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Ma fille devenue femme, devenue sérieuse, devenue sexy, devenue certaine de ce à quoi elle a renoncé pour se contenter de ce qu'elle a obtenu, ma Pauline, le temps d'une photographie, est redevenue une petite fille, avec tous les rêves de l'enfance qui remontent à la surface, une petite fille sans complexes, sans garçon à séduire, sans le poids de deux mille ans de condition féminine à porter... Juste une petite fille qui croit dur comme fer que la réalité peut se transformer comme de la pâte à modeler.
Afficher en entierJe me force à penser que c'est logique. Une simple question de génération. Tous les enfants de leur âge ont regardé les mêmes films. Aimé les mêmes personnages, les mêmes peluches, les mêmes poupées. Je revois Pauline prendre possession du salon avec sa dînette et ses berceaux, m'accueillir quand je rentrais tard du Paris-Rouen accompagnée de toutes ses poupées assises sur le canapé. Impossible pour un papa, des années plus tard, d'avoir oublié leurs prénoms.
Afficher en entier- Ouvre-moi cette armoire, Gauvin, qu'on en finisse !
- Une minute, ma chérie. Je sais que tu détestes quand je raisonne comme un prof de maths cartésien, mais c'est parfois nécessaire. Si j'ouvre cette armoire avec ce pied-de-biche, nous nous retrouverons avec deux possibilités. Seulement deux. Et aucune ne me plaît. Soit elle ne contient pas de cadavre, et alors nous avons saccagé pour rien l'armoire normande de cette pauvre Mme Lefebvre ; soit elle contient bel et bien un corps décomposé, et dans ce cas, nous nous retrouverons témoin du crime d'un psychopathe, d'un psychopathe avec qui nous devrons rester seuls, de très longues minutes, le temps que les flics se pointent...
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Afficher en entierBref, toutes ces années estudiantines où la fac sert de garderie pour jeunes adultes, de fabrique d’espoir, de souvenirs et d’amis pour ensuite, comme une réserve qu’on se garde pour le grand hiver. Le reste de la vie!
Afficher en entier« — Facile ! Lenny Kravitz ! « Are You Gonna Go My Way » !
— Encore un ?
Une mélodie de guitare soudainement apaisée remplaçe la précédente. Douce mais tout aussi enivrante.
— Les Red Hot ! « Californication » !
— Tu m’épates, p’pa. T’as rien oublié de mes cours de vraie musique, on dirait ? »
Afficher en entierElle le trouva beau ainsi, si droit, si maladroit. Un homme de caractère à sa manière. Un homme de conviction, à sa façon. L'armoire normande.
Afficher en entierCilian est le premier réveillé. À égalité avec le soleil. Match nul. Il ouvre sa tente pile au moment où les premiers rayons se faufilent entre les filaos. Il contourne le grand barbecue froid, les casseroles de cari, pose ses pieds entre les bouteilles de rhum, enjambe Guibert et Kephren qui dorment à même le sable (le réveillon du jour de l’An s’est achevé très tard dans la nuit), et attrape sur la table basse le masque et le tuba de Fafane, son grand frère.
Cilian habite à Dos d’Âne, dans les Hauts, sur le rebord du cirque de Mafate. Le lagon, il n’y va pas plus de trois fois par an, une ou deux fois en car, avec l’école ou le centre aéré, et le 31 décembre… quand il ne pleut pas !
Afficher en entierJ’ai imprimé toutes les photographies prises sur le stand de la femme-coquelicot et les ai étalées sur la table du salon. Muguette les détaille, avant de commenter l’exposition sans chercher à dissimuler la pointe de moquerie dans sa voix.
— Incroyable Gaby ! Tu veux vraiment me faire croire que cette brave femme a eu un garçon et une fille, qui ont l’âge de nos enfants, qu’elle les a promenés en poussette-canne, qu’elle a offert des poupées à sa fille, des voitures et des figurines à son fils, qu’il a écouté du rock et du métal quand il était ado ?
Afficher en entierJe vais vous apprendre quelque chose. Le mot « foire-à-tout » est à peu près inconnu dès qu’on franchit les frontières de la Normandie. C’est une sorte de barbarisme exotique. Partout ailleurs en France, on parle de vide-greniers, ou à la limite de brocantes, de braderies, de puces… J’ai acquis ce précieux savoir lors de longues journées de vacances passées aux quatre coins de l’Hexagone à piétiner devant des exposants entassés sur des places de villages ou de longues digues de plages.
Afficher en entierC’est difficile de décrire l’instant.
Je vais essayer, pourtant. J’ai décidé d’écrire le journal d’une nouvelle vie. Ma nouvelle vie ! Elle commence donc aujourd’hui, le 10 janvier 2016, devant l’abreuvoir, à Veules-les-Roses.
À 9 h 11, très exactement.
Ma Panda blanche est garée en travers de la route, juste devant le bassin de quarante mètres sur cinq, à l’entrée de Veules. Le capot trempe presque dans les dix centimètres d’eau, comme le museau d’un animal venant à la source. Une petite vache. Un gros mouton. J’ai agi d’instinct, je me suis arrêtée là, j’ai bloqué le frein à main, je suis sortie, j’ai attrapé Anaïs à l’arrière, je n’ai pas fermé les portières.
Je pose Anaïs juste devant l’abreuvoir.
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