ouais, syndrome post-traumatique après le Vietnam.
Apparemment, il travaillait avec Ted ici-présent pour le surmonter, mais les résultats n'étaient guère concluants.
— Quelle est la probabilité que ce type soit notre homme ? les interrompit le shérif. Plausible ? Devrais-je déjà mettre le champagne au frais ?
Ella se mordit la langue. Elle avait peur de murmurer ces mots, craignait que les prononcer à voix haute ne contamine la vérité. Elle était cependant certaine à quatre-vingt-dix-neuf pour cent que Ted Kowalczyk était leur tueur. Quand les gens étaient acculés, ils avaient tendance à montrer ce qu'ils dissimulaient sous leur masque, et ce que Kowalczyk lui avait dit dans l'escalier avait résonné en elle. Cet homme dissimulait de noirs secrets. Il avait fait quelque chose d'illégal, de dangereux, et Ella avait la conviction que cela concernait les meurtres de trois innocents.
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– Sors, dit Ella.
– Que... où sommes-nous ? demanda Ryan.
Elle sortit Ryan Kelly de la banquette arrière et le jeta à quatre pattes par terre.
« On est au milieu des bois. Loin de tout le monde. C'est mon endroit préféré. »
Ryan se mit à genoux et essaya de se lever, mais Ella pointa son pistolet sur son front.
« À genoux. Ne bouge plus. »
Le suspect s'exécuta. Et malgré son état de soumission, elle n'avait qu’une seule envie, c’était de lui en faire voir de toutes les couleurs. Pour les victimes et pour toutes ces familles qui ne reverraient plus jamais leurs proches. Mais surtout pour elle-même. C'était sa boule de frustration qui ressortait de la manière la plus désastreuse qui soit. Mais si ça lui permettait d’obtenir des résultats, il fallait qu'elle le fasse. Ça n’avait rien à voir avec le processus qu’elle devait suivre, mais elle se rappela que le protocole tuait la créativité. Quand on avait affaire à des psychopathes, les procédures de routine n’étaient pas suffisantes.
– Qu'est-ce qu’on fait là ? On n'est pas au commissariat.
– J'ai changé d'avis, dit Ella. Maintenant, voici ce qui va se passer. Et je veux que tu m’écoutes attentivement.
Les yeux de Ryan se posèrent sur les siens et pour la première fois, elle y vit de la peur. Son expression avait à peine changé depuis qu'elle l'avait pourchassé dans cette usine, mais ici, dans un coin désert de la forêt, Ryan était visiblement effrayé. Compte tenu de son casier judiciaire, il était probablement habitué aux procédures policières et ce petit changement dans le protocole lui avait donné des raisons d'avoir peur. La perspective de se retrouver en prison ne l'effrayait pas, mais quelque chose d’autre le ferait.
Ryan avait dit qu'il ne parlerait pas tant qu’il ne serait pas face à la mort. Eh bien, ça pouvait s'arranger.
« Tu vas tout me raconter et ensuite je te tuerai. »
Paniqué, Ryan se mit à bouger et faillit tomber en arrière. Il essaya de s'éloigner petit à petit, mais Ella tira un coup de semonce dans les arbres.
Des oiseaux s'envolèrent, effrayés, et quelques-uns répondirent au coup de feu par des gazouillis.
– Vous ne… vous ne pouvez pas, dit Ryan.
– Mec… j'ai failli te tuer il y a à peine trente minutes. Je n'aurais eu aucun problème à te jeter dans cette fournaise et te voir fondre à petit feu,
mais…
– Mais ?
– Les gens l'auraient vu. Ici, je peux vraiment savourer le moment.
Quelqu'un comme toi devrait comprendre ça, non ?
– Vous êtes de la police... du FBI... vous ne pouvez pas...
– Je ne suis pas de la police et ici, je ne suis même pas du FBI, dit Ella. Je suis une femme qui a un compte à régler et je me fous de mon titre.
C'est un no man's land, mon gars, et c'est moi qui fixe les règles.
Ryan commença à respirer bruyamment, ses genoux tremblaient au sol. Sa bouche s'entrouvrit légèrement. Il était probablement en train de se passer tous les scénarios possibles en tête et elle doutait qu'il en trouve un où il s'en sortirait indemne.
« C'est de la folie, dit-il. Vous serez discréditée. »
Ella se mit à rire, endossant le rôle du flic psychopathe.
– Oh, je t’en prie. Tu es vraiment aussi stupide que ça ? Tu crois que quelqu'un va se soucier que tu sois mort ? Et de toute façon, tout ce dont j'ai besoin, ce sont trois mots magiques.... C'était un accident.
– Un accident ? En quoi ce serait un accident ?
– On s’est perdu. Tu as essayé de t’enfuir. Oups…
Elle approcha son pistolet de son front. Si ce n’était pour le fait qu’elle veuille des aveux, elle aurait très bien pu appuyer sur la gâchette.
– Alors, c'est l'occasion de dire tes derniers mots.
– Vous mentez, dit-il. Vous ne feriez pas ça. Personne ne ferait ça.
Elle rit à nouveau et appuya le canon de son arme contre sa tempe.
– Ryan, tu sais ce qui m'arriverait si le FBI savait ce que je faisais en ce moment ? Je ne sortirais pas de prison avant vingt ans. C'est immoral et illégal. En faisant ça, je suis obligée de m’engager à fond. Il n'y a pas de retour possible. Soit tu meurs, soit je vais en prison. Que crois-tu que je vais choisir ?
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Ripley saisit son téléphone et appela Ella pour lui faire part de ses nouvelles découvertes. Elle ne pouvait nier qu’elle avait également envie d’avoir des nouvelles de son enquête.
Pas de réponse. En fait, le téléphone ne sonna même pas. Elle tomba directement sur la messagerie vocale.
C'était la deuxième fois en une heure que ça arrivait. Et s’il y avait bien quelque chose que Ripley savait concernant Ella, c’était qu’elle n'éteignait jamais son téléphone.
Peut-être qu'elle n’avait plus de batterie et qu’elle avait oublié de prendre son chargeur avec elle.
Ripley éteignit la télévision, soudain envahie par l'inquiétude. Elle savait que c'était irrationnel, mais on sentait toujours au fond de soi quand quelque chose ne tournait pas rond, surtout quand il s'agissait d'une personne dont on était proche.
Où est-ce qu’elle était déjà ? Au Massachusetts ? À quarante minutes d'avion, se dit-elle.
Non, c’était ridicule. Elle était à la retraite maintenant. Et ses enfants et ses petits-enfants arrivaient demain pour passer la semaine avec elle. Elle devait laisser la vie sur le terrain derrière elle et se concentrer sur l'avenir.
Ce n’était plus son boulot.
Ripley s’assit et prit un livre qui se trouvait à côté du canapé. Elle avait commencé à le lire il y a environ six mois et pour l'instant, elle n'était arrivée qu'à la page dix-sept. Elle l'ouvrit au marque-page et essaya de se replonger dans l'histoire. Mais dès qu'elle lisait une ligne, elle oubliait celle qui avait précédé. Elle retourna le livre et lut le résumé pour se remémorer l'intrigue. Mais ça ressemblait à une suite de mots sans aucun sens et non à une série de phrases reliées entre elles.
Elle alluma à nouveau la télé et tomba sur un talk-show composé de gens dont elle n'avait jamais entendu parler. Elle l’éteignit aussi vite.
Aucune distraction n’y faisait.
Elle réessaya le portable d'Ella, mais obtint le même résultat.
Quel était le nom de sa coéquipière déjà ? Agent Ellis ? Ripley ne la connaissait pas, mais elle se souvenait avoir fait une blague sur Ella et Ellis à un moment donné. Elle fit défiler sa liste de contacts, à la recherche de quelqu'un qui pourrait la joindre sur le terrain. Elle tomba sur le nom de Steve Marshall.
Elle appuya sur APPEL, en priant pour que son numéro soit toujours le même.
Une sonnerie.
Deux sonneries.
Puis on décrocha.
– Pas maintenant, dit une voix.
– Steve ? C'est Ripley. Mia Ripley.
– Mia ? J'adorerais discuter, mais tu tombes vraiment mal.
– Je ne te retiendrai pas longtemps. Est-ce qu'Ella Dark est avec toi ?
Elle entendit du remue-ménage à l’arrière. Marshall resta un moment silencieux.
– Oui, mais... les nouvelles ne sont pas bonnes, Mia, dit-il.
Ripley bondit de son siège et commença à arpenter le salon. Elle le savait. Son instinct lui avait dit qu'Ella avait des problèmes.
