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Elle sait par atavisme sinon par expérience que l'autorité exclut la charité . Avec une froide sagesse , elle choisit de savourer son bonheur sans renoncer à sa rancune .
Afficher en entierEn vérité, les espions bénévoles qu'elle entretient à la cour l'ont déjà renseignée sur le contenu des lettres qui lui apporte la députation du Haut Conseil. Néanmoins, elle ne laisse rien paraître de ses intentions, lit sans sourciller la liste des renoncements que lui dictent les gardiens du régime et déclare consentir à tout
Afficher en entier[Élisabeth Ier] Jugeant qu’en travesti masculin elle surpasse toutes ses habituelles invitées, elle institue des bals masqués où, sur son ordre, les femmes paraissent en habits et culottes à la française et les hommes en jupes à panier. Fort jalouse de la beauté de ses congénères, elle ne tolère aucune concurrence en matière d’attifement et de parure. Ayant résolu de se montrer à un bal avec une rose dans les cheveux, elle remarque avec indignation que Mme Nathalie Lopoukhine, réputée pour ses succès dans le monde, en arbore elle aussi une, au sommet de sa coiffure. Une telle coïncidence ne peut être fortuite, décide Élisabeth. Elle voit là une atteinte flagrante à l’honneur impérial. Arrêtant l’orchestre au milieu d’un menuet, elle oblige Mme Lopoukhine à s’agenouiller, demande une paire de ciseaux, coupe rageusement la fleur incriminée en même temps que les mèches artistiquement frisées qui entourent la tige, gifle la malheureuse sur les deux joues, devant un groupe de courtisans médusés, fait un signe aux musiciens et retourne à la danse. A la fin du morceau, quelqu’un lui chuchote à l’oreille que Mme Lopoukhine s’est évanouie de honte. Haussant les épaules, la tsarine profère entre ses dents : « Elle n’a eu que ce qu’elle méritait, l’imbécile ! » Aussitôt après cette petite vengeance féminine, elle retrouve son habituelle sérénité, comme si c’était une autre qui avait agi à sa place.
Afficher en entierDe la première Catherine à la seconde, les mœurs ont évolué imperceptiblement. La robuste barbarie orientale se donne déjà, dans les salons, de faux airs de culture européenne.
Afficher en entier"Certes, en songeant à cette naissance prochaine, Elizabeth regrette qu'il s'agisse d'un bâtard, lequel, bien qu'héritier en titre de la couronne, n'aura plus une seule goutte du sang des Romanov. [...] Mais elle sait aussi que, même si on n'est pas dupe dans les chancelleries de ce tour de passe-passe, personne n'osera dire tout haut que le petit Paul Petrovitch est un bâtard et que le grand-duc Pierre (Pierre III) est le plus glorieux cocu de Russie."
Afficher en entier" Dans l'ordre de la succession dynastique, elle sera la cinquième après Catherine Ier, Anna Ivanovna, Anna Léopoldovna et Elizabeth Ier (Petrovna) à gravir les marches du trône. Qui donc a prétendu que la jupe entrave les mouvements naturels de la femme ? Jamais Catherine ne s'est sentie plus à l'aise ni plus sûr d'elle. Celles qui l'ont précédée dans cette charge majeure lui donnent du courage et une sorte de légitimité. C'est la tête et non le sexe qui est dorénavant le meilleur atout pour la prise du pouvoir. "
Afficher en entierLes nouveaux profiteurs de la manne impériale se partagent les dépouilles des vaincus .
Afficher en entierParmi les nations dites civilisées , les risques se résument à un blâme , à une destitution ou à une mise à la retraite d'office ; en Russie , patrie de la démesure , les coupables peuvent être condamnés à la ruine ,à l'exil , à la torture , voire à la mort .
Afficher en entierUn silence lugubre s'est abattu sur le palais d'Hiver. Alors que, d'habitude, la stupeur qui marque le décès d'un souverain est suivie d'une explosion de joie à la proclamation du nom de son successeur, cette fois les minutes passent et l'abattement, l'incertitude des courtisans se prolongent de façon alarmante. On dirait que Pierre le Grand n'en finit pas de mourir.
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