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"Doucement, à l'oreille, il lui avait annoncé son départ et promis qu'au bout de son voyage, lorsqu'il aurait réuni en lui toutes les connaissances et toutes les sagesses du monde, lorsqu'il aurait fini de rassembler en sa jeunesse autant de vies qu'il y a de variétés de fleurs, il se changerait alors en oiseau et viendrait par les airs la retrouver et l'emmener avec lui."
Afficher en entier« L’amour, dit-il à Verlaine, est le décentrement de l’existence par l’être aimé. L’amour déçu est la néantisation de l’être au monde. »
Afficher en entier« Manon Blanche le regardait en souriant. Il fixa un instant son regard sur le sien. Il eût éjaculé par les yeux si cela eut été possible. Il sourit. »
Afficher en entier« Le travail est une plaie purulente dans la maigre vie des hommes »
Afficher en entier« Tous les autres ne valaient à ses yeux guère plus que des excroissances improbables de vie dans la chaleur africaine, polypes puants de Léopold II, agents vides de la cancérisation du monde moderne. La prolifération fiévreuse et stérile d’une Europe malade sur le reste de la planète. Des fonctionnaires, petits et grands, gros et maigres, tous imbéciles, fiers du moindre négrillon qui leur obéissait, contraint et forcé par les armes. »
Afficher en entierJamais n’avait-on vu encore, à une telle échelle, d’organisation si rationnelle et si intéressée de la mort. En chaque coin du pays, des subordonnés de cet État mortifère et raciste, amorçant ce qui reviendrait, en dernier lieu, au suicide de leur propre civilisation, assassinaient par centaines de milliers des vies africaines qu’ils eurent voulu oublier dans les brumes de leur délire. Le sang et la boue se mêlaient au sol comme ces insectes qui s’aiment d’une étreinte mécanique et furieuse, se dévorant le cou, les yeux ouverts sur la mort, le fond impossible de la vie.
Afficher en entier"L'histoire qui suit est celle d'un suicide blanc dans un monde sans Christ; celle d'un jeune homme oublié dans un labyrinthe de haine et d'aveuglement : l'histoire du démantèlement et de la mutilation de Pierre Claes. "
Afficher en entierA son arrivée à Léopoldville, Pierre Claes avait été fort infecté par les symptômes de la malaria. Les fièvres, les vertiges et les diarrhées intarissables avaient considérablement ralenti, dans les premières semaines, la préparation de son expédition. Toutefois, Pierre Claes avait fini par prendre du mieux. Son corps s'adaptait, se faisait à l'Afrique, il avait beaucoup maigri, la maladie avait emporté le superflu et cette idiote idée d'aise physique dans laquelle grandissaient les européens, comme si la gelée de ses nerfs avaient fondu. Pierre Claes avait physiquement et psychiquement rétréci pour survivre ; il n'avait toutefois rien perdu à cette diminution.
Le départ eut finalement lieu.
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