– Pourquoi ? Qu'est-ce qui se passe ?
Marshall soupira, avant de se remettre à parler.
– J'étais au téléphone avec elle il y a à peine cinq minutes. Puis j'ai entendu des coups de feu. Et maintenant, ni elle ni sa coéquipière ne sont joignables.
En une fraction de seconde, Ripley se retrouva en mode agent.
– Vous avez leur dernière position ?
– Oui. Les renforts sont en route. On devrait arriver sur place d’ici peu.
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Mia se frotta la colonne, fit craquer son cou et regarda les blessures qu’elle avait aux côtes. Ella se sentit un peu mal de demander à Mia de l’accompagner, mais elle le faisait avec une arrière-pensée. Elle ne voulait pas que Mia reste seule à Washington alors que Tobias était toujours dans la nature. Elle voulait mettre un peu de distance entre Mia et cette chasse à l'homme. Si Mia restait à proximité, elle ne pourrait pas résister à l'envie de s'y joindre.
« Je suis tout amochée, dit Ripley. J'ai dit au médecin que j'allais bien, mais ce n'est pas du tout le cas. Will, c'est terminé pour moi. Une fois que tout sera fini, une fois que Tobias sera six pieds sous terre, j’arrête. »
Ella crut qu’elle avait mal entendu. Est-ce que c’étaient les analgésiques qui parlaient ? Ou est-ce que Ripley était vraiment sérieuse ?
Le directeur se figea. Ses épaules se crispèrent.
« Comment ça, tu arrêtes ? demanda-t-il avec surprise.
– Oui, j’arrête. C’est terminé pour moi. Ça fait un bout de temps que j’y pense. À cinquante-cinq ans, il est temps de penser à raccrocher. »
Mia se tourna vers sa coéquipière.
« Dark, désolée de te l'annoncer comme ça. Mais tu comprends, n'est-ce pas ? »
Ella comprenait très bien, mais ça ne rendait pas la chose plus facile à accepter.
« Bien sûr, dit-elle. Je me doutais bien que tu n’allais pas rester indéfiniment. »
Elle s'abstint de dire ce qu'elle en pensait vraiment. Si c'était comme ça que Ripley voulait s’en aller, qu'il en soit ainsi. Elle avait mérité le droit de s'arrêter quand elle le voulait.
« Très bien, dit le directeur. Je suis vraiment triste de l’apprendre. Nous en reparlerons à votre retour. »
Mia acquiesça d’un hochement de tête.
« Prête à partir, Dark ? Une dernière fois ? »
Les choses devenaient de plus en plus surréalistes. Ella avait toujours su qu'elle et Ripley ne seraient pas éternellement coéquipières, mais elle avait l’impression que leur première rencontre ne remontait qu’à hier. Le temps passait vite quand on s'amusait bien, pensa-t-elle.
« Prête comme jamais. Pour la dernière fois. », dit-elle.
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Ella joignit les mains et baissa la tête. Elle sentit l’étau se refermer autour d’elle. Elle se mit à rire. Elle devait le reconnaître... Tobias savait exactement ce qu'il faisait. Tous ses échanges de messages avec Mark se trouvaient sur ce téléphone. Tobias savait donc qu'ils s'étaient disputés.
Autre chose lui vint soudain à l'esprit.
« Bien sûr, dit-elle, les doigts de Mark. C'est pour ça qu’il les a coupés. »
« Comment ça ? », demanda le policier.
« Tobias veut qu'on pense qu’il s’agit de blessures faites en se défendant.
Mais en réalité, il a coupé les doigts de Mark pour pouvoir déverrouiller son téléphone. », dit-elle.
Il y eut un long silence dans la pièce. Les hommes présents échangèrent quelques regards. Edis rompit le silence :
« Mademoiselle Dark, nous allons vous accorder le bénéfice du doute. Et compte tenu des circonstances, c'est une faveur énorme. »
Ella se sentit instantanément reconnaissante, même si elle ne savait pas trop pourquoi. Après tout, elle n'avait rien fait de mal. Edis continua en disant :
« Mais vous comprendrez qu’on ne peut pas vous laisser travailler comme agent sur le terrain.
– Donc je retourne au service des Renseignements ? »
Le travail de bureau ne lui avait pas manqué, mais c'était mieux que rien.
« Non, répondit Edis, vous n’êtes plus autorisée à entrer dans les bureaux du FBI. Vous êtes suspendue de vos fonctions avec effet immédiat. C’est compris ? »
Ella eut à nouveau envie de vomir. Un criminel la traquait, son ex-petit ami avait été assassiné et maintenant, elle se retrouvait sans travail. Elle
s’insurgea :
« Un congé sans solde ? Pour combien de temps ?
– Jusqu’à ce que tout soit réglé. En attendant d’en savoir plus, vous ne devez pas quitter la ville, c’est compris ? Vous ne pouvez pas vous éloigner à plus de cinquante kilomètres. Et si vous prévoyez de faire des trajets plus longs, vous devez nous en informer à l'avance. »
Elle se sentit traitée comme une criminelle et dit :
« En fait, je suis en liberté conditionnelle, si j’ai bien compris.
– Si c’est comme ça que vous voulez le voir, alors oui. »
Ella expira bruyamment et secoua la tête. Elle avait envie de protester, mais ce n'était pas le moment. Il n’était pas utile d'empirer sa situation.
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Mia enleva ses lunettes de soleil et se frotta le visage. « Je ne voulais pas t’en parler parce que je savais comment tu le prendrais. »
Ella serra les clés si fort entre ses doigts qu’elles lui entrèrent dans la chair. « Me dire quoi ? S’il te plaît, il faut que je sache. Ça me concerne autant que les autres. »
« Tu prends les choses trop personnellement, Junior. J’ai besoin que tu te concentres sur cette enquête, pas sur Tobias, OK ? »
Ella refusait. Elle avait le droit de savoir ce qui s’était passé. Si elle avait du sang sur les mains, elle en accepterait les conséquences, aussi douloureuses soient-elles.
« Ripley, je ne sortirai pas de cette voiture, tant que tu ne m’auras rien dit. Est-ce que Tobias a tué quelqu’un ? »
Mia jeta un coup d’œil à son téléphone, avant de répondre. « Trois personnes. Il a tué trois personnes. »
Ella ouvrit la portière et sortit la tête. Elle avait besoin d’air. Elle avait envie de vomir. Elle appuya sur son ventre pour empêcher la bile de remonter.
« Trois personnes ? Tu n’es pas sérieuse ? Comment ? Qui ? »
« Des gardes de la prison du Maine et une infirmière, » dit Mia.
Ella bondit de son siège, se releva et s’appuya contre la voiture. Ces trois victimes, elles étaient mortes à cause d’elle. Elle avait secoué la cage et réveillé le monstre qui se trouvait à l’intérieur. Elle était responsable de tout ce qui s’était passé. Sa tête se mit à tourner. Elle était certaine que son café du matin allait finir sur le trottoir.
« Dark, ce n’est pas ta faute. Tu ne peux pas te responsabiliser pour les agissements d’un psychopathe. » Mia sortit de voiture et la rejoignit. « Tu lui as rendu visite et c’est tout. Tu n’as pas ouvert la porte de sa cellule.
Tobias avait certainement planifié tout ça de longue date. Ça n’a rien à voir avec toi. »
« On n’en sait rien, » cria Ella. « Il est très possible que ce soit à cause de moi. Il a visiblement envie de me tuer et ça l’a motivé à s’évader. Je suis l’élément déclencheur. »
Ella eut envie de remonter en voiture, de rouler jusqu’au Maine et de passer au peigne fin chaque recoin de cet état jusqu’à ce qu’elle le retrouve.
Mais elle ne pouvait pas. Pas encore…
« On s’en occupera plus tard, » dit Mia. « Il faut que tu te concentres. Si ton esprit est ailleurs, on n’arrivera jamais à arrêter cet assassin. Je peux compter sur toi ? »
Ella se ressaisit. Quelques passants regardèrent les agents d’un air méfiant. Elle les ignora.
Mia avait raison. Retrouver un assassin, c’était déjà suffisamment compliqué comme ça. Alors en trouver deux, c’était impossible. « Tu peux compter sur moi. Un meurtrier à la fois. »
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C’était un homme d’une cinquantaine d’années. Il avait des cheveux gris et une carrure imposante, qui contrastait avec les rides de son front. « Est-ce que vous pouvez nous dire ce qui s’est passé ? » lui demanda Ella.
Le shérif Hunter prit une bouffée d’air frais. C’était probablement un soulagement, après l’odeur de mort qui devait régner à l’intérieur.
