Extraits

« Famille » : groupe de personnes liées par le sang ou par le mariage Non, rectification…

« Famille » : amour

Une famille est faite de tolérance

Une famille est faite de personnes que vous avez choisies

Et de ceux sans qui il vous est impossible de vivre

Quand Les Minions arriva enfin à son terme – que le ciel soit loué… –, Thomas s’était endormi sur le sac de couchage qu’il avait à moitié déroulé pendant le film, et Lila était blottie contre le flanc de Tate, les yeux fermés, le pouce calé dans la bouche.

Logan était étendu sur l’une des extrémités du divan et observait Tate, autour duquel le silence était enfin retombé. Lorsqu’il s’empara de la télécommande pour éteindre la télévision, Tate leva les yeux vers lui, l’un de ses bras passé autour de la petite fille.

- C’est moi ou tu m’as trouvé une remplaçante, ce soir ? demanda Logan.

Tate plaça son coude sur l’accoudoir et cala sa tête au creux de sa paume.

- Jamais. T’es coincé avec moi jusqu’à la fin de temps.

La lumière de la lampe dansait sur les traits de Tate, et Logan se délecta du seul plaisir de le regarder. De contempler ses yeux sombres, ses cils denses et ses lèvres qui appelaient aux baisers.

- C’est très long, jusqu’à la fin des temps.

- Quoi ? Tu as peur de ne pas pouvoir me supporter aussi longtemps ? rit Tate.

- Non, répondit Logan.

Son ton solennel avait dû capter l’attention de Tate, car celui-ci reprit aussitôt son sérieux.

- J’ai peur que ça ne soit pas assez long.

Lorsqu’ils se rapprochèrent, Lila, qui observait son frère et son père, leva les yeux et repéra Tate.

Elle ouvrit grand ses yeux bleus et leva aussitôt les bras en appelant :

— Tonton Tate ! Tonton Tate !

Concrètement, son petit cœur fondait, tout comme le sien, à l’instant où elle le voyait.

Ce qui veut dire que je ressens exactement la même chose qu’une môme de deux ans et demi, pensa Logan. Magnifique.

— Salut, ma jolie, lança le concerné avant de lâcher sa main et de se diriger vers la table, où Lila sautillait presque sur sa chaise haute.

- Et qu'est-ce que tu as appris, aujourd'hui ?

Les commissures des lèvres de Logan s'étirèrent.

- Que ton père est un sacré petit malin, parfois. Tu savais qu'il m'a traité d'hérétique au beau milieu de la messe ? Il m'a dit de me détendre parce que personne ne savait que j'étais un hérétique fini. Comme si ça pouvait m'aider.

Priest lâcha un soupir irrité et plongea son regard dans celui de Logan.

— Je passais en revue le dossier de M. Bianchi et de sa famille, et il n’a pas apprécié ce que j’avais à dire.

— Parce que vous m’avez déballé ça avec la sensibilité d’un poisson mort, répliqua Robbie avant de croiser les bras. C’est de la vie de ma cousine que vous parlez, là.

— Je suis venu me confesser, annonça Logan en ouvrant la porte du bureau de Cole.

Il entra, et son frère leva les yeux vers lui. L’autre occupant de la pièce, un homme aux cheveux d’un auburn intense, était assis face au bureau de Cole.

— Je suis là pour une semaine, cette fois, Mitchell. Ce serait loin d’être suffisant pour ta confession.

Logan traversa le bureau pendant que Joel Priestley, alias Priest, se levait pour lui tendre la main. Logan s’en saisit et la serra fermement en assenant une tape amicale sur le dos de l’homme.

— Et moi qui pensais pouvoir être libéré et absous de tout ce que j’ai fait hier soir.

Priest s’esclaffa.

— Je suis égoïste. Désolé. Ne me déteste pas, mais c’est ce que je suis. Je l’ai toujours été. Je poursuis mes désirs, tu te souviens ? Et je te veux, toi. Et juste toi, reprit-il en déposant des baisers le long de la mâchoire de Tate pour atteindre son oreille. Je ne mentais pas quand je t’ai dit que l’éternité ne serait pas suffisante.

— Ah, ouais ? demanda Tate en laissant tomber sa brosse à dents, abandonnée sur le lavabo, pour pouvoir saisir l’avant de la chemise de Logan.

— Ouais, affirma Logan en laissant son souffle balayer une boucle qui reposait contre l’oreille de Tate. C’est pas assez long, parce que ce n’est encore que le début pour moi.

Et waouh… Pour une révélation…

— Merde, Logan, murmura Tate en fermant les yeux de toutes ses forces.

À son geste, Logan comprit qu’il avait tout autant de difficultés à se contrôler que lui. Lorsqu’il sembla enfin avoir repris ses esprits, Tate rouvrit les paupières et répondit :

— Je ne te déteste pas.

— C’est vrai ?

Tate secoua la tête.

— Non. Pourquoi je te détesterais ? Parce que tu ne veux pas d’enfants ? Est-ce que je t’ai déjà dit que j’en voulais ?

— Non. Mais on n’en a jamais vraiment…

— Logan ?

— Ouais ? demanda Logan en serrant ses bras autour de la taille de Tate.

Ses doigts cherchèrent désespérément un moyen de s’immiscer à l’intérieur de son short, même s’il ne pouvait décemment arriver à ses fins ce soir.

— Je crois que je dois te rappeler un truc à mon sujet.

— Ah ? Et qu’est-ce que c’est ?

Tate se recula pour saisir sa brosse à dents à l’instant même où Logan aurait glissé ses mains à l’arrière de son short, puis il lui adressa un grand sourire dans le miroir.

— Je ne partage pas.

— Je t’aime tellement. Je n’arrive pas à croire qu’il fut un temps où c’était pas le cas.

Il se délecta de l’homme qui le détruisait et qui le faisait revivre à chacune de ses caresses et à chacun des sons qu’il émettait.

L'une de ses boucles tomba sur son front, et Logan la repoussa par réflexe.

Pour un homme qui prétendait ne pas être doux et dire systématiquement ce qu'il ne fallait pas, Logan se débrouillait toujours pour lui couper l'herbe sous le pied. Il ne savait même pas si Logan avait conscience de ce qu'il était en train de faire. Mais l'expression de dévouement absolu qui brillait dans ses yeux lorsqu'il joua avec l'une de ses mèches signifiait tout ce sur quoi il n'arrivait pas à mettre des mots.

Et Tate aimait que cette facette de Logan n'appartienne qu'à lui.

— Regretter quoi ? demanda Tate en captant à nouveau l'attention de Logan.

— Tu sais très bien ce que ça veut dire... Moi. Nous. Ça.

Tate pencha la tête de sorte à laisser son front reposer sur celui de Logan.

— Il n'y a qu'une seule chose que je regrette. Et c'est de ne pas t'avoir rencontré plus tôt.