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_Je vous jure que c'est un lac, me dit Prévot.
_Vous êtes fou!
_A cette heure-ci, au crépuscule, cela peut-il être un mirage? [...] C'est à vingt minutes, je vais aller voir...
Cet entêtement m'irrite:
_Allez voir. [...] Mais s'il existe, votre lac, [...] il est au diable. Et par dessus tout, il n'existe pas!
Afficher en entierJ'étais un guerrier menacé: que m'importaient ces cristaux miroitants destinés aux fêtes du soir, ces abat-jour de lampes, ces livres. Déjà je baignais dans l'embrun, je mordais déjà, pilote de ligne, à la pulpe amère des nuits de vol.
Afficher en entierDans quel mince décor se jour ce vaste jeu des haines, des amitiés, des joies humaines ! D’où les hommes tirent-ils ce goût d’éternité, hasardés comme ils sont sur une lave encore tiède, et déjà menacés par les sables futures, menacés par les neiges ? Leurs civilisations ne sont que fragiles dorures : un volcan les efface, une mer nouvelle, un vent de sable.
Afficher en entierLes premiers astres tremblent comme dans une eau verte. Il faudra attendre longtemps encore pour qu'ils se changent en diamants durs. Il me faudra attendre longtemps encore pour assister aux jeux silencieux des étoiles filantes. Au cœur de certaines nuits, j'ai vu tant de flammèches courir qu'il me semblait que soufflait un grand vent parmi les étoiles.
Afficher en entierLe désert ? Il m'a été donné de l'aborder par le cœur.
Afficher en entierCette pesanteur me lie au sol quand tant d'étoiles sont aimantées.
Afficher en entier" Ce que j'ai fait, je le jure, jamais aucune bête ne l'aurait fait. " Cette phrase, la plus noble que je connaisse, cette phrase qui situe l'homme, qui l'honore, qui rétablis les hiérarchies vraies, me revenait à la mémoire. Tu t'endormais enfin, ta conscience était abolie, mais de ce corps démantelé, fripé, brûlé, elle allait renaître au réveil, et de nouveau la dominer. Le corps, alors, n'est plus qu'un bon outil, le corps n'est plus qu'un serviteur. Et, cet orgueil du bon outil, tu savait l'exprimer aussi, Guillaumet :
" Privé de nourriture, tu t'imagine bien qu'au troisième jour de marche... mon coeur, ça n'allait plus très fort... Eh bien! le long d'une pente verticale, sur laquelle je progressais, suspendu au-dessus du vide, creusant des trous pour loger mes points, voilà que mon coeur tombe en panne. Ça hésite, ça repart. Ça bat de travers. Je sens que s'il hésite une seconde de trop, je lâche. Je ne bouge plus et j'écoute en moi. Jamais, tu m'entends? Jamais en avion je ne me suis senti accroché d'aussi près à mon moteur, que je ne me suis senti, pendant ces quelques minutes-là, suspendu à mon coeur. Je lui disais: " Allons, un effort! Tâche de battre encore..." Mais c'était un coeur de bonne qualité! Il hésitait, puis repartait toujours... Si tu savais combien j'étais fier de ce coeur! "
Afficher en entierLa grandeur d'un métier est peut-être, avant tout, d'unir les hommes : il n'est qu'un luxe véritable, et c'est celui des relations humaines.
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Je ne comprends plus ces populations des trains de banlieues, ces hommes qui se croient des hommes, et qui cependant sont réduits, par une pression qu'ils ne sentent pas, comme les fourmis, à l'usage qui en est fait. De quoi remplissent-ils, quand ils sont libres, leurs absurdes petits dimanches ?
Afficher en entierTout au long de ce livre j'ai cité quelques-uns de ceux qui ont obéi, semble-t-il, à une vocation souveraine, qui ont choisi le désert ou la ligne, comme d'autres eussent choisi le monastère ; mais j'ai trahi mon but si j'ai paru vous engager à admirer d'abord les hommes. Ce qui est admirable d'abord, c'est le terrain qui les a fondés.
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