« Oui, on nous a appelés vers trois heures du matin. L’épouse de la victime, une femme adorable du nom de Tessa Loveridge, est rentrée chez elle après son service de nuit et elle a retrouvé son mari, Jimmy, mort dans son fauteuil. Elle n’a pas tout de suite vu qu’il était mort. Elle a d’abord cru qu’il dormait. Elle a essayé de le réveiller et elle a… tout vu. »
Ella sentit son estomac se serrer en imaginant la scène. Elle savait ce que ça faisait de découvrir le cadavre d’un être cher. Cette femme allait passer le reste de sa vie à revoir cette scène, à chaque fois qu’elle se sentirait vulnérable. C’était un mécanisme naturel d’autodéfense : faire appel à son pire souvenir pour ne plus souffrir.
« Où se trouve l’épouse de la victime ? » demanda Ella. Elle voulait lui parler, mais ce serait compréhensible qu’elle n’ait pas eu envie de rester.
Probablement qu’elle ne reviendrait plus jamais chez elle.
« Elle est chez un membre de sa famille. Il vaut mieux la laisser tranquille. Elle était au bord de la crise de nerfs quand elle est partie. »
« Est-ce que la scène de crime est intacte ? » demanda Byford.
« Les toubibs ont embarqué le corps, mais tout le reste est tel quel. » Le shérif glissa un filtre entre ses lèvres et se roula une cigarette.
« Quels toubibs ? » demanda Byford.
« Le médecin légiste, » dit Ella.
Le shérif Hunter alluma sa cigarette. « Désolé. Du jargon de flics. Vous allez vous y habituer. Prenez un masque et des gants, et allez jeter un coup d’œil. »
C’est ce qu’ils firent. Ella entra dans la cuisine, en essayant de se mettre à la place de l’épouse de la victime. Elle rentrait du boulot. Elle devait être fatiguée. Elle était probablement impatiente d’aller se reposer. Ella traversa la longue cuisine, jusque dans le salon. Un divan était appuyé contre un mur et un seul fauteuil lui faisait face. Il n’était pas difficile de deviner à quel endroit le meurtre avait été commis.
« Mon dieu, il y a vraiment beaucoup de sang, » dit Byford. « Il était encore vivant quand on l’a égorgé. »
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Ella se mit à rire. Elle aimait bien ce type. Bien qu’elle déteste généraliser, les agents du FBI étaient généralement du genre sérieux. Avec une discipline militaire et une concentration acharnée qui laissaient peu de place à l’humour. Mark était d’un style tout à fait différent.
« Je ne suis pas sûre que les hommes soient autant recherchés dans ce domaine, mais tu devrais peut-être tenter ta chance. »
« Avec un peu de maquillage et une perruque, ces types n’y verraient que du feu. Quand tu auras le temps, fais une recherche sur Shi Pei Pu, en Chine. Ce type a fait croire pendant vingt ans à son petit-ami qu’il était une femme. S’il peut le faire, pourquoi pas moi ? »
« Mais je connais bien l’histoire de ce type ! Par contre, c’est la première fois que je connais quelqu’un qui en a également entendu parler. »
« C’est bizarre, hein, comme histoire ? »
« Oh oui. C’est un exemple fascinant d’abus de crédulité. » Le nom de Mark apparut soudain sur l’écran du téléphone d’Ella. « Ah, je viens de recevoir ton email. Je vais tout de suite y jeter un coup d’œil. » Elle avait envie de continuer à parler de l’histoire bizarre de ce Chinois, mais elle avait l’impression que le moment était passé. Mais elle pourrait toujours la ressortir à un autre moment, pour entamer la conversation dans un futur proche.
« Je sais que ce n’était pas nécessaire que je t’appelle, mais je voulais juste m’assurer d’avoir envoyé l’email à la bonne personne. »
Ella n’était pas très douée pour comprendre les hommes, surtout quand ça touchait au sentimental, mais Mark avait visiblement eu juste envie de lui parler. Rien qu’à cette idée, elle se sentit boostée. Elle décida de le taquiner un peu.
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On y était. Elle était sur le point de lui arracher la tête. Ella avait préparé des excuses, mais elle n’était pas sûre qu’elles tiendraient. « Qu’est-ce qui ne va pas ? »
« Deux choses, » dit Mia. « D’abord, je déteste la Californie. Il y a trop de monde. Il fait chaud à mourir et ça pue. »
« Je n’y suis jamais allée. Mais je suis sûre que ce n’est pas si horrible que ça. »
« Attends, tu verras. Mais plus important encore, je me préoccupe pour toi, Dark. »
Voilà… une remontrance déguisée en affection. « Préoccupée pour moi ? »
Mia brancha son ordinateur portable à la prise à côté de son fauteuil.
« Oui. Ça fait à peine une semaine qu’on a terminé la dernière enquête, à Seattle. Et tu en as pas mal bavé ce jour-là. Le médecin t’a déconseillé tout travail pénible, n’est-ce pas ? Je n’ai pas envie que tu te brises le dos pour travailler sur cette affaire. »
Ella se sentit soulagée. Elle attendit encore un peu, pour voir si Mia avait quelque chose d’autre à ajouter, mais rien ne vint.
« Je vais bien, » dit Ella. « Et attends un peu, comment est-ce que tu sais ce que le médecin m’a conseillé ? »
« Tu penses que je ne prends pas de tes nouvelles et que je ne m’assure pas que tu vas bien ? J’ai conseillé à Edis de te garder en-dehors de cette enquête, mais il était inflexible. Il voulait absolument que tu viennes avec moi. J’aurais dû essayer de lui faire changer d’avis. Je savais que tu dirais oui dès qu’il te poserait la question. »
« Je vois que rien n’est confidentiel, » dit Ella, en masquant son sentiment de culpabilité par un petit gloussement. Elle ne savait pas du tout que Mia se préoccupait autant de son bien-être et elle était touchée que ce soit le cas. Mais cette vague soudaine d’affection était assombrie par le remords de lui avoir menti. « Mais sérieusement, je vais très bien. Et toi ?
Tu as perdu connaissance, quand même. Comment vas-tu ? »
L’hôtesse déposa deux bouteilles de whisky sur la table, en supposant qu’elles en voulaient chacune une. Mia les prit toutes les deux en face d’elle. « Ne te préoccupe pas pour moi. Je fais ça depuis bien plus longtemps que toi. Tu sais que Keith Richards ne peut jouer de la guitare que quand il est complètement saoul ? Être bourré, c’est son état par défaut.
Eh bien, la fatigue constante, c’est le mien. »
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date : 23-03
Le poste de police responsable du quartier Newton Corner, où se trouvait la scène de crime, était situé au 300 Washington Street, à l'angle de Cambridge Street dans le quartier de Brighton, dans un bâtiment dont la façade en briques rappelait une maison de maître de l'époque victorienne. Ils garèrent leur voiture sur le parking visiteur et se dirigèrent vers l'entrée principale, encadrée de deux colonnes et surmontée d'un grand balcon.
— Agents spéciaux Fulton et Maddox, se présenta l'agent. Nous voudrions parler au détective responsable de l'affaire John Moore.
— Avez-vous un rendez-vous ? demanda la personne en uniforme derrière le comptoir d'accueil.
— Notre rendez-vous est inscrit sur nos badges.
La policière parut un peu nerveuse en reconnaissant les badges du FBI.
— Un moment, s'il vous plaît, dit-elle en se tournant vers son ordinateur.
Le détective Leo Harris s'occupe de l'affaire. Premier étage, troisième porte à gauche.
— Merci beaucoup, dit Maddox en se détournant.
L'agent frappa une fois à la porte en question, puis poussa la poignée vers le bas. Suivi par sa collègue, il entra et se trouva face à un homme d'une cinquantaine d'années, assis à un grand bureau et tenant une bouteille à la main. L'étiquette était certes recouverte par la main, mais Maddox reconnaissait parfaitement ce qui se trouvait dans le récipient en verre.
Fulton savait également ce que l'inspecteur Harris était en train de boire. Le détective fit un effort pour cacher la bouteille, mais en voyant le regard entendu des deux visiteurs, il s'arrêta.
— Vous êtes de l'IGS ? demanda-t-il avec effroi.
— Pire. Nous sommes du FBI, répondit froidement l'agent.
— Écoutez, je peux vous expliquer....
— Avec tout le respect que je vous dois, nous nous fichons pas mal de vos habitudes de consommation. Nous sommes ici pour le meurtre de John Moore.
Une vague de soulagement sembla traverser le corps de l'inspecteur, qui se détendit visiblement.
