Tentation brésilienne, Tome 4 : L'aventure d'une nuit

Lorsque leurs regards se croisèrent, le temps s’arrêta. Dante n’avait pas approché Karina d’aussi près depuis le soir de son dix-huitième anniversaire. Et ce soir-là, il l’avait vue d’encore plus près.

— Mais entre donc ! insista Lucas.

Ebranlé jusqu’au tréfonds de son être, Dante se laissa entraîner par son ami dans le vaste bureau lumineux en se forçant à détacher les yeux de ceux de la jeune femme.

Chaque fois qu’il avait eu l’occasion de la croiser ou de l’apercevoir, il avait ressenti un choc, mais jamais il ne s’était retrouvé dans la même pièce qu’elle. La force des sensations qui bouillonnaient en lui était si intense, si vive qu’il se demanda s’il avait eu raison d’accepter la proposition de Lucas.

Quand celui-ci avait avancé le nom de sa sœur, il avait eu l’intention de s’opposer aux autres membres de l’équipe. A quoi bon ressusciter le passé ? Il n’avait vraiment pas besoin de cela. Karina et lui avaient été inconscients, fous, et même s’il avait eu vent de sa brillante réussite professionnelle, il ne voyait pas pourquoi elle aurait changé de tempérament.

Mais, finalement, il s’était dit qu’il ferait preuve de mesquinerie en s’opposant à son implication dans le projet, et qu’en tant qu’ami et coéquipier de Lucas, il devait au moins laisser une chance à sa sœur. Ensuite, il s’était organisé de façon que durant le séjour de Karina au ranch, leurs contacts se réduisent au minimum. Vu que la jeune femme l’évitait depuis des années, il était certain que ces dispositions lui conviendraient.

Or, à présent qu’il se tenait tout près d’elle, Dante était forcé de reconsidérer les dispositions en question. Les ondes qui le parcouraient encore demeuraient si profondes… Pas étonnant qu’aucune femme ne soit jamais parvenue à la lui faire oublier.

— Dante…

Sa voix était douce, polie — sans doute à cause de la présence de son frère. Car l’expression de son regard était en totale contradiction avec l’amabilité qui empreignait son beau visage tandis qu’elle s’avançait vers lui pour le saluer.

Aucune chaleur, aucune intimité, dans ses yeux sombres. Au contraire, il y percevait presque de l’hostilité. A cause d’une seule nuit partagée dix ans plus tôt ? Apparemment. Mais Dante n’y pouvait rien. Karina avait désiré davantage que ce qu’il était prêt à lui offrir. Par conséquent, il avait eu raison d’agir comme il l’avait fait. Et pourtant, il s’émerveillait encore d’avoir été capable de faire passer le bien de Karina avant son propre désir égoïste.

En ce qui concernait les femmes, il était resté le même. Il n’avait toujours rien à offrir. Mais, de toute façon, elle ne lui demandait plus rien. Pis, son regard semblait éteint. Qu’était devenue la Karina d’autrefois ? Qu’était-il arrivé au garçon manqué qui ne ratait jamais une occasion de relever le moindre défi qu’il lui lançait ?