— Une affaire plutôt moche, dit-il en rangeant précipitamment la bouteille dans un tiroir. Nous l'avons retrouvé mort dans sa baignoire ce matin, les veines ouvertes.
— On sait, répondit Maddox. Y avait-il de l'eau dans la baignoire ?
— Non, rétorqua Harris.
— Est-ce que la police scientifique a visité la maison ?
— Encore pendant que j'étais là.
— Avez-vous eu l'impression que vos collègues étaient minutieux ?
— Je pense que oui. Ce sont tous des professionnels.
— Dans ce cas, je serais curieux de savoir pourquoi un long couteau bien aiguisé traînait sur le plan de travail de la cuisine alors que tout le reste était proprement rangé.
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À l’étage, Connors avisa les vêtements de travail d’Eve posés sur le lit sous le regard vigilant de Galahad. Comme Eve, il prit le temps de câliner brièvement le chat.
— Elle est descendue à la salle de sport, c’est ça ?
Tout en dénouant sa cravate, il envisagea de la rejoindre. Ce serait l’occasion de transpirer pendant vingt ou trente minutes pour évacuer les contrariétés de la journée.
Il retira sa veste de costume et demanda à l’ordinateur d’afficher les images des caméras de la salle de sport.
Il regarda Eve exécuter un coup de pied latéral dans le sternum du droïde d’entraînement, pivoter sur elle-même, puis enchaîner avec un crochet du gauche à la mâchoire.
Elle avait opté pour un modèle évoquant une femme musclée qu’il n’avait pas encore testé lui-même. Le droïde était manifestement programmé pour ne pas retenir ses coups car sa riposte par la droite franchit la garde d’Eve et l’atteignit à la pommette.
— Merde…
Eve réagit par un balayage de la jambe qui déséquilibra suffisamment le droïde pour qu’elle puisse lui assener une frappe à la poitrine et un solide uppercut avant qu’un coup de coude du droïde lui repousse violemment la tête en arrière.
Connors fit quelques pas vers l’ascenseur avant de s’arrêter.
Il pourrait y aller, désactiver le droïde et la laisser retourner contre lui son évidente fureur. L’occasion de s’affronter le temps d’un round, en sachant que lui au moins ne mettrait pas son poing dans la figure de sa femme.
— Non. Qu’elle fasse ça à sa façon.
Il éteignit l’écran et se dirigea vers la douche.
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Soudain, la sonnerie de son téléphone dans sa poche la fit sursauter. Elle le sortit et jeta un coup d’œil à l’affichage du numéro. Sa sœur.
— Salut, Gigi, quoi de neuf ?
— Je voulais juste prendre des nouvelles de ma sœur préférée.
— Alors tu devrais rendre visite à Paula à la ferme.
Alicia et ses sœurs adoptives avaient vécu chez Mamie Yoder dans sa ferme en Pennsylvanie. Les connaissant, elle savait que la plupart d’entre elles ne quitteraient probablement jamais la communauté Amish.
Gigi eut un petit rire, qui fit sourire Alicia. Même à l’époque où elles travaillaient dans la rue, Gigi était toujours celle qui redonnait le moral aux filles. Son rire était contagieux.
— Dis-moi, tu es chez toi ?
— Chez le docteur, pourquoi ?
— Tout va bien ?
— Oui... Je me sens très bien. Tu es dans le coin, ou quelque chose comme ça ?
— Je viens de quitter Harrisburg à l’instant. Je devrais arriver à Washington dans deux ou trois heures. Ça te dirait de dîner ? J’ai de bonnes nouvelles à t’annoncer.
— Avec plaisir. Tu veux aller quelque part en particulier ?
— Non, choisis, toi. Papa va nous rejoindre. Passe-lui juste un coup de fil pour lui dire où, d’accord ? Et envoie-moi l’adresse par SMS. Je te laisse. À tout à l’heure.
Alicia fixa l’écran de son téléphone. Gigi était un véritable tourbillon.
Sur les douze filles que son père avait sauvées, puis adoptées – elles n’étaient pas sœurs de sang, mais partageaient un lien tout aussi fort dans tous les domaines qui comptaient – seules Alicia, Gigi et Samantha avaient quitté la ferme. Alicia avait déménagé à Washington six mois plus tôt pour se rapprocher du quartier général de l’Organisation. Gigi s’était installée en Pennsylvanie, et Samantha travaillait maintenant comme comptable pour un entrepreneur du ministère de la Défense à Bethesda.
Les autres... eh bien, Alicia était presque persuadée qu’elles ne quitteraient jamais la communauté amish. Le monde, elles ne le connaissaient que trop bien.
Elle composa le numéro de son père ; Levi décrocha dès la première sonnerie.
— Gigi t’a appelée ? demanda-t-il.
— Oui. Une grande nouvelle, apparemment.
— J’espère que ça ne concerne pas son petit ami, ce minable. À moins que ce ne soit pour dire qu’elle l’a largué.
Alicia laissa échapper un petit rire.
— Tu te souviens quand tu as dit à un de mes petits copains : « Si tu ne traites pas ma fille avec respect, je viendrai te voir. Si tu lui fais du mal, je m’assurerai que tu respires avec une paille. Toi capisce ? » Oh, Seigneur !
J’ai bien cru qu’il allait se pisser dessus. Ç’a été le premier et le dernier rendez-vous ; il ne m’a jamais rappelé après ça.
— M’étonnerait que j’ai dit ça devant toi.
— J’écoutais depuis le couloir.
— Je ne sais pas ce qui t’a rendue malade la semaine dernière, mais tu as l’air d’aller mieux ; ça s’entend à ta voix.
— Je te raconterai tout ça, papa. Justement, j’ai quelques questions à te poser. Mais on verra ça une fois qu’on aura mangé avec Gigi.
— Tu peux me parler de tout, tu le sais.
— Je sais. Quand est-ce que tu arrives en ville ?
— D’ici deux heures. Où veux-tu qu’on se retrouve ?
— Tu te souviens de ce camion-restaurant où je t’ai emmené il y a quelques mois, à mon retour de Chine ? J’ai envie de poitrine de bœuf grillée.
— Excellent choix. On se voit là-bas. Mais je te le redis, Alicia, il vaudrait mieux que ça n’ait rien à voir avec son petit ami.
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Elle prit une grande inspiration et expira lentement. Elle se sentit un peu mieux.
— Je me rends au QG pour mon évaluation des trois mois avec Mason.
J’ai les nerfs en pelote. Pour le moment, j’essaie juste de m’empêcher de vomir.
— Tu n’as aucune raison d’être nerveuse. Tu as tout ce qu’il faut pour réussir. Et puis, j’ai un peu suivi ce qui se passait ; tout le monde n’a eu que des bonnes choses à dire concernant tes progrès.
— Si tu le dis. En même temps, je ne les vois pas te dire le contraire. Tu es Levi Yoder, non ? Le super espion. Et moi, je suis juste... moi.
Alicia sentit sa gorge se serrer.
— Papa, je... je ne me souviens même plus pourquoi j’ai dit oui à tout ça. Réellement. Il y a des blancs que je n’arrive pas à combler. Je crois que je suis en train de dérailler.
— Non, crois-moi, tu ne dérailles pas. Il y a une raison à tout ce que tu peux ressentir.
— Comment ça ?
— C’est difficile à expliquer. Parfois, quand les gens subissent un traumatisme, certaines choses restent bloquées dans leur conscience. C’est tout à fait normal.
Un frisson la parcourut ; la tête lui tournait.
— Inutile de m’expliquer comment fonctionne le cerveau, papa. La neuroscientifique, c’est moi, tu te souviens ? Enfin, c’est ce que j’allais devenir. Mais quel traumatisme au fait, papa ? Est-ce que j’ai… (elle déglutit péniblement)… est-ce que j’ai été... violée ou quelque chose comme ça ? Qu’est-ce que je « bloque » ?
— Non, non, tu es loin de la vérité. Tu as juste... tu t’es juste retrouvée mêlée à quelque chose qui impliquait l’Organisation. Tu as assuré, Alicia.
Mais ç’a été une épreuve pour toi. Mason et moi pensions que tu pourrais perdre certains de ces souvenirs de l’incident, et honnêtement, je suis content que ce soit le cas. Tu t’en sors bien, crois-moi. Et si tout ça t’inquiète plus que de raison, parles-en à Mason. Il comprendra parfaitement.
— Peut-être.
— C’est à toi de décider. Mais écoute, je suis à Washington aujourd’hui. J’ai une brève réunion. Tu pourrais peut-être me rejoindre en haut ; on irait manger un morceau ? Midi, ça te va ?
— Oui, bonne idée, papa.
Elle essuya des larmes de frustration sur ses joues, prit une grande inspiration, puis expira lentement pour tenter de dissiper la peur, l’anxiété et la nervosité qui l’agitaient.
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Sur la pelouse de ma propriété, perchée dans la cabine d’un bulldozer, en train de crier sur la police qui l’encerclait, se trouvait ma sœur, Catherine.
— Oh, mon Dieu ! Elle a craqué.
Dutch pencha la tête et commença à trembler de rire à nouveau.
J’appuyai sur le champignon et accélérai en direction de la scène. Je frappai Dutch avec ma main libre.
— Ce n’est pas drôle !
Je freinai brusquement et sortis de la voiture, puis me précipitai vers Milo qui tenait un porte-voix pour crier sur ma sœur.
— Milo ! m’exclamai-je.
Il tourna la tête vers moi et baissa le porte-voix.
— Merci, Seigneur, tu es là ! dit-il quand je le rejoignis.
— Mais qu’est-ce qui se passe ?
— Ta sœur est folle ! brailla-t-il.
Ses yeux étaient écarquillés et furieux, ses doigts serrés autour de la poignée de son porte-voix quand il leva et hurla :
— Folle !
Cat se tourna et le fusilla du regard avant de lui faire un doigt d’honneur.
— Où est-ce qu’elle a… Qu’est-ce qu’elle a… ? Comment… ? bégayai-je en examinant le chaos que ma sœur avait apparemment causé.
La clôture qui avait entouré la propriété gisait en tas où elle avait été écrasée par le bulldozer qui avançait lentement vers la maison, tandis qu’un groupe de policiers se tenaient bravement devant et essayaient d’arrêter ma sœur.
— Elle a roulé sur ma voiture ! cria Milo à travers le porte-voix en me pointant du doigt.
Le son était tellement fort qu’il résonna dans ma tête comme un gong. Je me tournai vers lui, bouche bée.
— Non ! Pas la BM ?
— Si ! brailla Milo une nouvelle fois, mais vers ma sœur, cette fois.
— Mais pourquoi ?
— Parce qu’elle est folle ! cria-t-il en pivotant dans ma direction.
Je me bouchai les oreilles et reculai loin du porte-voix pour jeter un coup d’œil autour de nous. Par-dessus la clôture des voisins, je repérai le tas de tôle noire froissée qui avait auparavant été une berline étincelante. Dutch se trouvait à côté, plié en deux de rire, ses gloussements audibles jusqu’ici. Milo suivit mon regard, vit que Dutch rigolait, et lui cria à travers le porte-voix :
— Ce n’est pas drôle !
J’en avais assez. Je lui piquai son accessoire et avançai droit sur le bulldozer. Une fois devant, je levai le porte-voix et hurlai :
— Catherine Cooper-Marsters ! Sors de ce truc tout de suite !
Cat actionna les leviers dans la cabine comme si elle ne m’avait pas entendue et continua sa lente progression vers la maison, un air déterminé et à moitié fou sur le visage. Je courus devant l’engin et plantai fermement mes pieds dans le sol. Les agents de police se poussèrent pour me laisser la place. Cat avança jusqu’à se retrouver à trente centimètres de moi avant de s’arrêter, et on se lança dans un duel de regards.
— Sors de la cabine, ordonnai-je à travers le porte-voix.
— Non ! brailla-t-elle en tripotant les boutons d’un air menaçant.
— Sors de cette cabine qu’on puisse discuter, Cat !
— Non !
— Oh, pour l’amour de Dieu, Catherine ! m’époumonai-je, excédée. Sors de ce fichu machin, ou j’appelle maman et je lui raconte ce que tu as fait !
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date : 27-11-2023
Juste hors de portée, il a vu son pieu, posé à côté de l'un des vases fumants rempli d'étranges plantes qui brûlaient. Il y avait un poids sur sa poitrine qu'il ne pouvait pas ignorer, quelque chose qui appuyait douloureusement contre le sol. Alex s'est regardé, essayant de comprendre s'il y avait une pierre en saillie ou quelque chose qui lui rentrait dans la poitrine.
Au lieu de ça, il a constaté que sa chemise avait de la peine à contenir ce qui ressemblait à des seins. Ils semblaient énormes et – comme il portait déjà des chemises serrées qui n'étaient pas taillées pour contenir des protubérances charnues – le tissu s'étirait chaque fois qu'il respirait. Là, c'était la même sensation qu'avoir une tonne de briques sur la poitrine.
Putain, pourquoi j'ai des nichons ?
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Aujourd’hui, Musgrove portait un jean et une chemise kaki aux manches retroussées jusqu’aux coudes. Elle s’était fait une queue de cheval hérissée sur la tête. Les lunettes de soleil militaires et l’anticerne ne parvenaient pas à dissimuler l’ecchymose sur sa joue droite.
Brusque retour en arrière. Musgrove dans mon bureau lors de notre première rencontre, lundi. La marque en forme de croissant avait pratiquement disparu.
Cette fois, j’ai posé la question.
— Vous avez eu un accrochage avec une poignée de porte ? ai-je lâché incidemment, en faisant un geste vers son visage.
Musgrove a éclaté de rire.
— Vous avez tapé dans le mille, sans mauvais jeu de mots. Je ne vous ai pas dit que j’étais sacrément maladroite ? Récemment, j’ai fait installer une armoire murale dans mes toilettes, et j’oublie toujours qu’elle est là. Et je laisse toujours la porte ouverte. Ce n’est pas une bonne combinaison.
— Le noir et le bleu vous vont bien, ai-je plaisanté, un peu mal à l’aise.
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Un faisceau de lumière irisée jaillit alors de l’opale et s’élargit à la façon d’un éventail. Le visage sérieux d’un homme d’une quarantaine d’années aux longs cheveux bruns y apparut. Il semblait aussi réel que s’il s’était vraiment trouvé dans la maison. Il était même en couleur au lieu de ressembler à un fantôme laiteux!
– Content de te revoir, Abrahee, le salua Mériador.
« Il s’agit donc d’un autre magicien », comprit Wellan.
– J’aurais préféré que ce soit en de meilleures circonstances, mon ami.
– Si tu attends un pareil moment pour me parler, ce ne sera pas avant longtemps. Y a-t-il un problème au Royaume d’Argent?
– La Reine Elswyth et le Prince Irvine sont arrivés ici pour un séjour d’une durée indéterminée.
– Anthel les a-t-il chassés d’Émeraude?
– Apparemment, non, mais il est au courant de leur absence. Ils avaient surtout besoin de s’éloigner de lui. Selon les dires du jeune homme, il est de plus en plus dangereux et peut-être même devenu fou.
– Tu ne m’apprends rien que je n’avais pas déjà deviné, alors tu as certainement une autre raison de me contacter, cette nuit.
– On ne peut rien te cacher. Le prince m’a dit qu’Anthel a encore tué un apprenti, plus puissant que lui, cette fois.
– Ça, ce n’est pas une bonne nouvelle. Lui a-t-il pris ses pouvoirs?
– Je l’ignore, pour l’instant. J’ai aussi senti le déplacement de son vortex de feu au Royaume de Rubis et derrière la montagne de Cristal.
– À ce sujet, je peux te renseigner. Il a commencé ce qu’il appelle sa purge et il a réussi à tuer Hansenn.
– Oh non, s’étrangla Abrahee, visiblement secoué. Pourquoi ne l’ai-je pas ressenti?
– Parce que le magicien de Rubis a remis son sceptre à un autre magicien.
– Toi?
– Non. À un homme qui nous arrive d’un autre monde.
Wellan se redressa d’un seul coup en se demandant s’il était prudent qu’il parle de lui aussi ouvertement. Il ne savait pas si Anthel était suffisamment puissant pour intercepter leur discussion.
– Tu finiras par le rencontrer, dès qu’il saura maîtriser un sceptre.
– Pourquoi Hansenn l’aurait-il confié à quelqu’un qui ne sait pas déjà comment s’en servir?
– Je pense qu’il n’a pas eu le choix.
– Sans doute… Sais-tu aussi pourquoi Anthel s’est ensuite rendu sur les plaines?
– Il attaquait ce même homme qui tentait de traverser le continent avec le rubis. J’ai cru nécessaire d’intervenir et, comme je possède le sceptre de son ancien maître qu’il craint plus que tout au monde, j’ai réussi à le faire battre en retraite.
– Je me doute que Hansenn a pensé bien agir, mais comment un homme qui n’a pas été formé convenablement pourrait-il travailler de pair avec sa pierre en si peu de temps?
– Rassure-toi. J’ai commencé sa formation.
– Tu sais aussi bien que moi que cette collaboration nécessite de longues années d’apprentissage, Mériador.
– Je te jure qu’il apprend vite.
Le regard que lui décocha Abrahee indiqua qu’il en doutait.
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date : 26-10-2023
Un vestige de tête éclatée comme un melon.
Voilà ce qu’il reste de la citrouille de Kyet Lapoh après qu’il s’est
fait exploser la cervelle avec son arme à feu.
Gerbille et Vong sont désabusés.
La veille, ils n’avaient pas senti le bonhomme au fond du gouffre
lorsqu’il était venu raconter son témoignage saugrenu. Déphasé et perplexe, ça oui ! Mais certainement pas au bord du précipice. Les deux lieutenants sont sceptiques, mais force est de constater qu’au domicile de la victime, c’est l’arsenal du suicidaire. Les gars de l’Identité Judiciaire sont présents sur les lieux, simplement pour la forme, car s’il avait encore un front, il serait tatoué sur celui de Kyet Lapoh :
« Adieu, monde cruel ! ».
La salle de bain du gus est une véritable pharmacie.
Au rayon dépressif.
Anxiolytiques, tranquillisants et antidépresseurs se font de l’œil
dans les rayonnages du meuble de la pièce d’eau derrière le miroir. La main lâche du bonhomme est encore agrippée à son revolver qui gît au beau milieu d’une mare de sang. Son cadavre, décapité ou presque, complètement disloqué dans le salon. Vong, après inspection des tiroirs, a d’ailleurs trouvé le permis de port d’arme au nom de l’Asiatique. Des caisses d’alcool fort ruminent leur détresse dans le cagibi, prouvant par là même que l’homme noyait son chagrin ou sa dépression nerveuse dans la liqueur. Il y a là de quoi torcher tout Bangkok ! Pourtant, toutes ces preuves accablantes de la santé mentale fragile du plaideur ne sont rien en comparaison des albums de famille placardés sur tous les pans de mur de la maison. L’homme a pris un soin, particulièrement masochiste, à vivre en immersion totale dans ses souvenirs. C’est bien simple, il reste à peine de quoi coller un timbre sur les cloisons çà et là, et ce, dans tout le logement, y compris aux toilettes ! Thaï et Faustine sont estomaqués, on pourrait retracer la vie de Kyet Lapoh de son mariage à sa mort cérébrale, c’est-àdire son voyage tragique en Thaïlande, rien qu’en serpentant dans le pavillon.
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La journée était déjà bien entamée. Le soleil s’endormait doucement sur l’horizon en donnant aux nuages de magnifiques et chaudes nuances.
Adeline, un vieux seau en bois à la main, traversa en courant le chemin qui menait à la rivière en contrebas de la ferme. Ce qui ne manqua pas de semer la panique chez les oies et les poules qui se trouvaient sur son passage.
Au fond de la grande pièce, Bertrand arrangea un lit improvisé d’un tas de couvertures que venait de préparer son épouse, afin d’aider Maxime à s’y allonger. Elle se dirigea ensuite vers la cheminée pour remuer le contenu du chaudron.
— Tout va bien, mon garçon ! Bienvenue à la maison, rassura Bertrand.
Le vieux fermier devinait sans mal la nervosité de son protégé.
— C’est mon épouse, Élise. Et c’est ma fille, Adeline, que vous avez aperçue. Elle ne va plus tarder. Vos blessures ont besoin d’être soignées.
Vous allez pouvoir vous reposer le temps qu’il faudra et vous m’expliquerez votre histoire au souper.
Maxime soupira. Il observa l’épouse de Bertrand. Il lui sembla qu’elle était nettement plus jeune que son mari.
Comme les gardes, ces gens s’exprimaient d’une façon surprenante qu’il assimilait toutefois facilement.
— Je dois partir ! Ma famille va s’inquiéter, répondit-il en se tenant l’épaule de douleur.
— Votre famille ? Où est-elle ? demanda Bertrand, étonné.
— En fait, je... Je ne sais pas.
— Hum... Bon, quoi qu’il en soit, ce ne serait pas raisonnable. Pas ce soir en tout cas. Vous allez rester ici.
Maxime se leva brusquement, le visage transformé par une colère aussi soudaine qu’incontrôlable. Il attrapa Bertrand par le col de son épaisse tunique, et l’homme, surpris, ne parvint pas à reculer. Élise poussa alors un cri, laissant se fracasser sur le sol les ustensiles qu’elle tenait dans les bras.
— Maintenant, écoutez-moi bien ! Je ne sais pas qui vous êtes ni ce qui se passe, mais s’il s’agit d’une plaisanterie ça va très mal finir. Vous allez me dire où je suis et tout de suite !
« Calme-toi, Maxime. »
En agrippant Bertrand, Maxime, surpris, chercha à localiser la voix qu’il venait d’entendre. Mais la porte de la maison s’ouvrit au même instant et la jeune Adeline, un seau rempli d’eau à bout de bras, s’immobilisa devant la scène.
— Lâchez mon père ! hurla-t-elle.
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L’autre homme présent était assis sur l’une des chaises de l’autre côté du bureau de Minard – du côté où elle et Frank s’asseyaient habituellement.
Il se leva quand elle entra et leur tendit la main à tous les deux. C’était une énorme preuve de respect aux yeux d’Ava, car la plupart des hommes n’auraient jamais pensé à faire un tel geste à une femme. Elle lui serra la main et il lui sourit, bien qu’elle n’eût aucune idée de qui il était. Le capitaine Minard l’en informa.
— Inspecteurs Wimbly et Gold, voici le commissaire Adam Freemantle, dit-il. Un des quatre qui supervisent tous les commissariats de la ville.
— C’est un plaisir de vous rencontrer tous les deux, dit Freemantle. Il semblait être un peu plus âgé que Minard et se portait bien. La forme de ses épaules lui évoquait son propre père, qui pratiquait la boxe depuis l’âge de seize ans. Freemantle était complètement chauve, mais arborait une moustache parfaitement taillée.
— Le plaisir est pour moi, monsieur, dit Ava. Pourtant, la présence de l’un des principaux chefs à cette réunion triplait son anxiété.
— C’est un honneur, monsieur, dit Frank.
Freemantle ne se rassit pas, mais s’assura plutôt de proposer son siège à Ava. Elle accepta avec un sourire, attendant de voir pourquoi il était là.
— Inspecteurs, dit Minard, le commissaire Freemantle est ici à cause d’un problème qui a été porté à mon attention ces derniers jours. Je l’ai contacté et il était également préoccupé. Il voulait être intégré à la conversation que nous allons avoir.
— OK… dit Frank. Est-ce que tout va bien ?
Minard les regarda tous les deux d’un air désolé, puis s’adossa à son siège, désespéré.
— Inspecteur Wimbly, depuis combien de temps avez-vous une liaison avec l’inspectrice Gold ?
Et voilà. Ava sentit son cœur s’arrêter et une bouffée de chaleur se répandre en elle. Elle ne savait pas si c’était la gêne ou la peur (ou peut-être un peu des deux), mais elle se retrouvait incapable de répondre correctement. C’était une bonne chose que Minard ait demandé une réponse à Frank plutôt qu’à elle.
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Ava était assise à son bureau au sous-sol, dans le Bureau des Femmes.
C’était l’une des rares occasions où personne d’autre n’était dans la pièce, tous les bureaux étaient inoccupés. Elle avait entendu parler d’une opération d’infiltration qui espérait utiliser des agentes pour délier la langue et lamorale des contrebandiers. D’après ce qu’elle avait compris, il était assez difficile pour les hommes de refuser de l’alcool à une femme consentante.
Cela ne la dérangeait cependant pas d’être dans les bureaux du BF.
Cela lui donnait l’occasion de parcourir discrètement les dossiers d’hommes comme Jim Spurlock et Kenny Sanderson. Jusqu’à présent ce matin, Ava avait enquêté en profondeur sur Sanderson et avait découvert à quel point Frank avait raison. Sanderson était un vrai sale type et en ce qui la concernait, un homme comme lui devait être enfermé à Welfare Island. Pour le reste de sa vie si possible.
Il avait une accusation d’agression physique dans son dossier, déposée par une femme. Elle avait également trouvé un cas de port d’arme dissimulée, une inculpation pour avoir provoqué une petite émeute, et une plainte pour agression à main armée déposée par le propriétaire d’un petit magasin de tabac lorsque Sanderson avait cru que l’homme l’avait escroqué de vingt-deux centimes sur la monnaie à rendre. Et puis, bien sûr, ses accusations datant de quelques jours, impliquant la contrebande d’alcool et l’altercation avec deux policiers.
Bien que cela la rendît un peu plus prudente à l’idée d’aller lui rendre visite, elle se sentait aussi plus sûre que Moody avait raison. Sanderson correspondait assurément au genre de personne qui pourrait fréquenter les cercles de Jim Spurlock.
Alors qu’elle lisait les détails de l’accusation d’agression à main armée, quelques coups forts et rapides retentirent derrière elle. Elle se retourna et trouva la porte ouverte, avec Frank qui regardait à l’intérieur, les doigts toujours sur le cadre de la porte.
— Tu as une minute ? demanda-t-il.
— Ouais, entre. Comme il n’y avait que Frank, elle ne se précipita pas pour cacher ce qu’elle était en train de consulter.
En entrant, il lui montra une feuille de papier qu’il tenait dans son autre main.
— J’ai entendu Minard parler de cette affaire ce matin et j’ai pensé que ça t’intéresserait. Une affaire de meurtre – un riche homme blanc qui a été tué à Harlem hier après-midi. Pour l’instant, le seul suspect est un saxophoniste noir. Le meurtre a eu lieu dans une ruelle derrière un club de jazz appelé le Candle’s Wick. Le suspect est actuellement dans en détention.
Ça a l’air d’une affaire simple mais j’ai pensé que tu voudrais y jeter un œil à cause du lien avec le groupe de jazz.
Ava connaissait le nom de l’endroit, elle y avait vu quelques spectacles en son temps mais n’avait jamais eu le privilège d’y chanter. Bon Dieu, pensa-t-elle. Chanter. Tu t’en souviens ? On dirait que c’était il y a une éternité maintenant, non ?
— Laisse-moi deviner, dit-elle. Un Noir tue un riche homme blanc.
Personne en haut n’était prêt à le prendre.
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Le simple fait d’entrer dans le Bureau des Femmes, en bas, lui donna l’impression d’être à l’abri de l’animosité de l’étage. Il y avait quatre femmes dans la pièce, dont deux qu’Ava n’avait pas encore appris à connaître. Les deux autres, en revanche, étaient rapidement devenues des amies très proches et Ava se surprenait souvent à souhaiter qu’on leur donne la même chance qu’à elle.
Frances, à la tête de la Division Féminine, était en train de taper bruyamment sur sa bête de machine à écrire. Le martèlement des touches sonnait comme des coups de feu. À quelques pas de Frances, Lottie poussait sa chaise derrière son bureau. Elle portait un manteau léger et un chapeau, signe révélateur qu’elle était sur le point de sortir pour une affaire – une rareté pour Lottie.
— Bonjour, mesdames, dit Ava.
— Mesdames ? dit Lottie avec un sourire. Elle était radieuse quand elle souriait, et Ava se demandait souvent si Lottie n’était pas un peu trop jolie pour être policière. Elle ne pouvait qu’imaginer le genre d’apostrophes et de sifflets auxquels Lottie devait avoir droit lorsqu’elle était en service. Il n’y a pas de dames ici !
— Aucune ? demanda Ava en suivant la blague.
— Pas du tout. Voyons, ce matin, on m’a traitée de jolie femme et de fille de joie. Tout ça en l’espace de cinq minutes, attention. Les hommes de cette ville… je vous le dis. Ils pourraient apprendre à bien se tenir.
— Est-ce que tu sors le leur apprendre ?
— Bien sûr que non. Apparemment, la seule chose dont nous sommes capables, nous les filles, c’est d’enquêter sur des orphelins fugueurs. On a reçu un rapport sur une immigrante assassinée ce matin, mais apparemment c’est trop en vue pour nous. Lottie haussa les épaules en se dirigeant vers la sortie. Enfin, les orphelins fugueurs valent bien mieux que de dépérir dans ce bureau.
Lottie fit un petit signe de la main en partant. Ava se dirigea vers Frances qui faisait glisser une feuille de papier sur le rouleau de la machine à écrire. Elle remplissait les rapports des agents masculins qui avaient procédé à des arrestations la nuit précédente et avaient depuis terminé leur service. Ava pensait qu’elle trouverait ce genre de travail presque avilissant, mais Frances avait toujours semblé accepter ces choses sans sourciller.
C’était probablement la raison pour laquelle elle était responsable du BF.
— Une immigrante assassinée ? demanda Ava. Qui s’en occupe ?
Frances eut un petit rire fatigué et secoua la tête.
— Personne. Une immigrante fauchée du côté pourri de la ville.
Personne ne le prend.
— Alors on va juste laisser faire ?
— Ouais. Ça arrive plus souvent qu’on ne le pense. Comme de plus en plus d’immigrants arrivent, la police a tendance à prêter de moins en moins d’attention aux crimes violents dont ils sont victimes. Maintenant, si ces crimes touchent des gens un peu plus près de nous, c’est une autre histoire.
— Eh bien, c’est démoralisant.
— Ça l’est. Frances haussa les épaules, comme pour dire : Et qu’est-ce que tu vas y faire ?
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Frank se tenait dans un coin, occupé à regarder le dos de certains des plus gros livres de l’étagère encombrée de Minard.
— Allez-y, asseyez-vous, lui dit ce dernier.
Cela lui indiqua ce qu’elle avait besoin de savoir. Lui avait-il déjà dit de s’asseoir ? Elle se demanda quelle sorte de mauvaise nouvelle il était sur le point de lui annoncer. Elle s’assit et regarda Frank pour voir si son visage ne laissait rien transparaître. Mais il semblait être aussi désemparé qu’elle.
— Je me trouve dans une situation un peu délicate, dit Minard. Gold, ce n’est pas un secret que votre petite démonstration debout sur le bureau de Wimbly vous a mis à l’écart. J’ai reçu d’innombrables plaintes d’autres agents, inquiets que vous ayez les chevilles qui enflent. D’autres se sentent offensés que vous ayez été promue inspectrice si rapidement, et ils pensent que ça vous est monté à la tête.
— Mais monsieur, je—
Il leva une main pour la faire taire.
— Donc ces derniers jours, j’ai essayé de trouver un moyen de faire en sorte que tout le monde soit content – pour que mes autres agents et inspecteurs arrêtent de se plaindre de vous, mais aussi pour essayer de vous garder occupée. Parce que, qu’ils le veuillent ou non, la vérité est que vous avez été une aubaine pour ce commissariat en termes de médias. L’histoire s’écrit pratiquement d’elle-même. Nous sommes décrits sous un jour positif, ce qui est un énorme avantage par rapport aux histoires de flics ripoux travaillant avec la mafia.
Il s’arrêta là et prit une profonde inspiration. La pause dura si longtemps qu’Ava se demanda si elle devait dire quelque chose. Au lieu de cela, Minard poussa une simple feuille de papier vers elle.
— Et puis ce matin, j’ai reçu ça par télégramme. Il y a une affaire à Brooklyn pour laquelle ils auraient besoin d’un inspecteur de la criminelle.
Je veux que vous la preniez.
— Bien entendu, dit-elle en prenant le rapport. J’ai l’impression de rater quelque chose, cependant. Vous avez l’air… troublé.
— C’est plus que juste prendre l’affaire, expliqua-t-il. Vous allez travailler au commissariat de la 77e pendant quelques jours.
— Donc je suis transférée parce que quelques hommes ont fait tout un scandale à cause de moi ?
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Frank n’était pas sûr de savoir pourquoi, mais on aurait dit que Mack n’aimait pas cette nouvelle. Son regard passait de son fils à sa femme d’un air embarrassé et furibond. À côté de Frank, Ava commença à poser les questions, et il était nerveux pour elle. Il n’avait aucune idée de la façon dont elle pourrait réagir si un homme riche comme Mack Duvall ou George Pickett lui faisait une remarque inappropriée ou sexiste.
— Mr et Mme Duvall, pouvons-nous supposer que vous étiez ici simplement pour soutenir la famille pendant leur grand jour pour Penny ?
— C’est exact, dit sèchement Mack. Nous sommes arrivés ici peu après huit heures afin de voir si nous pouvions faire quoi que ce soit pour aider.
— Kelvin Pickett nous a dit que vos familles s’entendaient très bien, dit Ava.
— Oui. George et moi sommes de bons amis depuis l’époque de l’université.
— Mais vous êtes en compétition au travail. Est-ce correct ? demanda Frank.
— Nous sommes banquiers dans des établissements différents, dit Mack comme s’il expliquait quelque chose à un enfant de cinq ans. Oui, il y a toujours de la compétition, mais cela reste bon enfant.
— À quelle fréquence diriez-vous que vos familles se retrouvent pour juste passer du temps et de bons moments ensemble ? demanda Ava.
L’expression de Mack Duvall indiquait clairement qu’il n’aimait pas l’idée qu’une femme l’interroge de cette manière. Il en semblait presque dégoûté, mais il parvint tout de même à répondre.
— Au moins une fois par semaine. Mais Betty vient fréquemment prendre le thé avec Millie le mercredi.
— Vous devez être très proches alors, dit Frank. Et des amis très, très proches pour rester à leurs côtés dans une période si triste.
— Oui, dit Betty. J’ai dit à Millie que j’allais rester ici pour renvoyer les gens qui viendraient pour la fête. Evelyn et moi avons juste commencé à téléphoner aux invités pour le leur faire savoir.
— Vous avez deux enfants, c’est exact ? dit Ava en regardant James comme si elle demandait des yeux où pouvait être l’autre fils.
— Oui, dit Betty. Elle ouvrit la bouche pour dire autre chose, mais Mack l’interrompit assez rapidement.
— Un autre fils, dit-il. Son nom est Cole et il a dix ans. Il est en train de jouer aux osselets dans la cour et c’est là qu’il restera.
Ava se surprit à serrer les poings. Elle n’aimait vraiment pas cet homme détestable, mais elle savait qu’elle devait conserver une apparence calme ou faire face à des problèmes inutiles.
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Presque comme s’il s’agissait d’une sorte de signal, Ava passa devant un magasin qui jouait du jazz. Elle pouvait à peine l’entendre, mais la ligne de basse et les trompettes plaintives semblaient l’encourager. Elle courait dans la rue, attirant l’attention de chaque personne qu’elle croisait. Elle tira son sifflet de sous le haut de sa robe, le porta à sa bouche et souffla. Il était bien plus bruyant que ce à quoi elle s’était attendue, et il lui sembla qu’il faisait vibrer l’intérieur de sa tête. Alors qu’elle sifflait une seconde fois, elle réalisa que Frances la suivait avec un équilibre incertain tout en lui criant des avertissements. Ava savait qu’elle avait déjà enfreint bien des règles, mais c’était trop tard désormais. Elle courait après le voleur et celui-ci était à portée de vue. Elle se dit qu’à un moment donné, le sifflet pourrait mettre un autre policier au parfum, et qu’il pourrait coincer le gars.
Et si ce n’était pas le cas – si elle rattrapait le jeune voleur avant qu’un homme ne puisse venir à la rescousse – alors elle n’aurait qu’à le plaquer au sol. Oups… peut-être avait-elle trébuché et était-elle tombée sur lui, ou autre chose du même genre.
Ava bondissait à travers la foule éparse le long de la 101e rue, tout en sifflant pour la troisième fois. Elle n’était même pas sûre de la distance sur laquelle elle avait couru, à souffler dans ce fichu sifflet. Trois pâtés de maisons ? Quatre ?
Il lui vint alors à l’esprit que siffler était contre-productif. Cela avertissait le voleur de là où elle se trouvait. Et bien qu’elle sut que sa seule tâche était de souffler dans ce satané objet jusqu’à ce qu’un policier se montre, elle trouvait l’idée non seulement stupide, mais obsolète. Elle lâcha le sifflet de ses lèvres et le laissa tomber sur sa poitrine.
Elle arriva à la fin de la rue, où le voleur à l’arraché avait pris à gauche.
C’est là qu’Ava vit une allée étroite qui s’étirait entre un marchand de bonbons et un magasin de tabac. Elle était en majeure partie dégagée, bloquée seulement par quelques caisses et poubelles. Ava s’arrêta, le dessous de ses bas éraflé sur le trottoir, et s’élança dans la ruelle. Elle savait que celle-ci arriverait juste à la fin du pâté de maisons, et qu’elle parviendrait là avant le voleur, car ce dernier devrait faire face aux piétons alors qu’elle non. Elle sauta par-dessus une caisse, et sentit la poussière mêlée de substances visqueuses de l’allée sous ses pieds. Malgré tout elle courut – le sifflet oublié, le protocole aussi et même Frances, en partie.
Ava arriva à la fin de l’allée et regarda sur sa droite. Elle vit quelques personnes s’écarter précipitamment et sut immédiatement pourquoi. Elle se précipita dans cette direction et vit le voleur arriver à travers la foule. Elle remit alors le sifflet à sa bouche, attendit qu’il se rapproche, et souffla dedans avec force.
Le bruit, si proche, le stupéfia. Lorsqu’Ava s’avança, elle vit qu’il avait presque laissé tomber le sac. Il opéra alors un demi-tour et repartit par là où il était arrivé. Il jeta un coup d’œil par-dessus son épaule, une seule fois, les yeux écarquillés de crainte à présent, et à ce moment-là tomba directement dans les bras d’un autre policier. Ce dernier mesurait environ deux mètres, avec des épaules semblables à des blocs de granit. Le voleur rebondit un peu mais fut attrapé par l’homme. Il fut poussé contre le mur de la quincaillerie dont venait de sortir le policier, et tandis qu’il était menotté, une rumeur confuse s’éleva parmi les piétons qui passaient.
Le policier écrasa le voleur contre le mur et regarda ensuite Ava. Il plissa les yeux et secoua la tête, comme s’il était sur le point de sermonner un chien têtu.
— Qu’est-ce que vous pensiez faire, bon sang ? lui aboya-t-il.
— Pourchasser un voleur, répondit Ava sans trop y penser.
— Et faire toute une scène ! Vous étiez censée utiliser votre sifflet, et rien de plus.
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Cette pensée me poussa à agir. La dernière chose que je voulais, c’était que ma mère envahisse mon espace personnel. La grange était censée représenter ma liberté. Je tapai un message rapide disant que j’étais occupée avec la livraison des meubles pour la tenir à distance. Je ne doutais pas qu’elle avait reluqué les livreurs par la fenêtre lorsqu’ils avaient traversé la cour.
— Votre mère a aussi un goût merveilleux, même s’il est un peu différent du vôtre, fit remarquer Foster.
— Inutile de vous montrer poli. Je sais que c’est faux.
— C’est absurde. Béatrice a une grande sensibilité artistique. Moyer aussi. Ça doit être de famille.
Il me fit un clin d’œil.
Mon téléphone recommença à sonner et je coupai le son. Apparemment ma réponse n’était pas satisfaisante pour Béatrice Fury.
— J’aimerais voir un autre coussin pour ce canapé, fit-il. Quelque chose en sarcelle, peut-être, pour lui donner ce peps de couleur.
— OK pour la couleur sarcelle.
Un objet métallique s’approcha de la grange et heurta la fenêtre.
— Qu’est-ce que c’est ? demanda Foster, alarmé.
J’écarquillai les yeux.
— Je crois que c’est un drone.
Je m’avançai et basculai la vitre pour que le drone ait assez d’espace pour entrer.
— Je te vois, Eden Joy Fury, annonça la voix de ma mère. Tes meubles ont déjà été livrés. Maintenant, tu viens ici tout de suite.
Le drone pivota et fila vers l’étoile de la mort d’où il venait.
Foster me dévisagea.
— Vous auriez peut-être dû envisager de déménager un peu plus loin que dans le jardin.
— J’ai déjà essayé. Ça n’a pas marché.
J’avais vécu à San Francisco quand je travaillais pour le FBI. Je serais restée si je n’avais pas siphonné par inadvertance les pouvoirs d’un vampire et mordu mon partenaire, Fergus. Heureusement, il avait survécu ; c’était seulement ma carrière qui était morte.
— Je devrais y aller. Je n’ai aucun intérêt à m’attirer les foudres de votre mère.
Un homme sage. Il savait de quel mal ma sorcière de mère était capable lorsqu’elle était poussée à bout.
Je m’accrochai à son épaule en mimant le désespoir.
— Emmenez-moi avec vous.
Il sourit.
— J’ai ma propre famille à éviter, ça me suffit. Je vous laisse vous occuper de la vôtre.
Il quitta la grange et j’attendis quelques minutes avant de m’aventurer dans la maison, histoire d’énerver encore plus ma mère. C’était puéril, je m’en rendais compte, mais bon, j’étais sa fille après tout.
Ma mère m’accueillit à la porte de derrière, ce qui en soi était étrange.
Elle arborait un sourire légèrement de travers qui laissait supposer un problème.
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